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    Décryptage de la grâce accordée aux militaires ivoiriens et de leur libération par la junte militaire malienne

    Décryptage de la grâce accordée aux militaires ivoiriens et de leur libération par la junte militaire malienne
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 3 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Aujourd’hui, la prise d’otages reste une tentation pour des pays, en guise de moyen de pression diplomatique : la Russie, avec la star américaine du basket Brittney Griner, condamnée à 9 ans de prison et qui vient d’être échangée contre le marchand d’armes russe, Viktor Bout.; l’Iran, qui détient 7 otages occidentaux.

    La question qui se pose est la suivante : à qui profite cette libération de nos militaires au Mali ?

    Ne soyons pas dupes et revenons à l’essentiel

    Bien entendu, il faut se réjouir de cette libération, mais ne soyons pas dupes comme en témoigne, dans son Communiqué, l’attaque ouverte des autorités du Mali contre le président en exercice de la CEDEAO, SE M. Umaro Sissoco Embalo, dont la position sur la question des militaires ivoiriens est jugée particulièrement « agressive », ce qui lui vaut d’être accusé de « porter atteinte à l’honneur du Mali devant les instances internationales ».

    Personne ne conteste au Mali le droit d’affirmer sa souveraineté et de choisir ses alliances. Mais, encore une fois, personne n’est dupe. Bamako, en se donnant le beau rôle et en attaquant Emballo, cherche à fragiliser le président de la CEDEAO et diviser les 15 pays membres, à manipuler les opinions publiques pour faire oublier l’essentiel : le respect du calendrier définitif sur le retour à l’ordre constitutionnel, retour prévu le 24 février 2024,  et l’organisation d’élections transparentes et inclusives, selon le calendrier définitif arrêté avec la CEDEAO et le médiateur Jonathan Goodluck.

    La rocambolesque arrestation des militaires ivoiriens, le procès et le dénouement

    L’arrestation des militaires ivoiriens a été largement documentée. Bamako a tenté d’exploiter la gestion administrative de l’envoi des troupes de l’ONU au Mali pour lutter contre le terrorisme djihadiste. Les sanctions contre le Mali ayant été levées début juillet 2022, le maintien en prison depuis près de 6 mois des militaires ivoiriens ne se justifiait nullement.

    Le dénouement par lequel le Mali se donne le beau rôle

    Le vendredi 7 janvier 2023, le colonel Assimi Goïta, chef de la junte, publie un décret qui accorde la grâce aux soldats ivoiriens arrêtés en juillet 2022, avec une « remise totale des peines » et la libération immédiate.

    Revenir à l’essentiel, mais quel est l’essentiel ?

    Il s’agit pour la CEDEAO de préserver la stabilité politique de l’Afrique de l’Ouest, empêcher que se répande une culture de la passation forcée du pouvoir et accomplir un travail de médiation afin d’assurer un retour à l’ordre constitutionnel et démocratique dans un délai acceptable. Dans le cas du Mali, l’essentiel pour Bamako est de légitimer la durée de la transition. Dans 13 mois, en principe, c’est la fin d’une transition qui aura duré près de  4 ans. Les militaires au pouvoir à Bamako voulaient au total 5 ans. Ils ont accepté 4 ans sans jamais parvenir à lever les ambiguïtés sur leurs intentions et à se rendre totalement fréquentables en dépit de leurs tentatives.

    Le bilan politique et diplomatique n’est pas fameux et il plonge l’Afrique de l’Ouest dans une zone d’ombre : conflits franco-malien étendu à un conflit du Mali avec l’ONU, la CEDEAO et la Côte d’Ivoire. Si chacun reconnaît au Mali le choix de choisir ses partenaires,  la CEDEAO tient à préserver la stabilité politique et son cadre démocratique, le développement économique et la bonne entente entre les États membres.

    Dans un tel contexte, même avec dix ans de transition, les juntes militaires ne parviendront pas à ramener une stabilité durable, la paix et la prospérité au Mali, en Centrafrique ou au Burkina. Rendez-vous, pour le Mali, en février 2024, ou même avant !

    Charles Kouassi

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