Au-delà de son affirmation controversée selon laquelle 80 % de la richesse produite en Côte d’Ivoire est générée par seulement 5 % de multinationales étrangères, Stanislas Zézé Tebily, (Stan Zézé), patron de Bloomfield Investment Corporation, continue de susciter le débat.
En effet, dans un entretien avec la chroniqueuse Edith Brou, diffusé le 15 décembre 2024, il a abordé des sujets tels que la citoyenneté, la nationalité et la nécessité d’un cadre juridique renforcé pour une nation multiculturelle.
Le multiculturalisme comme richesse nationale
Pour Stan Zézé, le multiculturalisme est une des principales forces de la Côte d’Ivoire. « La Côte d’Ivoire est forte parce qu’elle est multiculturelle. Nous sommes les Béninois, les Sénégalais, les Burkinabés… et c’est ce qui nous rend uniques et puissants », affirme-t-il. Il plaide pour que cette richesse culturelle soit soutenue par un cadre juridique adapté, où la citoyenneté repose sur le droit de sol.
« Tu es né ici, tu es Ivoirien. Peu importe d’où viennent tes parents, tu es Ivoirien, point. Cela doit être inscrit dans la constitution », insiste-t-il, tout en rappelant que ce principe existait en Côte d’Ivoire de 1960 à 1972 sous Félix Houphouët-Boigny. Des observateurs assurent cependant que l’application de cette mesure n’a pas été inclusive et durable, conduisant notamment à l’adoption d’une loi spéciale de naturalisation sujette à polémique, à l’issue de l’accord de Marcoussis en 2003.
Le droit de sol : une réponse aux conflits identitaires
Stan Zézé estime que l’abandon du droit de sol a été une erreur historique ayant favorisé les tensions identitaires. « Les conflits naissent quand on commence à dire : ‘Toi, tu viens de là, donc tu n’es pas d’ici.’ C’est ridicule. Avec le droit de sol, ces débats disparaissent », déclare-t-il.
Prenant l’exemple des États-Unis, il explique que leur puissance réside dans l’unité nationale créée par le droit de sol, permettant de fédérer une population diversifiée autour de la citoyenneté. « Dans une jeune nation multiculturelle, opter pour le droit du sang est un frein. Le droit de sol est la clé pour construire une nation forte et stable. »
Repenser le modèle économique et politique
Au-delà de la question de la citoyenneté, Stan Zézé invite à une révision du modèle économique adopté depuis l’indépendance. Il interpelle : « Quelle est notre vision générale ? Le bien-être du citoyen doit être au centre de nos politiques. »
Pour lui, l’autonomie économique passe par la création de champions nationaux dans les secteurs stratégiques. Il appelle à des mesures incitatives pour les entrepreneurs ivoiriens, en vue de réduire la domination des multinationales étrangères. Pour lui, si les investissements proviennent majoritairement de l’étranger, les préoccupations des Ivoiriens risquent de passer au second plan.
Consolider la nation grâce au droit de sol
Pour Stan Zézé, le droit de sol n’est pas seulement une obligation juridique, mais une reconnaissance de la réalité socioculturelle du pays. « La Côte d’Ivoire est riche de sa diversité. Ce multiculturalisme, loin d’être une faiblesse, est une force que nous devons consolider pour bâtir une nation inclusive et prospère », conclut-il.
Un parcours visionnaire et engagé
Né en Côte d’Ivoire, Stan Zézé a surmonté des défis personnels pour devenir une figure incontournable de la transparence financière en Afrique. Diplômé en droit privé en France et titulaire d’un Master of Public Administration aux États-Unis, il a travaillé à la Banque mondiale et chez Shell Oil Products Africa avant de fonder Bloomfield Investment Corporation, première agence de notation financière en Afrique francophone.
Surnommé « l’homme aux chaussettes rouges », il est reconnu pour son engagement en faveur de la bonne gouvernance et de l’innovation économique. Décoré Officier de l’Ordre National de Côte d’Ivoire en 2019, Stan Zézé continue d’incarner une vision ambitieuse pour une Côte d’Ivoire forte, inclusive et prospère.
Charles Kouassi
