AFRIKIPRESSE -Ouagadougou . Chaque célébration de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, est une occasion pour réexaminer la situation socioéconomique de l’autre moitié du ciel. Qu’en est-il du sort de la femme burkinabè ?Décryptage…
Tout le monde s’accorde à dire que les femmes burkinabè sont au premier plan de la lutte pour le développement. Que ce soit par la tenue d’activités génératrices de revenues (AGR) ou par l’engagement dans le milieu associatif, elles ont toujours travaillé ou plaidé pour le rayonnement du Faso. Pourtant leur situation socio-économique reste à désirer, à cause des pesanteurs socioculturelles et de la pauvreté qui les affectent considérablement. « La situation économique des femmes burkinabè n’a pas, jusqu’à ce jour, atteint un certain quorum (…). Lorsque l’on se réfère aux statistiques, nous voyons qu’elles interviennent à environ 70% au niveau du secteur informel, dans le PIB. Elles sont présentes dans tous les secteurs d’activités même si, à certains niveaux, elles sont sous-représentées comme dans le domaine industriel où elles existent, mais à un taux réduit », a confié la ministre de la Promotion de la femme et du genre, Bibiane Ouédraogo/Boni. Malgré l’activisme des femmes burkinabè, tout n’est pas rose pour elles. Certes, des avancées notables ont été enregistrées, ces dernières années,sous l’impulsion des autorités. Référence peut-être à la création d’un département ministériel chargé de la femme, l’instauration d’un Forum national de la femme, cadre d’échanges direct entre le président de la république et les femmes, la création d’un Fonds d’appui à l’entreprenariat féminin de 5 milliards de francs CFA. Sur le plan moral et juridique, la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), telle l’excision, a sensiblement progressé. Les leaders coutumiers et religieux, concernés au premier titre par ces pratiques avilissantes, se sont même engagés publiquement à combattre les MGF dans leurs localités. Des textes répressifs ont été élaborés, et plusieurs exciseuses ont déjà été condamnées, certaines à des peines de prison ferme. La représentation dans les sphères de décision a aussi évolué, avec la loi sur le quota genre, qui a permis de promouvoir nombre de femmes à des postes de responsabilité non négligeables et à améliorer leur présence en politique. Si ces acquis sont à applaudir, ils cachent mal des contraintes à l’épanouissement des femmes burkinabè. Pour l’essentiel, elles sont confrontées au mariage forcé, surtout dans certaines régions comme le Sahel, à la mortalité maternelle (phénomène que l’Etat doit combattre davantage selon l’ONG Amnesty International), aux violences conjugales, au lévirat et à des maladies spécifiques mortelles. Sur ce dernier point, il s’agit du cancer du sein et de celui du col de l’utérus, qui non détectés à temps, conduisent inéluctablement à la mort. Des victimes de ces deux maladies sont d’ailleurs enregistrées chaque année. Sans oublier d’autres écueils, tel que l’accès à la terre, qui demeure un gros souci pour la femme burkinabè, ainsi que l’accès à l’école et à l’emploi. Ce sont autant de difficultés, que connaissent les femmes burkinabè, et qui influent négativement sur leur bien-être. Résultat : elles sont, dans leur grande majorité, dépendantes des hommes, obligés de subvenir à leurs besoins. Ce tableau peu reluisant des actions soient davantage menées pour garantir une certaine indépendance, ou émancipation comme qui dirait, aux femmes burkinabè. Cela ne fera que booster le développement, étant entendu que les femmes représentent 52% de la population estimée à 17 millions de personnes. Laisser la femme burkinabè en marge ou à la merci des maux de toutes sortes, est un danger pour le devenir du pays. La femme burkinabè mérite mieux que sa situation actuelle, et cela doit être pris en compte dans les projets des dirigeants. Pour autant, les femmes ne doivent pas baisser les bras et attendre que tout leur arrive. Elles doivent donner de la voix à chaque fois que nécessaire.
Eric DELAPLUME