Réagissant à l’expulsion de Laurent Correau envoyé spécial de RFI au Tchad, des journalistes malgaches dénoncent l’entrave à la liberté d’informer de la part des dirigeants tchadiens , mais aussi des dirigeants malgaches.
« En tant que militant pour la liberté de la presse, je condamne vigoureusement l’expulsion de l’envoyé spécial de RFI au Tchad, sans un avis d’expulsion formelle » affirme Tahirimanitra Ralambomahay, journaliste malgache ayant a bénéficié il y a quelques mois d’une visite à l’Union européenne par le programme EUVP.
Il y voit « une entrave des dirigeants tchadiens à une liberté universelle qu’est la liberté des journalistes d’accéder à l’information » , et profite pour évoquer la situation malgache : « Je fais le parallèle avec la suppression unilatérale de la licence de la chaîne MBS (ndlr : télévision appartenant à l’ancien président Marc Ravalomanana) et de la lettre du ministère de la Communication enjoignant aux sociétés prestataires de la chaîne Viva (ndlr : télévision appartenant à l’ancien président de la Transition Andry Rajoelina) d’enlever les émetteurs de cette dernière en provinces. Par ces mesures, une partie de la population est privée du droit à une presse pluraliste »
Soava Andriamarotafika, président de l’Association des journalistes des radios privées (AJRP) et directeur de rédaction de la radio Viva fait savoir qu’à travers l’expulsion de Laurent Courreau, c’est l’image de la liberté de presse sur le continent qui est en profil bas.
« Nous condamnons avec détermination de tels actes perpétrés par Idriss Deby et consorts. Mais ce n’est pas seulement au Tchad qu’il y a cette atteinte à la libre circulation d’information » assure-t-il en brandissant « la mainmise et la pression du régime Rajaonarimampianina, notamment émanant du ministre de la Communication pour ne pas laisser une libre diffusion des télévisions Viva et Mbs dans le pays »
Rakotoniaina, un membre de la société civile qui voyage beaucoup sur le continent regrette l’existence des différentes formalités exigées aux journalistes pour accomplir leur mission. Il qualifie le métier de journaliste en Afrique comme « encore un métier à risque » tout en nuançant le cas malgache : « Il y a une certaine liberté à Madagascar, par rapport au Tchad et au Burundi, mais le pouvoir actuel est critiqué par la profession devant certaines difficultés administratives à l’endroit des médias appartenant à des anciens dirigeants ».
James RAMAROSAONA