La menace terroriste continue de s’intensifier dans la région du Sahel et en Afrique de l’Ouest, perturbant non seulement la stabilité de ces pays, mais aussi l’ensemble de la région. Les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, tels que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), ont élargi leurs zones d’opération et intensifié leurs attaques contre les forces de sécurité et les civils.
La Côte d’Ivoire, bien que relativement épargnée ces dernières années, reste néanmoins une cible potentielle en raison de sa position géographique stratégique et de sa stabilité relative. Dans ce contexte, le général Lassina Doumbia, chef d’état-major général des Armées (CEMGA), a activement recherché des partenariats solides pour renforcer la sécurité nationale.
Des choix stratégiques payants
Dans ses rares déclarations publiques, le général Doumbia insiste souvent sur le besoin d’une réponse multidimensionnelle face au terrorisme, qui combine à la fois l’action militaire, la prévention de la radicalisation et la coopération régionale. Plus tôt cette année, le Réseau des communicateurs pour la sécurité des frontières de la Côte d’Ivoire (RECOSEF-CI) a lancé un « réseau de résilients communautaires pour la sécurité » (2CRS). Ce projet vise à sensibiliser et renforcer les capacités des acteurs communautaires pour prévenir les risques sécuritaires aux frontières septentrionales.
Le CEMGA met également en lumière l’importance de la solidarité internationale, un thème récurrent dans les discours des autorités ivoiriennes face aux menaces globales. Il a souligné l’importance de la coopération régionale et internationale dans la lutte contre le terrorisme. Les forces armées ivoiriennes (FACI) ont ainsi renforcé leur coopération avec des partenaires internationaux, comme les États-Unis et la France, en vue d’améliorer leurs capacités opérationnelles et leur interopérabilité avec les forces étrangères.
Une sécurité indissociable d’une stabilité sahélienne
C’est une évidence : la sécurité de la Côte d’Ivoire est indissociable de la stabilité de l’ensemble de la région sahélienne. Les échecs sécuritaires palpables des juntes voisines de l’Alliance des États du Sahel (AES) inquiètent aujourd’hui de plus en plus les Ivoiriens, en particulier dans le nord, où le dispositif militaire a été considérablement renforcé, en plus du déploiement d’un vaste programme socio-économique.
En plus de la violence grandissante des groupes armés terroristes (GAT) évoluant à ses frontières, les tensions avec les juntes militaires voisines alarment le gouvernement ivoirien. En juillet 2024, dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le ministre de la Défense ivoirien, Téné Birahima Ouattara, a d’ailleurs réaffirmé que « la Côte d’Ivoire n’a jamais cherché à déstabiliser le Burkina Faso ». Ces propos traduisent les frictions et tensions qui peuvent aujourd’hui exister avec le voisin burkinabè.
Un effort démultiplié en 2024
Depuis plusieurs mois, les Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI) multiplient les manœuvres militaires conjointes avec des alliés régionaux et internationaux, c’est notamment le cas avec les États-Unis et la France. Un cycle d’exercices majeurs a été conduit par l’armée de l’air ivoirienne avec son homologue français sur la base aérienne de Bouaké, dans la région de Gbêkê. Le général Doumbia a souligné l’importance de cette coopération pour la Côte d’Ivoire, en insistant sur la complémentarité des forces ivoiriennes et françaises dans la lutte contre des ennemis communs.
L’exercice Flintlock 2024, mené en février 2024, a réuni militaires ivoiriens, américains et d’autres pays du Sahel dans l’optique d’entraîner les forces locales à mieux lutter contre les menaces terroristes transnationales. La Côte d’Ivoire a d’ailleurs signé deux accords avec les États-Unis, l’un portant sur un don de 12 véhicules blindés de transport de troupes et l’autre sur un programme de formation des gendarmes patrouillant au Nord du pays. Début septembre, Abidjan finalisait deux nouveaux contrats de livraison de véhicules militaires avec l’équipementier turc Otokar.
Outre les relations bilatérales, la Côte d’Ivoire continue de participer activement à des initiatives multilatérales de sécurité régionale. En 2024, la Côte d’Ivoire a renforcé son engagement dans des opérations régionales sous l’égide de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA). Ces partenariats sont essentiels pour la lutte contre le terrorisme, car ils permettent un partage de renseignements et une coopération opérationnelle entre plusieurs nations de la région.
Sous la direction du général Lassina Doumbia, la Côte d’Ivoire a su se doter d’alliés d’envergure dans la lutte contre le terrorisme, avec des partenariats stratégiques avec les États-Unis et la France qui se sont renforcés en 2024. Ces coopérations, combinées aux initiatives multilatérales de la CEDEAO et de l’Union africaine, placent la Côte d’Ivoire dans une position de force face aux menaces sécuritaires qui pèsent sur la région. Grâce à cette approche intégrée et collaborative, le général Doumbia espère non seulement sécuriser le pays mais aussi contribuer à la stabilité du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
Constantine Ndoko