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    Vaccination au Sahel : le frein des groupes armés terroristes

    Vaccination au Sahel : le frein des groupes armés terroristes
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    La vaccination au Sahel s’avère toujours aussi nécessaire. Problème, le contexte sécuritaire empêche les acteurs sanitaires de protéger les populations, augmentant le risque de maladie dans la zone.

    Destructions des infrastructures de santé, déplacements massifs de populations, pressions de groupes armés ou de certains pouvoirs en place, enlèvements d’infirmiers… En 2025, les campagnes de vaccinations dans la région du Sahel connaissent encore de grandes difficultés, malgré leur importance sanitaire cruciale.
    En effet, la couverture vaccinale doit permettre de prévenir des maladies évitables chez les individus vulnérables, comme la rougeole. Le mois dernier, une importante épidémie de cette maladie s’est d’ailleurs déclarée au centre du Mali. Pour rappel, le pays connaît une augmentation des cas depuis 2019. Chaque année, 40 % des districts sanitaires sur place enregistrent une épidémie.

    Selon le rapport Incidences ds conflits sur la vaccination dans la région du Sahel, de la BMJ Global Health en janvier 2025, un nombre significatif d’enfants n’avaient reçu aucune dose de vaccin dans plusieurs pays du Sahel, deux ans plus tôt. Ce, comme le Soudan (43 %), le Mali (22 %) ou encore le Tchad (16 %). Contre la rougeole, la couverture vaccinale reste inférieure à 90 % dans la majeure partie du Sahel. Les épidémies de poliomyélite, de fièvre jaune et de rougeole sont récurrentes et dévastatrices, soulignant l’urgence de la situation.

    La méfiance des acteurs sécuritaires envers la vaccination

    « D’abord, ils [les groupes djihadistes] ont catégoriquement refusé. Pour eux, les vaccins sont des vecteurs de maladies […] » témoigne le responsable d’une ONG malienne, au sujet de l’épidémie de février. De fait, les groupes armés contrôlent de vastes territoires, dont la traversée est dangereuse pour les agents de santé qui espèrent atteindre des communautés isolées. L’autorisation de vaccination passe ainsi par eux. Or, la plupart de ces groupes perçoivent les vaccins comme des instruments visant à nuire aux populations musulmanes. Ce rejet s’alimente par des théories du complot selon lesquelles cela servirait à stériliser les enfants ou à propager des virus.

    Tandis que certains s’opposent à la couverture vaccinale en raison de barrières religieuses, certains États rejettent l’appui sanitaire d’ONG occidentales. Problème, cette méfiance envers les ONG humanitaires est maintenue par les gouvernants au détriment de la souffrance de leurs populations respectives. De ce fait, en 2024, Médecins sans frontières (MSF) a dû stopper ses actions au Burkina Faso et au Mali. En février, c’est au tour de la Croix-Rouge de suspendre ses activités au Niger à la demande du pouvoir en place.

    Une inquiétante recrudescence

    Ces perturbations provoquent aujourd’hui la réémergence de maladies sur le long terme. De 2022 à 2023, les cas de rougeole au Tchad sont passés de 2 158 à presque 12 000, tandis que ceux de poliomyélite au Burkina Faso sont passés de 252 à 680. À ce jour, près de la moitié des enfants de la région seraient ainsi sous-immunisés, d’après le rapport de la BMJ Global Health. Pour améliorer la situation, investir dans le secteur pour atteindre les zones inaccessibles, tout en renforçant la coopération internationale pour stabiliser les infrastructures de santé s’avère primordial.

    Constantine NDOKO

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