Suite à la situation des migrants ivoiriens en Tunisie, les 6800 Ivoiriens recensés et identifiés au Maroc ont peur selon Elvis Djédjé.
Membre de la Diaspora ivoirienne du Maroc (DIMA) et président de l’Association des ivoiriens résidents de Rabat, Elvis Djédjé a joint notre rédaction le vendredi 10 mars 2023 pour partager la crainte des 6800 ivoiriens résidant au Maroc. Gestionnaire en mutuelle santé et chef d’entreprise, il fait également des propositions aux autorités ivoiriennes.
Vous avez décidé d’exprimer la préoccupation des Ivoiriens résidents au Maroc. Quand est-il exactement ?
Après nos investigations sur le nombre officiel d’Ivoiriens au Maroc, nous avoisinons les 6800, toutes catégories confondues : c’est-à-dire, les migrants, les travailleurs et les étudiants. Notre souhait aujourd’hui est d’organiser une campagne d’identification générale et de solliciter l’État en l’occurrence, le ministère de la Jeunesse, pour mettre à notre disposition la possibilité de postuler pour le PS (Programme Social) gouvernement de 260 milliards FCFA dont a parlé le Président de la république, pour la jeunesse. Le plus urgent, c’est le programme d’identification générale, pour nous éviter ce qui est arrivé en Tunisie parce que l’opinion marocaine se sent aussi acculée et elle parle.
Sur le sujet, qu’attendez-vous concrètement du gouvernement ivoirien?
Nous demandons au ministère des Ivoiriens de la diaspora, en collaboration avec l’ambassade de Côte d’Ivoire au Maroc d’appuyer l’organisation communautaire ivoirienne au Maroc pour une grande campagne d’identification des Ivoiriens dans le but de travailler pour leur réelle intégration. Car sans permis de séjour, on ne peut pas parler d’intégration or, les ivoiriens pullulent dans toutes les villes du Maroc sans permis de séjour. Cette campagne nous permettra de prévenir ce qui s’est passé en Tunisie puis nous permettra de toucher du doigt la raison de leur départ massif du pays. Et aidera à travers cette campagne, à faciliter le retour de ceux qui souhaiteraient rentrer mais qui ne savent pas comment faire.
Sur les 6800 Ivoiriens enregistrés, combien, selon vous auraient une carte de séjour ?
Nous avons au maximum, 1250 Ivoiriens sur l’ensemble du pays. Soit, 19% d’Ivoiriens qui sont en situation régulière au Maroc. Regardez l’écart, c’est ce qui nous inquiète. Lorsque le gouvernement marocain voudra prendre ses responsabilités de contrôle d’identité, les Ivoiriens seront touchés. Surtout qu’ici au Maroc, les rafles et les contrôles de police sont de plus en plus fréquents. Bon nombre d’Ivoiriens nous contactent d’ailleurs afin de plaider pour leur cas. Le roi du Maroc avait lancé une régularisation gratuite en 2014 et 40000 subsahariens ont été pris en charge. Et sur ce quota beaucoup d’Ivoiriens n’ont pu renouveler leur permis de séjour et sont aujourd’hui dans l’irrégularité. Si nous avions donc ce fichier, nous saurions le nombre de nos compatriotes qui travaillent et souhaitent vivre ici. Nous pourrions écrire au ministère de l’Intérieur pour plaider en faveur d’un assouplissement des conditions d’obtention du permis de séjour.
Aujourd’hui, après ce qui se passe en Tunisie, quel est le sentiment qui prédomine au sein de la communauté ivoirienne au Maroc ?
Au regard du nombre officiel d’étrangers en séjour irrégulier qui s’élève entre 35000 et 40000 d’après le ministère de l’intérieur marocain, un sentiment de peur et de crainte d’être interpellé à tout moment pour contrôle s’est installé au sein de notre communauté parce que bon nombre d’entre nous sont dans cette situation d’irrégularité. Pour nous éviter ces craintes, nous souhaitons inviter officiellement nos compatriotes à se faire identifier et immatriculer par le pays via son ministère et plaider auprès des autorités marocaines pour faciliter l’octroi du permis de séjour pour ceux qui souhaitent s’intégrer ici.
Claude Dassé
