Afrikipresse
    PolitiquePolitique

    Nous n’avons pas demandé aux réfugiés ivoiriens de quitter les camps mais : Ioli Kimyaci, HCR-Ghana

    Nous n’avons pas demandé aux réfugiés ivoiriens de quitter les camps mais : Ioli Kimyaci, HCR-Ghana
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes

    Ioli Kimyaci, la représentante HCR-Ghana, dans le cadre de cette interview réalisée le mardi 31 octobre 2017 depuis Abidjan, par téléphone, donne la part de vérité de l’institution face aux différents griefs reprochés par les réfugiés ivoiriens.

     

    Pourquoi  la ration alimentaire des réfugiés ivoiriens a-t-elle été interrompue ?

    C’est depuis octobre 2015 que la décision a été prise.

     

    Pourquoi ?

    Parce que nous ne pouvons pas éternellement continuer à donner de la nourriture… D’ailleurs, ce n’est pas nous, en fait. C’est le PAM  (Programme alimentaire mondial). C’est donc le PAM qui a interrompu ce programme alimentaire depuis octobre 2015. 

     

    En octobre 2015, dans lequel des camps , cette mesure a été prise?

    Dans tous les camps (Amapain, Fatentaa et Ediekrom, les 3 camps de réfugiés sur le territoire ghanéen qui accueillent les Ivoiriens : Ndlr).

     

    Avez-vous demandé aux Ivoiriens de quitter les camps avant le 31décembre 2017 ? Pourquoi ? 

    Nous n’avons rien demandé. Toutes ces informations sont fausses. Nous allons fermer un bureau du HCR, c’est tout !

     

    En fermant ce bureau du HCR, n’abandonnez-vous pas de fait, des réfugiés?

    Nous allons fermer un bureau sur les trois, pour avoir plus d’argent pour pouvoir les aider mieux. Si non, aujourd’hui, la communauté internationale ne paye plus pour les réfugiés ivoiriens, parce que cela fait plus de 6 ans qu’ils sont là. C’est le bureau de Takoradi que nous voulons fermer, parce que c’est très isolé.

     

    Des informations recueillies sur le terrain, indiquent clairement que le HCR, que vous représentez,  a demandé aux Ivoiriens de rentrer chez eux, sous le prétexte d’un retour volontaire ?

    Qui sont ceux qui sont à la base de ces informations ? Et qui vous a donné ces informations ?

     

    Nous sommes allés sur place pour vérifier ces informations, documents à l’appui. Elles ont été fournies dans les différents camps visités. Des autorités locales ont même été saisies de la question par des responsables de ces camps?

    Vous ne devez pas rentrer dans les camps sans que GHANA REFUGEE BORD (GRB) ne vous en donne l’autorisation. Vous êtes allés dans quel camp ?

     

    Si l’information est fausse comme vous le dites, le HCR continuera-t-il à  apporter assistance aux réfugiés ivoiriens qui sont au Ghana, après le 31 décembre 2017 ?

    Oui, bien sûr, parce que nous sommes en train de préparer avec eux l’intégration locale. Nous ne leur avons pas demandé de partir car, le départ est volontaire et ils le savent.

     

    Ils sont forcés,semble-t-il, à adhérer au ‘’programme de départ volontaire’’. N’est ce qui est reproché au HCR-Ghana ?

    Il y’a des gens qui partent volontairement. Allez demander. Il y’a des gens qui partent, et cela existe depuis longtemps. Vous savez, lorsqu’ils étaient arrivés (les réfugiés ivoiriens : Ndlr), ils étaient presque deux cent (200)  mille réfugiés mais aujourd’hui,  ils sont presque 7 mille. Où sont passés les autres ? Ils sont partis spontanément. Nous les accompagnons.

     

    Vous parlez de l’insertion des réfugiés ivoiriens dans le tissu social ghanéen, alors que sur le terrain, cela cause un réel problème, puisque les autorités ghanéennes n’en veulent pas ….

    Nous n’avons même pas encore commencé l’insertion

     

    Depuis plus de 6 ans ?

    Oui, les réfugiés ne savent même pas encore ce que nous allons leur proposer dans le cadre de l’insertion. Il faut qu’on trouve une solution. Mais monsieur, être réfugié n’est pas eternel. Les Libériens qui étaient là sont partis (…) C’est la même chose qui va se passer aussi avec les Ivoiriens.

     

    Vous parlez plus haut de problème de financement qui poussent à fermer le bureau du HCR de Takoradi. Pourtant il y’a des structures dont celle de Monsieur Martin, des Ong, et même l’Église catholique qui seraient prêtes à apporter leur aide aux réfugiés ivoiriens ; une aide que auriez refusé. Qu’en est-il ?

    Ils ne sont pas prêts à aider, monsieur. Vous savez, il y’a un programme d’insertion. Monsieur Martin fait de l’insertion  privée. Dans cette forme d’installation, le nombre de personnes a été diminué cette année. Même au Canada, les autorités prennent plutôt les réfugiés syriens que les autres. Et puis, ce n’est pas Monsieur Martin en tant que tel, c’est le Canada qui lui octroie un certain nombre de places pour les personnes qu’il pourrait prendre mais cette année cela a diminué. S’il n’y a pas de place, nous ne pouvons pas installer des gens. Dans le programme d’installation, il y’a  eu des Ivoiriens mais ils sont très peu parce qu’il y’a des critères. Les critères sont donnés par des pays d’accueil, cela ne nous incombe pas.

     

    Nous allons changer de sujet si vous le permettez, pour évoquer l’histoire de cette dame, ivoirienne, réfugiée dans le camp de Ampain. Elle dit avoir été utilisée, comme bien d’autres d’ailleurs, comme un cobaye par le HCR, à tel point qu’elle est prématurément ménopausée depuis un an et demi, alors qu’elle n’a que 33 ans ?

    Le HCR ne fera jamais cela, monsieur ! Si cette dame a accepté de le faire, à la suite d’une proposition de quelqu’un, ce n’est pas le HCR qui le lui a proposé, monsieur ! Le HCR ne fait jamais des choses comme cela. Ce n’est pas une organisation médicale. Si la femme a accepté qu’on la voit, et qu’on lui fasse un ‘’post-contrôl’’(méthodes contraceptifs), je ne sais pas comment vous appelez cela en français, c’est son problème. Ce n’est pas le nôtre ! Normalement, on fait cela pour espacer les grossesses, …arrêter les naissances.

     

    Elle dit que l’opération a tout de même été chapeautée par le HCR. Sa santé depuis lors va de mal en pis, dit-elle ?

    Si elle a des problèmes, il ne faut pas qu’elle accuse le HCR. Si la dame a accepté, c’est que quelqu’un lui a proposé, il ne faut pas qu’elle accuse le HCR. Vous me comprenez, monsieur ?

    Claude Dassé, 

     

    Témoignage de Mme Djety (réfugiée ivoirienne et traductrice ) : « Le HCR a dit : il faut penser à retourner » 

    Mme Djety, réfugiée ivoirienne dans le camp de Ampain et traductrice pour le compte du HCR, avait témoigné : « (…) Une fois, lors d’une réunion avec des représentants du HCR Genève venus nous parler du programme de réinsertion (retour au pays d’origine pour refaire une nouvelle vie : Ndlr), ceux-ci ont avoué qu’il n’y a pas de possibilité pour installer les Ivoiriens ici, parce que le gouvernement ghanéen n’a pas encore pris la décision de nous intégrer ;  alors pour eux, il faut penser retourner. Nous leur avons dit que nous ne pensons pas retourner, parce qu’il n’y a pas de sécurité en Côte d’Ivoire et je leur ai demandé : ‘’dans ce cas, qu’est-ce que vous faites pour nous parce que nous sommes sous votre tutelle’’. Ils n’ont pas eu de réponse à nous donner (…)».

    CD

    Réagir à l'article

    Publiés récemment

    Éliminatoires CAN 2025 : Les remplacements payants de Faé qui offrent la victoire aux Éléphants face à la Zambie.

    Éliminatoires CAN 2025 : Les remplacements payants de Faé qui offrent la victoire aux Éléphants face à la Zambie.


    3è Salon des collectivités territoriales : Amadou KONÉ expose les attentes des élus locaux et des populations

    3è Salon des collectivités territoriales : Amadou KONÉ expose les attentes des élus locaux et des populations


    L’Afrique accusée du réchauffement climatique : Des organisations de journalistes africains expriment leur désaccord

    L’Afrique accusée du réchauffement climatique : Des organisations de journalistes africains expriment leur désaccord


    Football – Éliminatoires CAN 2025 : La Côte d’Ivoire face à la Zambie mais toujours en pensant à 2012

    Football – Éliminatoires CAN 2025 : La Côte d’Ivoire face à la Zambie mais toujours en pensant à 2012


    Religion : Yamoussa Coulibaly partage sa vision avec les responsables de la communauté musulmane de Koumassi

    Religion : Yamoussa Coulibaly partage sa vision avec les responsables de la communauté musulmane de Koumassi


    Alliance des États du Sahel : l’histoire d’un isolement

    Alliance des États du Sahel : l’histoire d’un isolement



    À lire aussi