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Libye : Haftar parviendra-t-il à réunifier le pays ?

Libye : Haftar parviendra-t-il à réunifier le pays ?
Publié le
Par
Charles Kouassi
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À la tête de l’Armée nationale libyenne (ANL), le maréchal Khalifa Haftar a annoncé la libération de Derna, dernière ville de l’est encore sous l’emprise des islamistes radicaux. Bénéficiant d’importants soutiens extérieurs dont celui de la France, cette reconquête du Croissant pétrolier par l’ANL aspire à être une étape vers la stabilisation politique et la tenue d’élections en décembre prochain.

Dernier bastion des islamistes radicaux, Derna, ville côtière à 1 000 km à l’est de Tripoli, a été reprise par l’Armée nationale libyenne (ANL), a annoncé à la télévision nationale le maréchal Khalifa Haftar jeudi 28 juin. Le De Gaulle libyen avait été nommé en 2015 commandant en chef de l’Armée libyenne rattachée au gouvernement reconnu par la communauté internationale. S’il a un temps servi comme général sous le régime de Kadhafi, Khalifa Haftar a ensuite rejoint le soulèvement contre lui en 2011. Il avait alors fusionné les forces qui l’entouraient avec l’armée légale en vue de combattre les milices islamistes qui rongeaient le pays. Cette campagne militaire appelée « Karama » fêtait son quatrième printemps cette année.

Si les milices sont plus affaiblies aujourd’hui, la lutte se poursuit. L’offensive lancée le 7 mai, par les troupes de l’homme fort de la Libye orientale ont permis de récupérer l’ancienne place forte historique des milices islamistes et jihadistes, hostiles au groupe État islamique mais soutenues par al-Qaïda. Cette avancée majeure fait suite à la publication d’une vidéo diffusée le 25 juin par l’ANL, qui revendiquait le « contrôle total » du Croissant pétrolier.

Dans cette zone stratégique d’où part plus de la moitié des exportations nationales de brut, l’éclatement de la guerre civile en 2014 a vu Ibrahim Jadhran, ancien chef de la garde des installations pétrolières, s’installer par la force. Après avoir bloqué l’accès des raffineries pendant deux ans, ce dernier avait été chassé une première fois par Khalifa Haftar en septembre 2016. Le 14 juin, les hommes d’Ibrahim Jadhran ont de nouveau attaqué les deux principaux terminaux de Ras Lanouf et d’al-Sedra, avant d’être encore mis dehors par l’ANL une semaine plus tard. Peu après la reprise des sites de production, la compagnie nationale de pétrole (NOC) a déploré la destruction de deux de ses réservoirs. Sans préciser de date, la NOC a toutefois évoqué une possible reprise des exportations, après avoir vu son activité réduite de plus de moitié avant l’intervention de Khalifa Haftar (450 000 barils par jour contre plus d’un million début juin).

Haftar en pôle-position en vue de l’hypothétique scrutin présidentiel du 10 décembre

À la tête de cette nouvelle offensive victorieuse de l’ANL, baptisée « Invasion sainte », le maréchal Haftar a pu compter sur le soutien logistique des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de la France au titre de sa lutte contre le terrorisme. Le gouvernement français a ainsi mis à sa disposition un avion de surveillance et de reconnaissance spécialisé dans l’interception et la localisation de téléphones portables. Après avoir conquis l’an dernier la majeure partie de Benghazi, la deuxième ville du pays, le leader de l’est libyen « consolide », à travers ses derniers succès militaires, « sa stature d’homme d’État ayant unifié le pays », note Frédéric Bobin, correspondant du Monde dans la région.

Lors d’une réunion de sortie de crise organisée fin mai à Paris, les principaux protagonistes du pouvoir libyen, dont le maréchal Haftar, ont acté la tenue d’élections présidentielles et législatives le 10 décembre 2018 afin de clarifier le flou qui règne sur la situation politique dans le pays. Parallèlement au gouvernement officiel d’union nationale de Tripoli, installé temporairement par la communauté internationale avec à sa tête Fayez el-Sarraj, deux autres structures exercent leur pouvoir indépendamment de la capitale libyenne : celui de Khalifa Haftar à Benghazi et d’Aguila Salah Issa à Tobrouk. La fin des opérations militaires dans l’est du pays, le soutien des puissances extérieures et le rebond économique espéré avec la reprise des exportations dans le Croissant pétrolier placent le maréchal libyen dans une situation plus que favorable, en vue des prochains enjeux électoraux. Suffiront-ils à le porter en tête des suffrages dans cinq mois ?

Djibril SAMBA

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