Le jeudi 10 octobre 2024, au Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, s’est tenue la deuxième journée de l’Assemblée pour le Développement Économique de l’Afrique, un événement clé dans les préparatifs de la 21e reconstitution des ressources de l’Association Internationale de Développement (IDA-21), prévue pour décembre 2024 à Abidjan. Cet événement a vu l’intervention marquante du président Alassane Ouattara et de son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président en exercice de l’Union Africaine (UA). Ensemble, ils ont plaidé en faveur de financements concessionnels ambitieux pour répondre aux besoins critiques des pays africains, notamment dans les domaines de la formation et de l’emploi des jeunes.
Ouvrant la session, le président Alassane Ouattara a rappelé que cette rencontre s’inscrit dans la continuité des discussions initiées lors du sommet des chefs d’État africains à Nairobi, au Kenya, en avril 2024, sous la présidence de William Ruto. Le principal objectif est de mobiliser des ressources conséquentes pour soutenir les politiques de développement sur le continent.
Il a souligné que la reconstitution de l’IDA-21 intervient dans un contexte mondial complexe, marqué par des tensions géopolitiques et des crises financières exacerbées par le changement climatique. Pour répondre à ces défis, l’Afrique a besoin de 120 milliards de dollars US, sous forme de dons et de prêts très concessionnels, afin de réduire la pauvreté et les inégalités. « Cette reconstitution doit permettre une mobilisation inédite de ressources pour des projets essentiels au développement des économies africaines », a déclaré le président Alassane Ouattara.
Un appel à la solidarité internationale
Le président Alassane Ouattara a saisi cette tribune pour lancer un appel appuyé à l’ensemble des partenaires au développement, y compris le secteur privé, pour qu’ils renforcent leur coopération avec l’IDA. Il a souligné l’importance de la transparence et de l’efficacité dans l’utilisation des fonds qui seront mobilisés, affirmant que l’accord d’Abidjan, soutenu par les 20 plus grandes entreprises mondiales, réaffirme ces priorités. « La solidarité est essentielle pour construire ensemble un monde plus sûr et plus prospère », a-t-il ajouté.
Miser sur la jeunesse africaine
Dans son discours, Alassane Ouattara a aussi plaidé en faveur d’un investissement massif dans la formation et l’emploi des jeunes, pointant que le développement des infrastructures, bien que nécessaire, ne peut se faire sans accorder une attention particulière à l’avenir de la jeunesse africaine. « Nos jeunes ne doivent pas être tentés par des horizons incertains ; ils doivent avoir de vraies opportunités ici, sur notre continent », a-t-il insisté.
Une vision partagée par l’Union Africaine
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la Mauritanie et de l’Union Africaine, a réaffirmé que l’IDA est un pilier fondamental pour la réalisation des objectifs des agendas 2030 et 2063. Il a appelé à ne pas voir la reconstitution de l’IDA-21 comme un simple processus de financement, mais comme un acte de solidarité globale face aux nombreux défis que traverse le continent africain. « Les financements de l’IDA doivent aider à bâtir des infrastructures essentielles, développer le capital humain et lutter contre la pauvreté et les inégalités », a-t-il déclaré.
L’Afrique s’engage pour des réformes internes
Tout en reconnaissant la nécessité de financements externes, Ould Cheikh El Ghazouani a également souligné les efforts que les pays africains doivent consentir, notamment à travers des réformes fiscales et une meilleure gestion des ressources naturelles. « Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités, mais nous avons besoin de la solidarité internationale », a-t-il affirmé, appelant au renforcement des partenariats public-privé pour soutenir le développement des infrastructures en Afrique.
Le soutien des acteurs internationaux
Avant les interventions des chefs d’État, la ministre ivoirienne de l’Économie, du Plan et du Développement, Kaba Nialé, a salué le rôle crucial de l’IDA dans le financement du développement en Afrique depuis plusieurs décennies. Elle a rappelé que la vision stratégique du président Alassane Ouattara avait déjà permis, lors de l’IDA-20, d’atteindre un financement record de 93 milliards de dollars. « Nous espérons à nouveau compter sur votre soutien pour cette 21e reconstitution », a-t-elle déclaré.
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, et le directeur général de Global Citizen, Hugh Evans, ont quant à eux partagé leurs expériences et proposé des pistes concrètes pour faciliter le développement des pays pauvres à travers l’engagement mondial.
Philippe Kouhon
