En réaction à la déclaration de Tidjane Thiam sur une prétendue réconciliation entre la Côte d’Ivoire et les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), Dr Jean-Baptiste Zongo, analyste politique Ivoiro-Burkinabè, n’a pas mâché ses mots. Dans une réponse cinglante, il dénonce une méconnaissance géopolitique et un populisme opportuniste.
La récente sortie de Tidjane Thiam, président du PDCI et futur candidat à la présidentielle ivoirienne de 2025, sur sa volonté de « réconcilier la Côte d’Ivoire avec les pays de l’AES » a suscité de vives réactions. Dans une tribune intitulée « Non, Monsieur Tidjane Thiam, la Côte d’Ivoire n’a aucun conflit avec les pays de l’AES. Pas besoin de vos leçons populistes », Dr Jean-Baptiste Zongo, analyste politique et citoyen Ivoiro-Burkinabè, fustige des propos qu’il qualifie de populistes et déconnectés des réalités sous-régionales.
Pour Dr Zongo, la déclaration de Tidjane Thiam traduit une méconnaissance des réalités géopolitiques de l’Afrique de l’Ouest. « La Côte d’Ivoire n’a aucun conflit à régler avec le Mali, le Burkina Faso ou le Niger. Ces pays, confrontés à leurs propres crises internes, n’ont jamais accusé la Côte d’Ivoire d’être à l’origine de leurs déboires », affirme-t-il. Bien au contraire, la Côte d’Ivoire se positionne comme un acteur de paix et de solidarité dans la sous-région.
Il rappelle que la Côte d’Ivoire accueille sur son territoire plus de 60 000 réfugiés maliens, burkinabés et nigériens, fuyant l’insécurité et les violences dans leurs pays. « Où est donc ce supposé conflit avec ces nations ? » interroge-t-il. Le rôle de la Côte d’Ivoire, selon lui, a toujours été d’apporter un soutien humanitaire et, à l’occasion, une assistance militaire, notamment au Burkina Faso.
Dr Zongo pointe également du doigt l’opportunisme de Tidjane Thiam. « Parler de réconciliation avec des régimes autocratiques, qui peinent à assurer la sécurité et le bien-être de leurs propres peuples, est non seulement futile mais aussi dangereux. Le vrai problème, ce n’est pas la Côte d’Ivoire, mais le divorce entre ces régimes putschistes et leurs populations. »
L’analyste conclut que la Côte d’Ivoire, sous la direction d’Alassane Ouattara, a démontré sa résilience et son engagement pour la paix et le développement. Pour lui, les discours populistes de Tidjane Thiam risquent de diviser davantage les Ivoiriens, au lieu de renforcer leur unité face aux défis régionaux. « Ce pays n’a pas besoin d’un redresseur de torts artificiel. Il lui faut des leaders enracinés dans ses réalités et engagés pour sa souveraineté. »
Dr Zongo invite Tidjane Thiam à recentrer son discours sur des solutions concrètes pour la Côte d’Ivoire, au lieu d’exploiter des antagonismes imaginaires pour des gains politiques. « Soyons sérieux et responsables. La Côte d’Ivoire mérite mieux que des slogans. »
Philippe Kouhon