La Côte d’Ivoire vient de réaliser avec succès son premier cas de transplantation de foie. Le professeur Keli Elie, chef du service de Chirurgie générale, digestive et endocrinienne au Chu de Treichville au sud d’Abidjan, l’a annoncé le 29 décembre 2021, au Premier ministre ivoirien, Patrick Achi. C’est une première expérience dans la sous-région a bénéficié de l’appui technique, financier et matériel de l’OMS et la collaboration de spécialistes égyptiens.
Ainsi, la Côte d’Ivoire devient le 3ème pays africain à réaliser la transplantation hépatique après l’Égypte et l’Afrique du Sud. La transplantation hépatique (ou greffe du foie) est une technique chirurgicale complexe qui consiste au remplacement d’un foie malade par un foie sain dit greffon. Elle s’adresse aux malades souffrant de cancers primitifs du foie, de cirrhose évoluée ou de malformations du foie.
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Pour la réalisation de l’intervention, l’équipe ivoirienne formée entre 2006 et 2009 aux États-Unis, en France et en Égypte, et dirigée par le professeur Keli Elie, était composée de 6 chirurgiens, 3 anesthésistes, 2 radiologues et 1 hépatologue. « La patiente, âgée de 60 ans, va très bien. Le donneur également va très bien. Nous pouvons à ce stade dire que tout s’est bien passé », a assuré le professeur Keli Elie.
L’équipe ivoirienne a bénéficié de l’appui d’une équipe de 8 éminents professeurs égyptiens venus du Caire, avec une expérience de plus de 1 500 transplantations hépatiques depuis 2003. La délégation égyptienne conduite par le professeur Amr Abdelaal, a été présentée aux autorités ivoiriennes, notamment le Premier ministre, Patrick Achi et au ministre de la Santé, Pierre N’Gou Dimba. Elle s’est félicitée d’avoir pu réussir la première greffe de foie en Côte d’Ivoire en collaboration avec des spécialistes ivoiriens. Le professeur Amr Abdelaal, chef de délégation, a souhaité un fructueux partenariat entre les deux pays.
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Le Premier ministre a adressé ses vives félicitations à l’équipe des Experts ivoiriens et égyptiens pour cette prouesse médicale. Il a salué la coopération Sud-Sud, et annoncé que les autorités ivoiriennes mettront tout en œuvre pour la création d’un centre de transplantation d’organes afin de faire de la Côte d’Ivoire le hub sanitaire pour la sous-région. Il a remercié l’OMS pour son appui technique et financier ayant permis la réussite de ce projet.
Pierre N’Gou Dimba, le ministre de la Santé, a, pour sa part, exprimé toute sa satisfaction pour cette belle performance en matière de santé réalisée par des experts ivoiriens. Il a remercié vivement les experts égyptiens pour leur soutien à la Côte d’Ivoire dans ce domaine. Il a également souhaité étendre cette coopération médicale à d’autres maladies.
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Le représentant de l’OMS, Dr Jean-Marie Vianny Yaméogo, a dit toute la joie et la satisfaction de l’OMS pour l’Afrique, qui a souhaité qu’Abidjan devienne ce hub sanitaire de la sous-région ouest-africaine et que d’autres équipes de la sous-région puissent se référer à l’équipe de transplantation ivoirienne pour bénéficier des services sur le plan médical et chirurgical.
« L’implication de l’OMS dans ce programme en appui à la Côte d’Ivoire s’inscrit dans le cadre global des Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030. Pour aider les pays à atteindre les cibles mondiales d’élimination de l’hépatite, l’OMS s’efforce, entre autres, de promouvoir des partenariats et de mobiliser des ressources, d’améliorer l’équité en santé dans le cadre de la lutte contre l’hépatite, de prévenir la transmission, de renforcer les services de dépistage, de prise en charge et de traitement », a dit Dr Jean-Marie Vianny Yaméogo.
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L’hépatite virale B touche 12% de la population en Côte d’Ivoire, et l’hépatite virale C affecte 4% des ivoiriens. Les hépatites virales en Côte d’Ivoire, sont responsables de 8,4/100 000 décès par cancer, et de 36,3/100 000 décès par cirrhose chaque année soit respectivement 1932 et 8349 décès pour 23 millions d’habitants, c’est-à-dire 10 281 décès. Les données épidémiologiques sur les hépatites virales et le registre préliminaire des candidats, démontrent que la demande existe aussi bien en Côte d’Ivoire que dans la sous-région.
Le véritable défi sera de faciliter l’accès à cette offre de soins à de nombreux patients. La formation du personnel et l’acquisition du matériel demeurent d’autres challenges à relever afin d’optimiser les conditions de sécurité de l’acte chirurgical. L’objectif majeur à terme, pour le pays, reste la création d’un centre dédié à la transplantation hépatique.
Yaya K. source: afro.who.int