Les assises nationales devant désigner le nouveau président de la transition au Burkina Faso s’ouvrent ce vendredi 14 octobre 2022.
Mais déjà ici à Ouaga, à quelques heures de l’ouverture de celles-ci, toutes les attentions sont tournées vers l’homme qui conduira cette transition.
Un civil ou un militaire à la tête du pays, voici quelques éléments de réponse pour comprendre comment les Burkinabè tentent de s’en sortir face à ce choix crucial et historique, quelques jours après la démission du Lieutenant-Colonel Paul Damiba, renversé du pouvoir par une unité d’élite de l’armée conduite par le Capitaine Ibrahim Traoré.
Celui-ci, dont le visage est apparu au soir du 30 septembre 2022 sur les écrans de la télévision nationale, la RTB, est bien parti pour diriger cette transition au Burkina Faso.
D’abord, le travail des forces vives chargées de désigner, le samedi 15 octobre 2022, le nouveau chef de l’Etat est facilité par une adhésion populaire de la jeunesse burkinabè à la cause du Capitaine Ibrahim Traoré.
Dans presque les 45 provinces du pays, la mobilisation des jeunes est totale en faveur du jeune capitaine de 34 ans.
La jeunesse qui a réussi « son insurrection » le 30 septembre dernier, ne veut pas entendre parler d’une autre personne à part « Capitaine IB », comme elle l’appelle affectueusement.
Pour ces jeunes qui ont décidé de manifester dans toutes les villes du Burkina Faso, jusqu’au 15 octobre 2022, il faut qu’au sortir de ces assises nationales , leur champion soit désigné Président de la transition.
Ensuite, il y’a le soutien des militaires et des membres du MPSR dont l’état-major, à l’endroit du capitaine Ibrahim Traoré.
En effet dans une vidéo diffusée sur les antennes de la RTB, le 2 octobre 2022, ceux-ci ont clairement indiqué qu’ils restaient unis derrière le nouvel homme fort du Burkina Faso. Ils ont dit qu’il lui confiait la charge de la continuité de l’État. Un message fort, selon plusieurs observateurs, qui estiment que pour la stabilité et le retour de la sécurité au Burkina Faso il faut un militaire à la tête du pays. «Cela est donc un choix qui devait s’imposer », confie un journaliste burkinabè spécialisé dans les questions de défense.
Il y’a aussi, la position des chefs religieux et coutumiers qui ont réussi à arracher la démission de Paul Damiba afin d’éviter un affrontement sanglant entre militaires pendant la prise du pouvoir par l’unité d’élite de l’armée burkinabè, les Cobras.
Ce sont donc ces chefs religieux et coutumiers qui ont pu avoir le dénouement de cette crise et qui ont permis d’éviter le bain de sang. Ça, c’est la caution morale dont jouit le capitaine Ibrahim Traoré.
Mais une autre force, la plus forte d’ailleurs, qui a apporté, en sourdine, sa caution morale au capitaine Traoré, est la communauté musulmane sunnite.
Sans agir à visage découvert, elle manœuvre dans l’ombre pour que Ibrahim Traoré soit au commande de la transition. Car il faut souligner, c’est la première fois depuis au moins 40 ans, qu’un chef de l’État burkinabè, est issu de la communauté musulmane.
Ces assises nationales placées sous la direction du colonel-major Célestin Simporé. ancien chef d’état-major adjoint de l’armée, devront en principe désigner Ibrahim Traoré, comme le Président de la transition au Burkina Faso.
Le capitaine Ibrahim Traoré n’a donc plus d’autres choix que d’accepter de prendre la tête du pays durant cette période de transition de plusieurs mois qui s’ouvre au Burkina Faso.
Joël Touré, envoyé spécial à Ouaga.