Ex-sélectionneur du Syli National de Guinée et actuel Directeur Technique National de la Fédération Guinéenne de Football (FEGUIFOOT), Lappé Bangoura était récemment à Abidjan où il a pris part au symposium dédié aux sélectionneurs de la CAN 2023 de football qui a eu lieu les 12 et 13 septembre 2024. Avec lui, afrikipresse.fr a parlé de cet événement mais a également abordé la question des éliminatoires de la CAN 2025, le Mondial 2026, les difficultés du football guinéen.
–Qu’avez-vous retenu de ce symposium de haut niveau avec des techniciens de renom ?
J’ai retenu beaucoup de choses de ce séminaire destiné à la CAN 2023. D’abord de l’organisation de la compétition qui a été sincèrement la meilleure au niveau des infrastructures. Ces infrastructures ont été obtenues grâce à la politique du gouvernement donc du pays. Ensuite, nous avons vu une population ivoirienne très hospitalière, il y a eu de la bonne ambiance. La fédération ivoirienne et la CAF ont fait chacune du bon travail. Enfin, il y a eu le bon boulot des selectionneurs, des surprises, des émotions… Et si les techniciens ont bien travaillé c’est qu’il y a eu des joueurs toujours prêts et disponibles. Il y a eu des réussites dans de nombreux domaines. A ce séminaire, j’ai suivi le passage du Directeur Technique, celui aussi du responsable du Département des Arbitres sans oublier aussi le passage du responsable du Département des Compétitions, tous de la CAF. Nous avons eu des échanges avec certains grands entraîneurs surtout ceux qui ont atteint les demi-finales et la finale. C’est une grande première et je pense que l’Afrique doit continuer dans ce sens, en tirer les leçons, voir ce qui a marché et ce qui ne l’a pas été parce que tout ne peut pas marcher.
–En tant que technicien vous auriez bien voulu être à cette compétition soit avec la Guinée soit avec une autre sélection n’est-ce pas ?
Évidemment mais avec le poste que j’occupe puisque je suis le Directeur Technique National de la FEGUIFOOT donc je m’occupe du développement du football, de la formation et de bien d’autres choses, il m’était impossible d’y être. Sinon, c’est naturellement une fierté de participer à phase finale de la CAN.
-À cette CAN 2023, la Guinée s’est arrêtée au stade des quarts de finale. Votre souhait était de voir le Syli National aller beaucoup plus loin…
Bien sûr par le jeu que nous avons produit et par les joueurs que nous avions. Je pense que le staff technique a fait un bon travail mais nous avons perdu sur de petits détails. Nous nous sommes limités à un petit niveau où nous pouvions faire mieux.
–Pour vous les petits détails c’est quoi ?
Quand tu encaisses un but des 30 mètres, quand tu as une avance d’un but et que tu n’as pas la possibilité de conserver le score, quand l’adversaire tente une course en profondeur…il y a le côté mental à gérer. Bref ce sont ces choses-là qui font perdre un match.
–Depuis quelques années le football guinéen a du mal à s’affirmer sur le plan africain. Les clubs et les sélections sombrent à chaque fois en éliminatoires ou en phase finale des compétitions. Qu’est-ce qui ne va pas ?
Je pense que c’est une question d’organisation générale qui touche aussi bien la Guinée que de nombreux autres pays. Nous devons ensemble voir tous les moyens pour que nous nous fixions les mêmes objectifs. Je pense qu’a ce niveau, il y a une petite division. Après, c’est de pouvoir parler aux joueurs, de pouvoir les motiver. Après, nous avons besoin d’une préparation réelle, d’une connaissance du football et du footballeur guinéen.
–La Guinée est à la peine aussi bien en éliminatoires de la CAN 2025 et du Mondial 2026. Ces déboires sont-ils dans la continuité de la CAN 2023 ?
C’est très difficile. Il y a des moments de déclic et quand cela arrive, il faut savoir tirer les leçons. Nous devons être patients. J’insiste, la la patience dans la solidarité est très nécessaire. Je pense que c’est un petit temps de transition très difficile. Nous commençions à nous réveiller en allant battre l’Algérie mais nous nous faisons battre par le Mozambique, nous allons aux Jeux Olympiques où nous avons des soucis et au retour nous alignons deux autres défaites…Il faut que nous prenions conscience de cette situation malheureuse pour arrêter cette hémorragie.
–Comment expliquez-vous cette succession de sélectionneurs à la tête du Syli National ?
Vous savez, au football, ce sont les résultats qui comptent. Si vous ne vous fixez pas des objectifs et que vous ne donnez pas assez de temps aux entraîneurs pour travailler et qu’ils sont toujours sous pression de ce qui se dit ou se raconte et que vous ne tirez pas les leçons de la situation, vous serez obligés de changer d’entraîneurs.
–En tant que Directeur Technique National de la FEGUIFOOT et Guinéen, pensez-vous que le Syli National pourra se qualifier pour la CAN 2025 et pour le Mondial 2026 vu les résultats actuels de l’équipe ?
Aujourd’hui l’équipe a certes 50% de chance mais il faudrait qu’elle se relance. Pour la CAN 2023, il reste 360 minutes à jouer soit quatre matches considérés comme des finales qu’il faudra donc gagner. À défaut, il faudra gagner trois matchs et faire un nul. C’est pareil pour la Coupe du Monde. Je pense que si toutes les leçons sont tirées de tous ces échecs, la Guinée est capable de se qualifier. Il y a eu des moments où la Guinée s’est qualifiée dans ses conditions plus compliquées que ça. Nous avons le talent, nous avons une structure et je pense que les autorités accompagnent, le pouvoir est très motivé, l’équipe a des moyens à sa disposition donc il n’y a pas de raison que la Guinée ne se qualifie pas pour les deux compétitions.
-Avez-vous foi ?
J’y crois et j’ai confiance.
Entretien réalisé par Adou Mel
