Le centre d’accueil pour enfants en détresse de Soubre, route de Yabayo ( sud-ouest ) à été inauguré en juin 2018 par la première Dame Dominique Ouattara, présidente de la fondation children of africa, donatrice.
De son objectif premier de prise en charge en toute sécurité des enfants victimes de traite et d’exploitation, une fois arrachés aux mains des trafiquants, le centre reçoit finalement toutes les vulnérabilités. A savoir les enfants orphelins, maltraités, abandonnés ect. Comment se fait leur admission ? Quelles prises en charge reçoivent-ils et quel avenir pour les gamins après le centre ?
Profitant de notre séjour dans le cadre de l’opération Nawa 2, les 6 et 7 mai 2021 en vue de traquer les travailleurs d’enfants dans les plantations de cacao, nous avons rencontré, M. Victor Koffi, directeur du centre. Notre entretien.
Que doit-on savoir du centre d’accueil des enfants de soubre?
Le centre d’accueil des enfants de soubre est une volonté de la première Dame , de doter la côte d’ivoire d’un mécanisme de prise en charge spécifique , des enfants victimes de traite et d’exploitation.
Inauguré en juin 2018 , le centre était fait pour accueillir les enfants en situation de détresse. Finalement on retrouve depuis un moment des enfants de toute les vulnérabilités. En plus des affaires du travail des enfants vous avez des enfants abandonnés , orphelins , maltraités ect.
Toutefois notre priorité reste le cas des enfants qui ne vivent pas avec les parents. Il sont victimes de ces vulnérabilités parce qu’ils ne vivent pas avec leurs parents. Ce sont eux qui sont accueillis ici généralement.
Quel est l’effectif et quelles sont les activités pratiquées par vos pensionnaires ?
L’établissement offre une capacité d’accueil de 64 lits au total, soit deux dortoirs de 32 lits pour les filles, et deux dortoirs de 32 lits pour les garçons.
Il dispose également de bureaux de direction, d’un centre médico-social, ainsi que de plusieurs salles de classe et d’ateliers de formation. Les enfants ont aussi une salle multimédia, une bibliothèque et une cantine.
La salle polyvalente quant à elle, sert aux activités diverses, et le terrain de sport permet aux enfants de pratiquer quotidiennement, des activités sportives.
Tous nos pensionnaires trouvent un foyer chaleureux, et y reçoivent une attention particulière de nos encadreurs spécialisés, des soins de santé, ainsi qu’une formation adaptée à leurs besoins.
Mais il faut noter que les effectifs varient, car lorsque je vous dis qu’aujourd’hui il y a 40 enfants, demain vous verrez qu’il y a 45. Parce ce que la nuit on peut nous envoyer deux à trois enfants.
Et accueillir le lendemain un ou deux enfants. Ce n’est pas un effectif fixe. C’est un centre de transit. Donc à tout moment nous avons des enfants qui arrivent et on a d’autres qui partent.
La durée de séjour maximum d’un enfant ici peut aller jusqu’à 9 mois.
Le temps qu’on prépare l’enfant à apprendre quelque chose , qu’on prépare l’enfant à réintégrer sa famille. Parce que le métier que l’enfant entame ici , il le fait quand il sort. Et nous suivons l’enfant pendant trois ans depuis l’extérieur.
Quel type de métier apprennent-ils ici?
A l’intérieur de ce centre il y a la couture , la coiffure, (homme) , élevage de lapins. Nous dispensons des modules de formation. Il y a un centre de formation football , handball, il y a le Taekwondo.
C’est un canal de socialisation des enfants.
Une fois admis ici, quelle est la suite du processus pour intégrer le centre ?
Il existe 4 conditions ou façons d’accéder au centre. D’abord il y a le référencement. C’est- à dire qu’une structure qui fait la protection de l’enfant étatique ou non étatique peut nous envoyer l’enfant. Deuxièmement quelqu’un peut nous signaler un cas d’enfant. Nous allons l’identifier. Et si c’est un cas avéré, on vient avec l’enfant au centre.
Troisièmement, l’accompagnement. C’est-à-dire le parent trouve qu’il a des difficultés à élever l’enfant de son frère qui est décédé. Il vient nous solliciter pour qu’on prenne en charge l’enfant.
Quatrièmement, il peut arriver qu’un bon matin , un bon midi , un bon 13 heures , quelqu’un trouve un enfant. Il tape la porte, il vous dit qu’il a trouvé l’enfant quelque part.
Concernant la procédure de prise en charge, le premier jour on l’accueille, on l’identifie et nous faisons la petite écoute.
S’il y a des préoccupations , il passe à la visite médicale et il est hébergé. On le laisse pendant trois à quatre jours où il est en confiance et nous faisons l’écoute approfondie au cours de laquelle, l’enfant donne des informations sur son père, sa mère. D’où il vient pour se retrouver là, qui l’exploite ect.
Après cela il passe aux activités.
Si on voit une semaine après qu’il a confiance, on pense à le mettre dans un métier.
Parallèlement il y a l’action sociale qui recherche les parents.
Mais généralement les parents viennent spontanément s’ils apprennent que leur enfant est ici.
Malheureusement en Afrique il y a derrière tout ça, de la maltraitance , la traite et le travail des enfants.
Après l’admission, l’enfant est suivi par un psychologue. Il fait régulièrement la visite médicale. Il a droit à 4 repas par jour. Chaque enfant a son lit et son placard.
Quand c’est une réinsertion scolaire sur 3 ans en dehors du centre c’est nous qui payons les frais de scolarité.
Comment faites-vous sachant qu’il n’y a pas d’école ici?
Ici nous faisons de l’alphabétisation à tous les enfants qui arrivent et qui ne savent ni lire ni écrire.
Pour les métiers extérieurs, les enfants partent le matin pour revenir dans la soirée.
Qu’en est-il des autres enfants qui viennent des pays frontaliers ?
Pour ceux-là nous faisons la procédure en vue de leur retour. Les enfants dont je parle ne viennent pas d’un pays limitrophe. Ce sont des enfants nationaux.
Aussi, que les enfants soient nationaux ou non nationaux au nom de la protection des enfants , du respect du droit des enfants , les enfants sont traités sans discrimination de sexe , d’âge et de nationalité. Nous avons un réseau africain pour l’Afrique de l’ouest pour la protection des enfants. Si un enfant est non national , c’est vrai que nous allons rentrer en contact avec les ambassades et autre mais pour leur retour c’est nous qui prenons les frais en charge.
Propos recueillis par Philippe Kouhon envoyé spécial dans la Nawa.