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    Tout sur “Boya Goh festival” à Bangolo avec Gnéhi Dominique-Côte d’Ivoire

    Tout sur “Boya Goh festival” à Bangolo avec Gnéhi Dominique-Côte d’Ivoire
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 8 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    La ville de Bangolo (dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire) sera en fête du vendredi 10 au dimanche 12 novembre 2017, à l’occasion du Boya Goh Festival. À quelques jours de l’évènement, Gnéhi Dominique, le Commissaire Général, s’est confié à Afrikipresse.

     Comment pouvez-vous définir le “Boya Goh festival“ ?

    Le “Boya Gôh“ est un évènement culturel Wê (Wobé et Guéré, deux ethnies de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Ndlr). “Boya“ signifie la joie, et Goh, signifie évènement. Alors, de façon littérale, Boya Goh est un évènement heureux. Une cérémonie de réjouissance. C’est un festival où nous allons réunir toutes les valeurs culturelles du peuple Wê. Le Festival débute le vendredi 10 novembre, pour prendre fin le dimanche au petit matin du lundi 13 novembre 2017. C’est un peuple qui possède une diversité d’éléments culturels que nous allons valoriser durant ces trois jours. Nous voulons valoriser cette culture-là, afin que notre zone soit une destination touristique.
         
    Pourquoi avoir choisi la ville de Bangolo pour abriter cette première édition ?
         
    Le peuple Wê est un peuple qui est à cheval sur deux régions. Il y’a le Guémon et Cavally. Il fallait bien commencer quelque part. Bangolo est le chef-lieu d’un département de la région du Guémon. La deuxième édition aura lieu dans la région du Cavally. Nous allons désigner, le moment venu, le chef-lieu de Département qui abritera la deuxième édition qui aura lieu l’année prochaine. Mais, une chose est sûre, ce sera un Festival tournant. C’est pourquoi le thème de cette édition est  “Culture Wê, facteur de cohésion et de paix“. Cette année à Bangolo, le Festival se déroulera à la Place de paix. Il aura deux sites. Le village du Festival sera juste en face du foyer des jeunes. C’est là qu’il y’aura le podium géant, les maquis et les stands. C’est à cet endroit qu’aura lieu tout ce qu’on peut qualifier d’ambiance maquis. Le volet traditionnel du Festival, c’est-à-dire la prestation des masques que nous appelons les “Glas“ et autres danses, se fera dans le village Gouédji.  C’est un village qui est aujourd’hui phagocyté par l’urbanisation de la ville de Bangolo. Ainsi donc, les masques ne viendront pas sur la place publique. Nous voulons les garder dans leur originalité. Ils sont des éléments très importants dans notre culture. Alors, nous ne voulons pas les mélanger au volet modernise de l’évènement.
         
    Quels sont les masques choisis pour ce Festival ?

    Il y’aura les “Koui“, les “Dji“ et les “Glahé“. Ce sont les trois masques choisis pour ce Festival. “Dji“, en Wê, ce sont les hommes-panthères. Chez nos amis et alliés, les Sénoufos, on les appelle “Poro“.  C’est une classe d’initiés. On retrouve aussi les “Dji“ à Kouibly et à Fakobly. Il y aura aussi les “Glahé“.  Pour ce qui est des “Koui“, ce sont des masques qui appartiennent à une génération d’initiés, au-dessus des “Glahé“. Ce sont eux les gardiens de notre tradition. Eux, tout  le monde n’est pas autorisé à voir les “Koui“. Une femme non-ménopausée n’a pas le droit de les voir, auquel cas, elle ne pourra plus jamais enfanter. Du coup, ces masques-là ne sortent pas comme n’importe comment. Ils ne sortent que la nuit.  Quand le “Koui“ doit sortir, toute la localité est informée. Et, il est formellement interdit aux femmes de sortir ce soir-là.
         
    Pourquoi alors inviter un tel masque (Le Koui. Ndlr) à un Festival, alors qu’il y aura certainement des jeunes-filles, des enfants et des personnes qui ignorent toutes ces pratiques …

    Nous y avons pensé, justement. C’est pourquoi nous avons décidé que ces masques resteront dans une loge où ils seront séparés du public par un rideau. On n’entendra que leurs chants. Ce sont des masques dont les déplacements sont accompagnés de beaucoup de chants. Lorsqu’ils entonnent une mélodie, vous avez la chair de poule. Ils ont des textes très profonds. Mais, les femmes ne doivent pas les voir. Il est même interdit aux hommes non-initiés de les voir.
         
    Que va-t-il s’y passer d’autre ? Y aurait-il des concerts, des conférences …

    Nous prévoyons deux conférences. Ce sera une façon d’apprendre aux jeunes Wê leur histoire et leur tradition. La première conférence qui sera donnée par Rose Marie Guiraud, une pionnière de la culture de chez-nous. Il aura pour thème : “Connaissance de soi et des autres“.  Il rejoint le thème général qui est “Culture Wê, facteur de cohésion et de paix“. Marie Guiraud animera cette Conférence, juste après la cérémonie d’ouverture du Festival. Elle accompagnera la conférence d’une grande prestation. Le Professeur André Déazon sera le second conférencier. Et ce sera le dimanche 12 novembre. Il aura pour thème, “Peuple Wê, connais-toi toi-même pour connaître ta place“. C’est un thème très important pour nous et qui sera animé par une personnalité qui n’est plus à présenter. Il y aura plusieurs autres activités. Nous aurons un concours culinaire à travers lequel les festivaliers vont découvrir toute la gastronomie Wê. Les femmes vont s’inscrire et nous présenter ce qu’elles savent faire de mieux en cuisine. Il y aura le concours de la plus belle femme Wê. Sont concernées, les filles dont l’âge varie en 17 et 30 ans. Les festivaliers n’auront pas le temps de s’assoir. Parce qu’il y aura des concerts chaque soir, de 19h à l’aube. Seront en prestation, les stars de la musique Wê qui font la tradi-moderne. Un musique qui s’export aujourd’hui. Des artistes comme Claude Romi, Blé Marius, Sacré de sacré, Paulino de Ziéty, etc. Les artistes en herbe de la région presteront également. Il y aura également l’ambiance maquis. Ce sera un moment de chaude ambiance. Nous invitons donc toutes les filles et fils Wê à effectuer le déplacement à Bangolo pour apprendre en s’amusant. Beaucoup de choses se sont passées chez-nous. Mais, je pense que c’est le moment de donner dos à tout cela et aller de l’avant. Vous savez, nous avons assisté à plusieurs festivals dans beaucoup de régions du pays. Nous avons vu leurs contenus. Et c’est justement ce que nous voulons reproduire chez nous. Ce Festival n’appartient pas qu’à la ville de Bangolo, il appartient au peuple Wê dans son entièreté. C’est un peuple qui vit sur deux régions reparties en 8 départements. C’est pourquoi nous avons décidé de rendre ce Festival tournant, de sorte à ce que tout le peuple soit servi. Tous les Wê doivent se retrouver dans ce Festival.
         
    Sentez-vous le soutien des autorités traditionnelles et des cadres des deux régions à vos côtés ?

    Tout à fait ! On ne peut pas parler de culture en pays Wê sans l’implication des têtes couronnées et de nos ainés. Nous avons un soutien sans faille de la chefferie traditionnelle. Nous profitons d’ailleurs de l’occasion que vous nous offrez pour dire merci au président du Directoire des chefs coutumiers de la région du Guemon, Vléhi Vincent. Merci aussi au chef Doh Blanchard et au chef de Canton Zanyan, Tahi Bah. Merci également au chef de canton Zibiao, Goué Patrice. Ils sont au four et au moulin pour la réussite de cet évènement.  Ce sont eux qui sont en charge d’assurer le volet traditionnel de la chose. Ce sont eux qui connaissent les procédures pour inviter les masques. Ils nous sont d’une aide inestimable. Ils sont vraiment impliqués. À côté d’eux, il y a les élus. Au niveau de Bangolo, les deux députés que sont Tahi Thiéry (Bangolo commune) Doh Simon (député Bangolo Sous-préfecture) sont vraiment engagés à nos côtés dans cette organisation. Le Maire de la commune de Bangolo, Sah Evariste dont la commune reçoit cette première édition, est tout actif sur le terrain. Il fait des mains et pied pour que ce festival soit un succès retentissant. La Mutuelle des cadres de Kouiba est aussi prête à nous accompagner. Le député de Blolequin, Gnonsian Aimé, est également à nos côtés. Nous lui disons également merci.
         
    Combien de festivaliers attendez-vous ? La ville de Bangolo a-t-elle les capacités pour héberger un grand monde ?

    hôtels capables d’héberger ce monde-là. Nous avons ciblé quelques complexes hôteliers de ville, que nous avons déjà réservés . Même si d’aventure, ce chiffre était dépassée et que les hôtels étaient débordés à Bangolo, on a la ville de Duekoué qui est juste à 15 km. Ceux qui connaissent la région savent qu’il est facile de faire les aller et retour entre les deux villes. Donc, au niveau de l’hébergent, il n’y aura aucun problème.  Nous demandons juste aux enfants du Guémon et du Cavally, mais également à tous ceux qui cherchent une destination touristique où passer le week-end du 10 au 12 novembre 2017, de se rendre à Bangolo pour que Boya Goh festival.
         
    Entretien réalisé par Jean-Hubert Koffo

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