Titulaire d’un Brevet de pilote privé d’avion et d’un Brevet de préparation militaire, M. Sinaly Silué est à la tête de l’autorité nationale de l’aviation civile (ANAC) depuis juin 2011. En tant que responsable au plus haut niveau de la chaîne de sécurité et la sureté, il a mené des réformes qui ont permis à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan d’obtenir la certification de transportation security administration (TSA) américain après avoir rempli toutes les conditions requises par l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Alors qu’il est du témoignage de beaucoup de spécialistes d’aviation et du domaine de la sureté et sécurité aéroportuaire que l’aéroport international d’Abidjan est l’un des plus sûrs du continent, le 8 janvier 2020, le jeune Ani Guibahi Laurent Barthélémy (14 ans) va défier toutes les mesures de sécurité et de sureté pour se retrouver dans le train d’atterrissage du vol AF 703 de la compagnie Air France à l’aéroport de Roissy Charles De Gaule en France, en provenance d’Abidjan. Une situation que déplore M. Sinaly, qu’il ne considère pas comme étant une fatalité mais plutôt une épreuve de plus en vue d’améliorer le système sécuritaire aéroportuaire.
Dans cette troisième partie de notre entretien, il nous explique les différentes articulations de la chaîne de commandement d’un aéroport.
« L’aviation est constituée de :
- Opérateurs (les compagnies aériennes) ;
- Gestionnaire qui gère donc l’aéroport si l’avion doit se poser ;
- Une entité chargée de l’assistance en escale ;
- Une entité chargée du suivi en l’air des avions.
En Côte d’ivoire, l’aéroport en tant qu’infrastructure est géré, entretenu par un concessionnaire. C’est un service public que l’État a cédé à AERIA. Les redevances à l’aéroport perçu par AERIA sont investies pour l’entretien des infrastructures.
L’assistance escale a été concédée par l’État à NAS Ivoire, qui le fait pour le compte de l’État toujours et perçoit des redevances pour la bonne exécution de ses missions. Vous avez l’ASECNA qui contrôle donc l’espace aérien. Ça, ce sont les trois grandes entités. À côté, il y a une entité chargée de la restauration appelée SERVAIR, une autre chargée de la sûreté aéroportuaire AVISECURE.
Enfin, dans l’aviation, tout est normé. L’ANAC, c’est le régulateur de tout le système de l’aviation civile.
L’autorité Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) est une autorité administrative indépendante chargée d’assurer pour le compte de l’Etat les missions de réglementation, de surveillance et de supervision de la sécurité et de la sûreté de l’aviation civile ainsi que les missions de régulation économique et de protection de l’environnement qui en découlent.
Elle veille à la mise en œuvre de la politique de l’Etat en matière de transport aérien. Elle dispose d’inspecteurs assermentés qui, sous l’autorité du Directeur Général, veillent à ce que les activités d’aviation civile soient conduites selon les dispositions législatives et réglementaires applicables qui sont conformes aux recommandations et normes édictées par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI).
Ces inspecteurs de l’ANAC accèdent en cas de besoin, sans limite et restriction, aux aéronefs, installations et documents aéronautiques. Les réalisations les plus significatives de l’ANAC sont :
– L’agrément TSA de l’aéroport Felix Houphouët Boigny d’Abidjan en 2015 (appelé communément certification) qui autorise les vols directs vers les Etats Unis d’Amérique à partir d’Abidjan. Cet agrément était recherché par la Côte d’Ivoire depuis plus d’une vingtaine d’années ;
– La certification de l’aéroport Felix Houphouët Boigny d’Abidjan aux normes de l’OACI ;
– La certification d’Air Côte d’Ivoire avec un référentiel entièrement revu qui a permis l’obtention par la compagnie du certificat IOSA.
Il a fallu pour cela :
– Recruter, former et motiver un personnel compétant dans tous les secteurs d’activité,
– Associer à cette démarche toutes les entités aéronautiques et établir avec elles des relations professionnelles productives ;
– Rétablir le leadership nécessaire à l’exercice d’une autorité réelle sur le secteur ;
– Mettre en place une base règlementaire complète constituée de 12 décrets, 19 arrêtés ministériels, 189 règlements et procédures soit un total de 220 textes ;
– Faire ratifier huit conventions et protocoles internationaux dont certains étaient en souffrance depuis vingt ans, ce qui a rendu notre pays fréquentable en matière de coopération aéronautique ;
– Assainir l’accès aux installations de l’aéroport par une application rigoureuse des règles établies notamment en ce qui concerne les titres d’accès.
Ces efforts valent à l’ANAC un respect des pairs et des institutions aéronautiques régionales pour les progrès accomplis.
L’ANAC a obtenu en 2017 le prix de la deuxième administration la plus moderne de Côte d’Ivoire. » nous a raconté M. Sinaly Silué, DG de l’autorité nationale de l’aviation civile (ANAC).
Philippe Kouhon avec KN
