La République Démocratique du Congo (RDC) avance à grands pas vers un partenariat avec le club italien AC Milan pour promouvoir le tourisme sous la bannière Visit Congo. Le projet, discuté et approuvé en conseil des ministres, marque un tournant dans la stratégie de communication du gouvernement congolais. Bien que l’accord ne soit pas encore officiellement scellé, la dynamique est en marche, et des pourparlers sont en cours selon plusieurs sources, notamment le Financial Times.
Ce partenariat viserait à promouvoir la RDC comme destination touristique à travers des banderoles “Visit Congo” affichées au San Siro, et potentiellement sur les maillots des joueurs de l’AC Milan. En échange, le club italien toucherait plusieurs millions de dollars.
Un modèle qui semble directement inspiré de la campagne Visit Rwanda initiée en 2019 en partenariat avec le Paris Saint-Germain (PSG). En effet, depuis 2019, le Rwanda s’est positionné comme une destination touristique de choix. Le pays a attiré plus d’un million de touristes en une seule année, générant près d’un demi-milliard de dollars en 2022. Kigali ambitionne même de franchir la barre des 800 millions de dollars à l’horizon 2025, prouvant ainsi que l’alliance entre football et tourisme peut être fructueuse.
Mais la situation est-elle vraiment comparable pour la RDC ? Les sceptiques sont nombreux. Le pays de Félix Tshisekedi ne bénéficie pas des mêmes atouts que son voisin, à commencer par la sécurité. Le Parc national de Virunga, principal attrait touristique du pays, est situé dans l’Est, une région en proie à des violences chroniques. Le président congolais a lui-même reconnu, lors de son récent discours aux Nations unies, que la situation dans l’Est de la RDC reste « particulièrement préoccupante ».
Dans ce contexte, il semble peu probable que les touristes étrangers, pour la plupart dissuadés par leurs chancelleries, afflueront pour explorer les merveilles naturelles de la RDC. Pourquoi, alors, Félix Tshisekedi poursuit-il cette voie ? Pour certains observateurs, ce choix serait motivé par des considérations géopolitiques, notamment la rivalité de plus en plus visible entre le président congolais et Paul Kagame. Il est difficile de ne pas y voir une réponse à l’initiative de Visit Rwanda, particulièrement lorsque l’on sait que le PSG est l’équipe favorite de Tshisekedi, qui n’aurait guère apprécié l’alliance entre son club de cœur et son voisin.
Dans les faits, vouloir imiter le modèle rwandais pourrait s’avérer risqué pour la RDC, dont l’image sur la scène internationale est loin d’être aussi attractive que celle de Kigali. Alors que la sécurité dans l’Est du Congo reste un enjeu majeur, miser sur un partenariat football-tourisme apparaît, à bien des égards, comme une initiative prématurée. Si l’objectif de Félix Tshisekedi est de rivaliser avec Paul Kagame, il est peut-être temps de se demander si une telle stratégie, aussi coûteuse soit-elle, est vraiment la plus pertinente pour la RDC dans le contexte actuel.