Je lisais dans les années 1960 ; 1965 ; 1970 ; 1980, les journaux africains comme le « Soleil » de Dakar, « Al Ahram » d’Égypte, le « Horoya » de Guinée, « L’essor » du Mali, le « Togo-Presse », le « Cameroon Tribune ». Je venais de l’Institut supérieur de journalisme de Berlin en Allemagne. J’avais suffisamment d’expériences pour savoir ce qui fonctionnait en journalisme, témoin de l’actualité politique, des informations diplomatiques. À l’analyse, le point commun entre les organes de presse africaine, était la formation professionnelle, héritée des grandes écoles de journalisme : Lille, Strasbourg, la rue de Rennes, en France et de l’institut supérieur de journalisme de Berlin, en Allemagne.
C’est ainsi que dans les années 1965 ; 1970, naîtront les journaux comme « Al Ahram » du Caire, le « Soleil » de Dakar, « Fraternité-Matin » d’Abidjan, et qui figuraient toujours dans les revues de presse des médias occidentaux. Quant au quotidien guinéen le « Horoya » de Conakry, il était « modifié » par le président Ahmed Sékou Touré et tous les articles vouaient d’une haine tenace contre Félix Houphouët-Boigny, Léopold Sédar Senghor, que le quotidien guinéen considérait comme des « valets » au service de la France, particulièrement du Général de Gaulle. Le « Togo-presse » et le « Matin de Madagascar » avaient des qualités uniques : libérer l’information, détestant le journalisme « alimentaire ». Vous lisez le « Togo-Presse », ils avaient une pratique claire : une ligne éditoriale qui n’avait jamais critiqué la maladresse diplomatique des présidents Eyadema, et Senghor.
Dans cette même ligne des médias africains, il y avait « Fraternité-Matin » avec sa ligne éditoriale pour la propagande du régime Félix Houphouët-Boigny et de son parti politique, le Pdci-Rda. Pour une raison, ou une autre, le rédacteur en chef, Laurent Dona Fologo, fortement implanté au sein du bureau politique du Pdci-Rda parti unique, ne ratait aucune occasion en mettant la ligne éditoriale à la disposition des lecteurs à la première page de Fraternité-Matin. Durant trente ans et dans cette moralité professionnelle du quotidien ivoirien, Félix Houphouët-Boigny était devenu incontournable en Afrique, considéré comme le « Sage d’Afrique ».
Dans ce passage des medias d’Afrique, il faut citer le « Matin du Sahara » qui supportait la vision du Roi Hassan du Maroc, dans son combat de la reconquête du Sahara occidental. La Tunisie a aussi sa trace de l’histoire des medias africains avec son hebdomadaire le « Dialogue » pour vanter les glorieuses aventures du président Habib Bourguiba pour l’indépendance de la Tunisie. Le « Dialogue » n’a pas eu d’autre choix que d’appeler Habib Bourguiba, « le combattant suprême ».
Avez-vous connu Radio Brazzaville ? C’était une radio dont les studios étaient à Paris et les installations techniques à Brazzaville. Cette radio avait un seul effort important à faire : la propagande du « référendum franco-africain » qui a eu lieu en 1958, pour lequel le président guinéen Ahmed Sékou Touré avait dit « NON » à la France. Jusqu’ à sa mort, le président français Charles de Gaulle ne « gobera » jamais ce tableau d’échecs en terre africaine.
Aujourd’hui que sont devenus ces médias d’Afrique, après 60 ans d’indépendance ? Rien du tout ! Surtout dans l’indépendance de « l’écriture », il est difficile de trouver un media africain d’audience internationale, conscient d’informer sans « trembler ».
Ben Ismaël