« Je charge la vie de nombreux congolais avec ma boîte qui permet de charger les batteries de téléphones. Quand on est habitué à son téléphone, lorsqu’il est déchargé, on est déconnecté de la vie, du monde », dit Pierre, devant sa petite entreprise de charge batteries.
L’invention est simple, mais il fallait y penser : une sorte de caisse en bois avec des prises électriques, le tout relié à un moteur à gasoil ou à essence. Originaire de la République du Congo, Pierre gagne sa vie avec cette
petite entreprise installée dans une banlieue de Brazzaville. Tout le quartier se rue chez lui pour déposer les batteries avec des tarifs, pour une charge, de 75 FCFA soit (0.1 ct) ou 100 FCFA soit (0.15ct).
Pierre explique : « j’ai deux charges de batteries. Une à Batignolles (NDLR un des quartiers chic de Brazzaville) où je fais la charge batterie à 100 frs CFA. Si j’ai 15 batteries à charger, j’ai 1500 FCFA soit environ 2.2 euros. Mais, ici, à Mfilou (une banlieue), je facture 75 FCFA. Je gagne parfois 1000 FCFA par jour, soit environ 1.5 euro (…).. Cela me fait plaisir. Je charge la vie de nombreux congolais…. ».
L’offre de Pierre représente une alternative en cas de coupure d’électricité : « Ah, ça, il faut le dire, avec les délestages que connaissent certains quartiers de Brazzaville, il m’arrive que je sois surchargé, et que je n’ai plus de place pour mettre les batteries.. »
Maman Colette est l’une des clientes de Pierre : « Quand je charge ma batterie ici, je suis tranquille, je vais vendre au marché, mon téléphone ne s’éteint pas et je peux appeler mes enfants restés à la maison sans problème (…) sa caisse de charge batterie charge très
bien les batteries, ailleurs parfois on craint les pertes, mais avec lui on a confiance, il n’y a plus des échanges des batteries.… ».
Malgré le bruit et la fumée que produit son moteur à essence ou à gasoil, Pierre, à l’instar de nombreux jeunes congolais, se plaît dans ce qu’il appelle lui-même, avec le sourire, son business ou « cope ». Il a l’esprit entrepreneurial et l’intelligence de la rue, propre à de nombreux jeunes Africains.
On est ici dans une logique où chacun crée son propre emploi. Pierre représente bien ces jeunes Africains qui fourmillent d’idée pour assurer leur vie ou leur survie. Une chose est certaine : cette Afrique-là n’a pas peur de travailler et elle sait inventer.
Fresnel BONGOL TSIMBA