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Hommage à Houphouët : Ouattara se sent seul, sent un vide, a froid (Ahoussou)

Hommage à Houphouët : Ouattara se sent seul, sent un vide, a froid (Ahoussou)
Publié le
Par
Charles Kouassi
Lecture 5 minutes

Dans le cadre d’une série d’hommages à feu Félix Houphouët-Boigny, décédé le 7 décembre 1993, le Président Ivoirien, Alassane Ouattara a échangé avec la chefferie traditionnelle baoulé le vendredi 6 décembre 2019, à la place Bélier, dans la résidence présidentielle à Yamoussoukro.

Les organisateurs attendaient 2000 chefs. 3000 se sont présentés, pour cette troisième rencontre entre le chef de l’État ivoirien et toute la chefferie baoulé, après 2010 lors du 2eme tour de l’élection présidentielle où il fut baptisé « Allah Gnissan », chef suprême en pays baoulé, puis en 2015, en vue de commémorer la mémoire du premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouêt-Boigny, décédé il y a 26 ans.

«Dans tout le travail qui a été fait, je regrette de n’avoir pas transféré la capitale à Yamoussoukro(…) Nous ferons en sorte que le transfert soit effectif, dans les années à venir » , a dit le chef de l’État, après avoir tout de même rappelé ce qu’il a fait pour la zone.

[ Ce que Ouattara a dit aux parents de Bédié ]

« Il est très difficile de faire confiance à des gens qui n’ont pas été avec vous pendant 30 ans. Houphouët me disait qu’après lui, il faut que ce soit une équipe qui gouverne la Côte d’Ivoire. Le RHDP comprend tous les enfants du président Houphouët. Il faut qu’ils soient ensemble maintenant et pour toujours. Car c’est ensemble que nous l’avons créé en 2005. C’est aussi ensemble que nous devons commémorer la mémoire de notre père à tous (…) Tous les enfants d’Houphouët-Boigny doivent se retrouver dans le Rhdp. (…) On ne peut pas comprendre que certains veuillent s’allier à des gens qui ont mené la vie dure à Houphouët-Boigny. Je suis bien placé pour le savoir », a poursuivi Alassane Ouattara, faisant allusion au PDCI de Bédié qui a décidé de quitter le RHDP pour s’allier au FPI de Gbagbo Laurent.

Concernant ses rapports devenus difficiles avec Henri Konan Bédié, le Président a dit sans citer le nom de l’ex chef de l’État : « Je n’ai aucun problème avec mon aîné (Henri Konan Bédié.Ndlr). C’est mon aîné. Je lui voue un grand respect, conformément à nos traditions »

Relativement aux prochaines élections en Côte d’Ivoire, il a rassuré à nouveau : « Les Hommes politiques qui comptent sur l’armée pour instaurer une transition en Côte d’Ivoire, perdent leur temps. Il n’y aura pas de transition politique en Côte d’Ivoire. Les élections de 2020 seront transparentes et démocratiques. Il n’y aura pas d’exclusion (…) Vous m’avez fait confiant en me portant à la tête du pays en 2010. J’ai souhaité cette rencontre pour vous féliciter et vous dire merci pour être venus aussi massivement à cette rencontre (…) Vous m’avez confié une mission que je suis en train d’exécuter . Et j’espère que vous êtes satisfaits de ce que je fais. Enfin, je m’engage à poursuivre l’œuvre de paix et de développement chère au président Félix Houphouêt-Boigny, et comme lui je continuerai d’être le Président de tous les Ivoiriens ».

[ Ce que les chefs baoulés ont dit à Ouattara ]

« Ici, en ce même lieu, avec le président Bédié et son jeune Frère, Alassane Ouattara, nous avons signé un pacte. Nous avons confié la Côte d’Ivoire entre les mains du Président Alassane Ouattara. Ensemble vous avez cultivé la terre pour planter l’igname. L’Igname est en train de murir. Ensuite, l’un d’entre vous décide de ne plus continuer. Est-ce que vous acceptez ce fait, chers chefs ? Je vous prie de laisser l’igname se développer, grandir. Aujourd’hui, nous sommes chez le Président Félix Houphouët-Boigny. Il a accepté tout le monde. Il a confié la Côte d’Ivoire à ses deux enfants (Ndlr,Ouattara et Bédié). Nous voyons un. Nous ne voyons pas l’autre. Nous vous demandons pardon. Soyons ensemble. Allons vers notre Père Bédié, parlons-lui. Le champ que nous avons cultivé ensemble porte des fruits et nous entendons dire qu’il faut couper les branches de l’arbre. Je vous prie, ne coupons pas les branches de l’arbre », a plaidé Nanan N’Goran Koffi II, chef du canton Fafoué à Bouaké.

Au nom de la reine mère Akoua Boni II, le chef N’Gokro, Nanan Yao Kouakou a dit :

«(…) Dites au président de la République, Allah Gnissan que tous les chefs rassemblés me chargent de lui dire, qu’ils sont tous avec lui. Les chefs qui étaient présents lors de campagne présidentielle en 2010 sont toujours là. Ils ont leur main sur lui. Qu’il soit rassuré, qu’il n’ait pas peur. Qu’il ne pense pas que les Baoulésl’ont lâché, l’ont laissé. Nous sommes avec lui, aujourd’hui et demain. Le président Bédié nous l’a confié et nous ne pouvons pas le laisser tomber. Qu’il pas peur. Nous sommes avec lui »

[ Ahoussou au nom de Ouattara : « Il se sent seul. Il sent un vide, il a froid » ]

Après les échanges avec la chefferie, il est revenu au président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio, de prendre la parole :

« Je parle au nom du Président de la République. Vous avez dit de bonnes choses. Vous avez demandé la permission au Président de la République pour aller parler au Président Bédié. Le Président Alassane Ouattara a compris votre message. Il vous autorise à aller rencontrer notre Père Bédié et à le ramener à la maison. Il est venu ici vous rencontrer avec son aîné, le Président Henri Konan Bédié. Le Président de la République, Alassane Ouattara assis en ce jour à la Résidence du Président Félix Houphouët- Boigny se sent seul. Il sent un vide, il a froid. Il veut que tous les enfants, les petits-enfants de Félix Houphouët- Boigny soient ensemble ; qu’ils demeurent dans la même maison ».

A la fin de la cérémonie, Alassane Ouattara a offert 50 millions aux chefs présents et une voiture à l’artiste Allah Thérèse.


Philippe Kouhon,
envoyé spécial à Yamoussoukro

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