Afrikipresse
Afrique

Ghana : Des réfugiés ivoiriens se disent victimes de «traitement inhumain» et dénoncent leurs difficultés de retour

Ghana : Des réfugiés ivoiriens se disent victimes de «traitement inhumain» et dénoncent leurs difficultés de retour
Publié le
Par
Dasse Claude
Lecture 6 minutes

Des réfugiés ivoiriens au Ghana se disent victimes de «traitement inhumain». Ils dénoncent également leurs difficultés à retourner en Côte d’Ivoire. 

Signé le 27 septembre 2022, par les responsables des camps de réfugiés d’Ampain, d’Egyekrom et de Fatenta, composés essentiellement d’Ivoiriens, c’est un rapport dont nous avons reçu copie qui en dit long sur la détresse de ces derniers. 

C’est un rapport adressé au Haut-Commissaire aux réfugiés avec ampliations à l’Ambassade du Canada au Ghana, à l’Union européenne, au Programme alimentaire mondial, au Pnud, à l’Union africaine (UA), à la  Cedeao, à l’Ambassade de la Côte d’Ivoire au Ghana, à l’Ambassade du Japon au Ghana, à la DAARA-CI (Direction d’Aide et Assistance aux Réfugiés et Apatrides) et au HCR-Côte d’Ivoire.

Dans ce document de plusieurs pages, il est mentionné qu’à l’annonce de la cessation du statut des réfugiés ivoiriens, des milliers de personnes se sont inscrites en vue de leur retour en Côte d’Ivoire. Malheureusement nombre d’entre elles sont jusque-là bloquées au Ghana, pour des raisons qu’ils disent ignorer. Ainsi, jusqu’à la date du 30 juillet 2022, ce sont plus de 1200 réfugiés ivoiriens régulièrement inscrits et présents qui sont encore laissés pour compte et qui ne savent pas quel sera leur avenir au Ghana.  

«Il faut préciser que ces réfugiés se sont inscrits sur la liste de départ auprès du bureau des réfugiés du Ghana (GRB) très bien avant la date de la fin de la cessation. Conscient du tort fait aux réfugiés Ivoiriens, le HCR-Ghana délègue une équipe dirigée par les points focaux dans les différents camps de réfugiés ivoiriens fin Août 2022 pour faire l’état de la situation des personnes restant à évacuer. Là encore, un grand nombre de réfugiés ivoiriens a été soit omis soit ignoré par leur différents services sans que des raisons ne soient données aux concernés. Et cela, d’après le HCR-Ghana à la demande de la Direction de Dakar sans en retour nous situer sur le programme des prochains départs. 

C’est donc l’occasion de souligner ici que les réfugiés demandeurs de retour en Côte d’Ivoire sont soumis à une véritable sélection voire, à un concours, car la procédure et la manière sont si difficiles à surmonter. Ce qu’il faut dire, c’est que les inscriptions ont été faites avant l’annonce de la date de la cessation.  À ceux-ci, il faut ajouter plus de mille (1000) personnes refusées à l’inscription pour le départ en Côte d’Ivoire au motif qu’elles ont été désactivées au dernier moment, c’est-à-dire à partir du mois de Février 2022. 

C’est le moment de rappeler que certains réfugiés bien que enregistrés dans les camps vivent dans les villages et villes alentours depuis 2011. À ceux-là, il faut ajouter un bon nombre qui a déserté les camps à partir de 2015, lorsque le Haut-Commissariat des Réfugiés (HCR) a arrêté de nous assister en vivres (nourritures). 

Devons-nous en vouloir donc à ces personnes qui ont besoin de survivre surtout quand on s’appelle humanitaire (…) Nous ne comprenons donc pas encore, pourquoi c’est au moment où il est demandé à tous les réfugiés ivoiriens de rentrer en Côte d’Ivoire et que tous sont mobilisés,  abandonnant leur différente position, que de nombreux réfugiés Ivoiriens en possession de leurs documents sont refoulés », s’interrogent-ils.

«Nous voulons décrier cette injustice et le traitement inhumain »

Bassé Patrice, Oulassié Frie Genevois et Diby Mathieu, respectivement président des camps d’Ampain, d’Egyekrom et de Fatente d’indiquer qu’ils viennent à travers ce rapport «décrier cette injustice et le traitement inhumain infligé particulièrement aux réfugiés ivoiriens vivant au Ghana car les traitements de nos compatriotes ailleurs ne sont pas pareils »

Avant de dénoncer «l’inorganisation et le manque de professionnalisme de certains agents du HCR et GRB (Ghana Refugee Board) ». Parce que, insistent-ils, «le nombre de réfugiés qu’ils ont déclaré selon leur propre dire ne correspond pas au nombre de réfugiés ivoiriens sur le terrain. Cela s’explique simplement par le faite qu’ils (HCR et GRB) n’ont pas pris le temps d’enregistrer les enfants nés depuis 4 ans jusqu’à ce jour et c’est lors de l’inscription des parents pour le retour en Côte d’Ivoire qu’ils sont obligés d’ajouter les enfants. Ce qui nous a paru difficile à surmonter. Aussi, pour ces retards, le HCR-Ghana et GRB nous ont informé que c’est la Côte d’Ivoire notre pays qui n’a pas créer ou refuse de faciliter notre retour. En effet, estiment-ils qu’en imposant le nombre de 180 personnes par voyage, il est évident que les voyages de retour en Côte d’Ivoire des refugiés Ivoiriens excèdent la date butoir du 30 juillet 2022».

Autre morceau choisi : «À la suite des refugiés Ivoiriens enregistrés en 2011, s’est ajoutée une autre vague venue en 2020 à la suite des violences électorales en Côte d’Ivoire. Ceux-là s’estiment à 700 personnes. En effet, depuis leur arrivée, le GRB (Ghana Refugee Board) a construit des tentes pour les abriter sans jamais leur donner de quoi se nourrir. Et comme personne ne peut subsister sans manger, eux aussi se sont engagés dans les mines et chantiers de construction partout dans le Ghana comme ceux de 2011 pour trouver de quoi survivre. Après six (6) mois le HCR et GRB leur (les nouveaux arrivants de 2020) ont ordonné de retourner en Côte d’Ivoire sans tenir compte de ce qui les a fait fuir de leur pays la Côte d’Ivoire. Certains d’entre ces demandeurs d’asile qui s’estiment en insécurité en Côte d’ Ivoire sont encore là dans les camps au Ghana sans statut et livrés à eux-mêmes ».

Enfin, les présidents des trois camps de réfugiés de faire les recommandations avec en premier, l’envoi d’une mission «indépendante» afin de s’imprégner de la réalité des faits.  «C’est pourquoi, nous, responsables de réfugiés des camps du Ghana, avons déjà saisi le HCR-Ghana et le GRB par courrier en début du mois d’Août 2022 pour faciliter le retour de tous les réfugiés sans jusque-là avoir une réponse appropriée. Nous dénonçons ici leur complicité dans la gestion de la question car la quasi-totalité des agents du HCR-Ghana sont des nationaux ghanéens et s’entendent biens pour faire souffrir les réfugiés Ivoiriens. Nous vous demandons d’informer l’Etat de Côte d’Ivoire qu’il existe encore un bon nombre de ses ressortissants qui sont toujours au Ghana et qui doivent rentrer (…)», plaident-ils.

Claude Dassé

Réagir à l'article

Publiés récemment

Chronique du lundi – après la COP 28 et avant la COP 29, les pays africains doivent-ils renoncer à la manne des énergies fossiles ?

Chronique du lundi – après la COP 28 et avant la COP 29, les pays africains doivent-ils renoncer à la manne des énergies fossiles ?


Phase 2 du programme jeunesse du gouvernement : 200 jeunes à former et 1000 autres à insérer dans le secteur des transports

Phase 2 du programme jeunesse du gouvernement : 200 jeunes à former et 1000 autres à insérer dans le secteur des transports


JO Paris, quelles chances de médaille pour la Côte d’Ivoire : interview avec le Président Comité national olympique N’Goan Georges

JO Paris, quelles chances de médaille pour la Côte d’Ivoire : interview avec le Président Comité national olympique N’Goan Georges


Révision de la liste électorale à Bouaké : l’appui d’Amadou Koné aux secrétaires départementaux du RHDP 

Révision de la liste électorale à Bouaké : l’appui d’Amadou Koné aux secrétaires départementaux du RHDP 


Hommage au président Ouattara à Bouaké : Amadou Koné annonce 80.000 personnes au stade de la paix

Hommage au président Ouattara à Bouaké : Amadou Koné annonce 80.000 personnes au stade de la paix


Présidentielle 2025 : Amadou Koné mobilise Bouaké pour Ouattara 

Présidentielle 2025 : Amadou Koné mobilise Bouaké pour Ouattara 



À lire aussi