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    Wagner en Afrique : un bilan inquiétant et désastreux

    Wagner en Afrique : un bilan inquiétant et désastreux
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    Depuis son arrivée sur le continent africain, le groupe paramilitaire russe s’est particulièrement distingué pour ses exactions sur la population civile et l’exploitation illégale de plusieurs richesses naturelles.

    La défaite infligée aux Forces armées maliennes et à Wagner à Tinzaouaten fin juillet par les rebelles Touareg est la plus lourde et la plus conséquente à ce jour. Cette récente attaque témoigne de l’efficacité douteuse du groupe paramilitaire russe à aider l’armée malienne dans leur combat contre le terrorisme. Leur présence, loin d’améliorer la situation sécuritaire, joue un rôle majeur dans sa dégradation et attire le conflit russo-ukrainien jusqu’en Afrique. Les déclarations du porte-parole des renseignements ukrainiens (GUR) sur des informations échangées entre le GUR et les rebelles Touaregs révèlent la motivation de l’Ukraine à combattre la milice russe hors de leurs frontières.

    Selon des conclusions en 2023 du média The Economist et de l’ONG Acled, les violences contre les civils ont drastiquement augmenté depuis l’arrivée de Wagner au Mali en 2021. Récemment, les données de l’Acled recensent une hausse de décès dans les pays de l’AES entre janvier et juin 2024 (plus de 3000 contre 2500 au cours des 6 mois précédents). Le bilan humain s’alourdit de plus en plus. Les multiples exactions et les atrocités dénoncées notamment par Human Rights Watch dans les pays de l’AES révèlent la cruauté des mercenaires russes, la violation des droits humains et les crimes contre l’humanité subies par la population, déjà confrontée à la violence terroriste.

    De nombreux pays africains touchés par les violences de Wagner

    En République Centrafricaine, des villages ont été entièrement rasés, des hommes abattus, des femmes violées, dans le but de faire main basse sur les mines de ressources naturelles, comme en 2023 près de Bambari. Alors que le président Faustin Archange Touadéra évoque un pays où la situation sécuritaire s’est améliorée grâce à l’arrivée de Wagner en 2018, des ONG ainsi que l’ancien Premier ministre dénoncent en 2023 les pillages et les massacres. En mars dernier, lors d’opérations de contrôle abusives de Wagner, qui a pris le contrôle de l’armée centrafricaine, beaucoup admettent en avoir assez des traitements infligés par la milice russe.

    La violence de Wagner pour s’accaparer les richesses du continent s’étend dans plusieurs pays, comme au Soudan, dont la situation sécuritaire est critique. Selon l’ONU, à ce jour, plus de 20 000 personnes ont été tuées, 2,2 millions ont fui le pays et 10,5 millions ont été déplacées dans le pays. L’intervention de Wagner au Soudan aggrave la situation sécuritaire. Loin de se préoccuper du sort de la population, ils prêtent main-forte au général Hemedti, commandant des Forces de soutien rapides, connus pour leur barbarie. C’est lui qui tient le contrôle des mines d’or au Darfour, ce qui suscite l’intérêt de Wagner.

    La milice russe Wagner privilégie les intérêts de la Russie

    Les pays dont les sols regorgent de richesses (or, diamant, bois, pétrole) attisent la convoitise de Wagner. Ils se servent, illégalement, où ils trouvent, sans payer de taxe et en infligeant des violences, voire des tortures dans les villages voisins. Le Soudan est un pays privilégié pour le groupe paramilitaire : outre ses richesses, ils ont l’intention de construire une base navale à Port-Soudan, point stratégique du commerce maritime et à proximité du point de passage principal pour l’exportation du pétrole.

    La Libye représente également un lieu tactique pour Wagner. Présent depuis 2018, le groupe est dirigé depuis 2023 par le général Andrei Averianov, qui a commandé une unité responsable de nombreux assassinats à l’étranger. Le pays est utilisé comme un point de passage entre la Russie et les pays africains, comme « une porte d’entrée pour Wagner ». La Libye est l’un des pays avec la plus importante réserve d’or et de pétrole en Afrique. Pour accéder aux mines, Wagner se rapproche de l’est du pays, séparé en 2 depuis 2014, dont le gouvernement est soutenu par le général Khalifa Haftar. Une coopération s’établie pour « sécuriser les ressources », mais les intérêts du groupe sont ailleurs. Ils se servent également de la situation géographique de la Libye pour faire passer des armes aux FSR du Soudan et pour amoindrir les sanctions internationales portées contre la Russie dans le contexte de la guerre contre l’Ukraine. Leur présence et leurs intérêts rend plus difficile encore une possibilité pour les deux parties du pays de se réconcilier. La population subit les exactions des mercenaires, et des soupçons d’interférence dans les élections ont été émis.

    Malgré les nombreux constats et rapports de violences, tortures, meurtres dont se sont rendus responsables les mercenaires de Wagner, malgré la hausse des violences terroristes depuis leur présence, le groupe s’est implanté pour ce qui semble être une longue durée au sein de plusieurs pays africains. En RCA, le président Faustin Archange Touadéra a nommé un commandant de l’ancien groupe Wagner, Dmitri Podolsky, conseiller spécial en matière de sécurité en septembre. Le Niger, le Mali et le Burkina Faso sont soutenus par le groupe russe, rebaptisé Africa Corps et reconnu par le ministère russe de la Défense. Malgré le changement de chef et de nom, les nombreux rapports prouvent que les exactions sont restées les mêmes. Les actions de désinformation utilisées par Wagner permettent de leur assurer une crédibilité et de les montrer en sauveur. Les pillages des ressources par le groupe paramilitaire permettent à la Russie de financer la guerre contre l’Ukraine et récemment, de blanchir près de 2,5 milliards de dollars. Ces dernières années de présence des mercenaires russes permettent d’établir quels sont leurs véritables intentions au sein des nombreux pays africains où ils se sont installés.

    Constantine Ndoko constantinendoko2@gmail.com

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