Deux semaines après la traque des personnes exploitants les enfants dans les plantations de cacao dans la région de la Nawa ( sud-ouest), les 6 et 7 mai 2021, et qui s’est soldée par la mise aux arrêts de 24 suspects, la justice vient de condamner 6 personnes à 20 ans d’emprisonnement, 5 ans pour 17 autres et 2 personnes relaxées.
Dans le cadre de la lutte contre les pires formes de travail des enfants surtout dans les cacaocultures, une opération de police a été menée par la Sous-Direction de la Police Criminelle en charge de la lutte contre la Traite des Enfants et la Délinquance Juvénile (SDLTEDJ) en partenariat avec le Comité National de Surveillance des actions de lutte contre la Traite, l’Exploitation et le Travail des Enfants (CNS) les 6 et 7 mai 2021. Après 48 heures de traque et d’enquête dans la région de la Nawa, l’opération a permis de sauver 63 enfants et mis aux arrêts 24 personnes suspectes de traite et d’exploitation de main d’œuvre infantile dans les plantations de cacao ou pour d’autres formes d’activité.
5 à 20 ans de prison pour les trafiquants d’être humains
Le mardi 18 mai 2021 soit près de deux (2) semaines après l’opération, la Justice ivoirienne a statué sur les 24 personnes mis aux arrêts au cours de cette opération de police. Et comme, Monsieur Alexandre Koné, le Procureur du Tribunal de Soubré l’avait laissé entendre, le 7 mai dernier, l’heure est à la tolérance zéro.
En effet, 6 personnes suspectes de traite d’enfants dans les plantations de cacao ont été condamnées dans la soirée du mardi 18 mai 2021, au Tribunal de Soubré à une peine d’emprisonnement de 20 ans. L’indélicat oncle du jeune Nounfo fait partie de ces personnes condamnées par la justice. Le jeune Nounfo avait été retrouvé par une patrouille de police dans une plantation de cacao près de Buyo. Il était arrivé en Côte d’Ivoire avec son père à l’âge de 13 ans. 17 autres personnes ont été condamnées à des peines d’emprisonnement de 5 ans et 2 personnes ont été relaxées fautes d’éléments en charge contre eux.
«Six (6) personnes à savoir OUEDRAOGO Idriss, 18 ans, burkinabé, FOFANA Ali, 45 ans, ivoirien, KOUAME Yao Gérard, 28 ans, ivoirien, GANAME Amadé, 60 ans, burkinabé, SAWADOGO Tasseré Kouda, 28 ans, burkinabé, BANCE Moumouni, 55 ans, burkinabé, prévenus de traite des personnes et jugés suivant la procédure de flagrant délit devant le Tribunal correctionnel de SOUBRE, le 18 mai 2021.
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Faits et prévus par les articles 3, 4-3° et 4°, 5, 6, 7-1°, 9 et 11 de la moi n°2016-1111 du 08/12/2016 relative à la traite des personnes, courant mois de mai 2021 ; Le Parquet a requis le renvoi de GANAME Amadé des fins de la poursuite pour délit non établi et la condamnation des six (6) autres à vingt (20) ans de prison ferme et à 50.000.000 francs d’amende, aux peines complémentaires ainsi qu’aux dépens. Le Tribunal a effectivement suivi le Parquet en renvoyant des fins de la poursuite GANAME Amadé pour délit non établi et en condamnant OUEDRAOGO Idriss, FOFANA Ali, KOUAME Yao Gérard, SAWADOGO Tasseré Kouda, BANCE Moumouni à vingt (20) ans de prison ferme et 50.000.000 de francs d’amende chacun, 10 ans de privation des droits prévus à l’article 68 du code pénal, 05 d’interdiction de paraitre et d’interdiction du territoire de la République, la publication de la décision dans un journal d’annonces légales aux frais des condamnés ainsi qu’aux dépens», a éclairé M. Koné Alexandre, Procureur du Tribunal de Soubré après ces condamnations.
Concernant les 17 autres personnes ayant écopées d’une peine d’emprisonnement de 5 ans, le Procureur a également levé un coin de voile.
«Dix-huit (18) personnes à savoir BELEM Karim, 25 ans, burkinabé, KOUASSI Eric, 26 ans, ivoirien, BELEM Sayouba, 46 ans, burkinabé, OUESSENI Diarra, 31 ans, burkinabé , NALOURGO Yéo, 41 ans, ivoirien, OUEDRAOGO Salif, 23 ans, burkinabé, ZEBRET Ayouba, 31 ans, burkinabé, LOUA Anicet, 41 ans, ivoirien, CAMARA Amara, 44 ans, ivoirien, TRAORE Mohamed, 33 ans, ivoirien, TRAORE Lamine, 35 ans, ivoirien, BEBANE Yacouba, 54 ans, ivoirien, KOUAME Konan Thierry, 31 ans, ivoirien, DAGNOGO Ibrahim, 20 ans, ivoirien, SAWADOGO Wendpouiré, burkinabé, SAWADOGO Hado Boureima, 51 ans, burkinabé, COULIBALY Bah Siaka, 38 ans, ivoirien, DIOMANDE Tiémoko Modeste, 27 ans, ivoirien, prévenus de travail dangereux des enfants, courant mois de mai 2021 et jugés suivant la procédure de flagrant délit devant le Tribunal correctionnel de SOUBRE, le 18 mai 2021. Faits et prévus par l’article 433 du code pénal relative au travail dangereux des enfants, courant mois de mai 2021 ; Le Parquet a requis le renvoi de KOUAME Konan Thierry des fins de la poursuite pour délit non établi et la condamnation des dix-sept autres à 05 ans de prison ferme et à 1.000.000 francs d’amende ainsi qu’aux dépens. Le Tribunal a effectivement suivi le Parquet en renvoyant des fins de la poursuite KOUAME Konan Thierry pour délit non établi et en condamnant BELEM Karim, KOUASSI Eric, BELEM Sayouba, OUESSENI Diarra, NALOURGO Yéo, OUEDRAOGO Salif, ZEBRET Ayouba, LOUA Anicet, CAMARA Amara, TRAORE Mohamed, TRAORE Lamine, BEBANE Yacouba, DAGNOGO Ibrahim, SAWADOGO Wendpouiré, SAWADOGO Hado Boureima, COULIBALY Bah Siaka, DIOMANDE Tiémoko Modeste à cinq (05) ans de prison ferme et 1.000.000 de francs d’amende chacun ainsi qu’aux dépens. Au total, sur les vingt-quatre (24) personnes poursuivies, deux (2) ont été libérés pour délit non établi et vingt-deux (22) condamnés », a-t-il précisé.
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Cette sentence porte désormais à 23 le nombre total de personnes condamnées depuis ces deux (02) derniers mois à Soubré pour les faits de traite et d’exploitation d’enfant.
Il s’agit donc d’un signal fort que les autorités ivoiriennes lancent en direction des trafiquants et aux exploitants de mains d’œuvre infantile dans la production du cacao. L’heure est désormais à la répression.
Rappelons que l’opération de police «Nawa 2» a été initiée après « Bia 1 », « Bia 2 » en 2011, « Nawa 1 » en 2014, et « Bia 3 » en 2020. Elle a mobilisé au total une centaine d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité composés de la Police, de la Gendarmerie, des Eaux et Forêts, d’Interpol, de l’UTC, ainsi que de personnes civiles. Les enfants arrachés des mains des trafiquants et des exploitants avaient été mis à la disposition du Centre d’Accueil pour Enfants de Soubré, un centre construit par la Fondation Children Of Africa de Madame Dominique Ouattara, première Dame de côte d’ivoire.
Philippe Kouhon