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    Tribune :  Situation politique en Guinée 

    Tribune :  Situation politique en Guinée 
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    La Rédaction
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    La Guinée a connu, le 5 septembre 2021, un coup d’Etat militaire mené par le Colonel Mamadi Doumbouya. Très vite, les militaires putschistes ont annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution du gouvernement et des institutions ainsi que la fermeture des frontières. La junte militaire au pouvoir prend le nom de Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD). Toutes les organisations internationales, – ONU, Union Européenne, Cédéao, Union Africaine -, condamneront cette passation forcée du pouvoir.

    Le Secrétaire général des Nations Unis, Antonio Guterres condamnera « avec la plus grande fermeté le renversement du gouvernement par la force des armes » et appellera « à la libération immédiate du président Alpha Condé ». La rue guinéenne et des partis politiques guinéens ont cru qu’il était possible d’accorder à la junte militaire le bénéfice du doute tout en demandant une transition paisible, le retour rapide à l’ordre constitutionnel et l’instauration démocratique. 

    Le double langage de la junte au pouvoir 

    Mais très vite, les Guinéens comprennent que les militaires au pouvoir tiennent un double langage : les putschistes, après avoir fait la promesse de céder la place à un régime civil d’ici la fin de l’année 2021, sont décidés à se maintenir au pouvoir. Les manifestations sont interdites et la répression s’accentue. De nombreux dirigeants de l’opposition sont arrêtés, torturés, et, sans jugement, jetés en prison, poussés à l’exil ou assassinés.

    L’ancien chef d’état-major des forces armées de Guinée et numéro 2 du CNDR, le général Sadiba Koulibaly, arrêté, torturé, est condamné à 5 ans de prison pour « désertion et détention illégale d’armes » par le tribunal militaire de Conakry. Il mourra en détention une semaine plus tard. Un an après sa disparition, le corps du colonel est remis à sa famille. On est sans nouvelles de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, deux dirigeants du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution), arrêtés le 9 juillet 2024 pour avoir demandé le retour des civils au pouvoir.

    La junte dément toute arrestation des deux militants. La ficelle est un peu grosse. Au bout de trois ans, les militaires sont toujours au pouvoir et le régime de Mamadi Doumbouya glisse inexorablement vers  une forme dictatoriale. 

    L’étrange mansuétude dont bénéficie la junte guinéenne 

     Le retour à un gouvernement civil est d’autant plus improbable que les sanctions de la Cédéao ont échoué et que les pressions de la communauté internationale sont sans effet. Il semble même que la Guinée bénéficie d’une certaine mansuétude de la part de la communauté internationale, notamment de la France qui vient d’être chassée du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

    Alors qu’elle a fermement condamné les 3 pays de l’AES, la France, pour conserver sa zone d’influence en Afrique, reste le principal soutien Doumbouya, Pour Paris, la démocratie et les Droits de l’Homme passent à la trappe, lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts en Afrique. Aujourd’hui, les autres pays prennent leurs distances avec les militaires guinéens au pouvoir. 

    Trois ans après, la transition militaire s’éternise

    La brève lune de miel qui a pu exister entre la junte au pouvoir et l’opposition et la société civile est aujourd’hui terminée. La transition militaire s’éternise, mêlant populisme et tyrannie, jouant sur la fibre exacerbée ethno-patriotique. Les putschistes guinéens veulent s’assimiler aux militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger et faire croire qu’ils sont légitimes à cause de la crise sécuritaire. Or, contrairement aux trois pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel), il n’existe pas de menace terroriste en Guinée et rien n’empêche le retour rapide à l’ordre constitutionnel après 3 ans d’une transition qui n’en finit pas et qui, pour gagner du temps, joue sur une révision constitutionnelle, la relecture du code électoral et le toilettage du fichier électoral.

    Un nouveau palier a été franchi avec les restrictions de la liberté de presse et la suppression des agréments et des fréquences des trois plus grands groupes de médias privés. A la place de la liberté de presse, les Guinées subissent propagande et censure. Force est de constater que le récit que délivre Mamadi Doumbouya, devenu général, s’écrit en lettres de sang. La répression des manifestations contre le régime est sanglante, on ne compte plus les morts. 

    L’ampleur de la répression contre le RPG 

    La liste est longue de celles et ceux qui sont victimes d’une répression aveugle. Le RPG, l’ancien parti présidentiel, est durement frappé. Le CDDA (Collectif de Défense de la Démocratie en Afrique) s’inquiète du sort qui est réservé à Moussa Mara, membre Bureau de la Jeunesse, détenu depuis un an ; Ramatoulaye kollon Diallo, membre du Bureau des Femmes de Siguiri, détenue depuis 3 mois ; Sadou Nimaga, ancien Secrétaire général, ministère des Mines, membre du BPN, kidnappé depuis trois semaines ; Bankalan Kaba, détenu un an et libéré sous caution depuis deux semaines.

    Quel sort sera aussi réservé aux anciens dignitaires détenus depuis Avril 2022 : Ibrahima Kassory Fofana,  ancien premier Ministre ; Amadou Damaro Camara , ancien Président de l’assemblée Nationale ; Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense ; Ibrahima Kourouma, ancien ministre de la Ville ; Oyé Guilavogui, ancien ministre ? Il faut ajouter la liste de tous les anciens ministres membres du RPG en procès. 

    Nous exigeons la libération immédiate de tous les prisonniers politiques de tout bord, injustement détenus. Le pays s’enfonce aujourd’hui dans la répression. Les autorités de transition invoquent des impératifs de sécurité nationale pour justifier cette répression. En réalité, les purges actuelles, notamment dans l’armée, et l’ampleur de la répression contre le PRG n’ont qu’un seul objectif : permettre à la junte de renforcer son contrôle sur le pays. 

    CDDA, Collectif de Défense de la Démocratie en Afrique 

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