Dans cet après-midi de ce 7 août 2018, jour de la célébration du 58ème anniversaire de l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance, c’est un calme plat qui règne sur le petit Moossou après la libération de Simone Ehivet Gbagbo.
Situé à l’extrémité de Grand-Bassam, précisément en bordure de la lagune Ebrié à l’embouchure du fleuve Comoé, le village de Simone Ehivet Gbagbo reste encore prudent, à l’annonce à la veille de sa libération, par le chef de l’Etat Alassane Ouattara, après 7 années d’incarcération.
Lorsque nous sommes conduits dans la Résidence de la grande famille Ehivet, située au quartier Tchagba, c’est Claudine Ehivet, l’une des gendres de l’ex-première dame ivoirienne qui fait appel à son époux, Ehivet Marc Antoine. Après quelques civilités d’usages, celui-ci nous conduit au bord de la lagune où est réunie autour d’une table, de façon conviviale, une bonne partie des parents et amis de la famille, venus pour certains d’Abidjan pour ‘’célébrer’’ la nouvelle.
Autour de la table, le cadet de Simone Ehivet Gbagbo qui dit avoir reçu l’information comme tout le monde, à la veille, lors du discours du chef de l’État reste cependant mesuré dans la manifestation de la joie : «Nous étions devant la télévision ce 6 août 2018, à la veille de la célébration de la fête de l’indépendance pour écouter le discours à la nation du chef de l’État lorsqu’à notre grande surprise, nous avons appris que notre grande sœur a été amnistiée et sera libérée. Aujourd’hui, nous sommes le 7 août 2018, nous attendons donc si physiquement, elle est sortie de prison. C’est donc à partir de cet instant que je vais me dire que ce qui a été annoncé publiquement a été respecté ».
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Il évoque une cérémonie de purification selon la tradition à laquelle sera soumise Simone Ehivet Gbagbo dès sa sortie de prison : «Dans le pays Abouré, lorsque quelqu’un est incarcéré et qu’il sort de prison, il y a des cérémonies de purifications à faire. Nous allons d’abord commencer par cela et après, nous allons-nous atteler à un certain nombre de choses . Et comme le Front populaire ivoirien (FPI) est scindé en deux, je crois que sa présence fera que les choses iront de l’avant (…) En tout cas la famille est très heureuse. Même, dès l’annonce de la nouvelle, mes sœurs qui sont à Abidjan ont fait la fête jusqu’à 2 heures du matin. Cela a été pareil pour nous qui sommes au village ici. Mais, compte tenu de la personne qui est au pouvoir, nous sommes un peu pessimistes. Comme saint Thomas, nous voulons la voir en chair et os avant d’y croire. Toutefois, dans tous les cas, elle est attendant avec impatience ».
Concernant la date exacte de sa sortie de l’Ecole de gendarmerie où elle est incarcérée, voilà ce qu’il avance : « À ce sujet, je suis rentré en contact avec son avocat, il a dit aujourd’hui, nous sommes le 7 août jour férié, les juges ne travaillant pas, et que c’est donc demain (mercredi 8 août 2018 : Ndlr), le juge va signer sa sortie de prison afin qu’elle recouvre la liberté ».
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Du côté de son cousin Aliman Raphaël, même si la joie est apparente, la prudence est également de mise : « Franchement, j’avoue que je suis très content. Je suis très heureux que Simone Ehivet Gbagbo recouvre la liberté, qu’elle ne soit pas morte. C’est une joie indescriptible. Mais surtout qu’elle recouvre la liberté avec une bonne santé. Vous nous voyez ici réunis, elle est notre sujet de conversation. Et d’ailleurs, il y a même un repas qui est prêt pour saluer cette bonne nouvelle. Nous remercions Dieu pour cette bonne nouvelle mais nous voulons la voir pour croire. Tous ici réunis, nous sommes des saints Thomas, nous voulons la voir pour y croire».
Pour Edmond Yoé, fonctionnaire du Trésor et gendre de la famille, il ne faut pas douter de la bonne foi du président Alassane Ouattara : « Je suis venu d’Abidjan pour saluer la famille et surtout exprimer ma joie. Je suis sincèrement heureux du dénouement heureux de ce dossier (…). Il faut y croire et j’y crois parce que c’est une volonté politique. Si le pouvoir en place a décidé d’amnistier la première dame qui a tant souffert dans sa chair, je pense qu’il ne peut pas trahir. Je suis donc heureux de partager la joie de la famille. C’est la raison principale qui m’amène ici. Je remercie le pouvoir en place également pour cette décision et que l’acte qu’il a posé soit étendu sur tous les prisonniers liés à cette crise, qu’ils soient politiques ou pas. Il faut qu’ils soient tous libérés pour une réconciliation vraie en Côte d’Ivoire »
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Gbakahou Simplice témoigne à son tour : «Je viens d’Abidjan. Il y a un adage qui dit que lorsqu’on est amis, les joies et les peines se partagent ensemble et au même moment, raison pour laquelle je suis là. J’étais au Chu parce que mon petit frère a fait une crise d’AVC. À peine suis-je rentré avec lui à la maison que j’apprends l’information à travers des amis du quartier. Mon portail même à failli sauter. C’est donc pour cette raison que je suis venu voir mon frère Aliman pour toucher la vérité du doigt. Je suis donc là pour célébrer cette joie-là avec eux » dit-il.
Idem pour Kouakou Frédéric qui lui, est producteur chaudière dans une entreprise de contre-plaqué à Grand-Bassam : « Vraiment cela a été une joie, une joie partagée parce que nous avons quand même vécu les durs moments de la crise qu’à connue la Côte d’Ivoire qui s’est soldée par l’emprisonnement de la première dame Simone Ehivet Gbagbo. Nous avons pleuré dans notre cœur et aujourd’hui, Dieu faisant, nous avons eu victoire, nous avons eu raison parce que nous n’avons jamais cru à la culpabilité de la première dame. Nous voulons partager ces bons moments là avec la famille Ehivet avec laquelle nous avons toujours partagé de bons moments mais aussi des difficultés. Que Dieu fasse que cette dame aille de triomphe en triomphe. Mais la santé d’abord parce que sans la santé, elle ne peut pas aller de l’avant. Nous prions donc Dieu de lui donner la santé afin qu’elle puisse nous conduire vers d’autres horizons pour que l’Ivoirien se sente dans son pays parce qu’aujourd’hui, nous nous considérons comme des étrangers dans notre propre pays. Nous bénissons donc l’Eternel pour la libération de la première dame ».
Claude Dassé
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