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Douhou Simon – Cocody Danga Bel Air : « Pourquoi j’ai accepté un million pour partir et éviter la guerre avec la Sicogi »

Douhou Simon – Cocody Danga Bel Air : « Pourquoi j’ai accepté un million pour partir et éviter la guerre avec la Sicogi »
Publié le
Par
Dasse Claude
Lecture 5 minutes

L’opération de déguerpissement survenue le mardi 8 mai 2018, à Cocody-Danga Bel-Air, initiée par  la Société ivoirienne de Construction et de Gestion Immobilière (SICOGI) continue de susciter des réactions. Bouaké Fofana, DG de la SICOGI avait affirmé avoir régulièrement agi, tandis que Bambara Laurent, porte-parole des 33 familles qui avaient traduit l’entreprise devant les Tribunaux, dénonçait une « action illégale ».

De son côté Douhou Simon, également ex-habitant du quartier et acteur principal du dossier, trouve plutôt le déguerpissemnt justifié au nom des 44 autres familles ayant reçu la somme d’un million de Franc Cfa chacune, l’action de la SICOGI.

« Pour moi, cette histoire est tellement simple ! Je suis arrivé dans ce quartier en 1956, je vous dis bien en 1956. C’est à partir de 1977 que j’ai été affecté en qualité de chef d’agent à Bouaké, à la Société SOA II. De Bouaké, j’ai été muté au Sénégal et du Sénégal, je suis revenu à Bouaké. Et de là, on m’a confié le chantier de la Basilique et la Fondation (Fondation Félix Houphouët Boigny : Ndlr) à Yamoussoukro. De là, j’ai été muté, au Burkina Faso. C’est au Burkina Faso que j’ai pris ma retraite,  et je suis rentré à Bouaké. Et lorsque la crise a éclaté, j’ai tout perdu dans cette ville, ce qui a fait que je suis revenu à Abidjan. À Abidjan, j’ai intégré la maison de papa qui est à Cocody-Danga (…)

Je vous explique tout cela pour que vous compreniez que je suis le doyen de ce quartier. Mais j’ai très vite compris que j’étais dans un milieu devenu très hostile parce que lorsque la Sicogi nous a demandé de partir, nous avons commencé à demander pardon aux responsables de cette société. Et la SICOG a dit : « Vous nous demandez pardon comment ? La maison coûte 3510 Frs Cfa par mois alors que les quittances qu’on vous envoie chaque mois et qu’on va imprimer à l’imprimerie coûte plus chère que vos maisons… ». J’étais d’ailleurs à la tête d’un comité des habitants du quartier constitué pour l’occasion.

Toutefois, nous n’avons pas baissé les bras car, nous avons continué à demander pardon, et c’est alors que nous avons adressé un courrier à la SICOGI pour leur proposer qu’au lieu de continuer à payer les loyers à 3510 Francs, nous souhaitons désormais les payer à 20 mille francs par mois, ce que la SICOGI a accepté. C’est ainsi que la SICOGI a accepté de signer un nouvel accord que nous avons, nous-mêmes rédigé dans notre quartier et que nous leur avons proposé. Et pendant que nous en étions là, à faire le point de la situation aux uns et autres dans le quartier, certains parmi nous, qui n’ont pas eu le courage de nous dire ouvertement qu’ils n’étaient pas d’accord avec cette nouvelle proposition, se lèvent, et prennent un avocat pour traduite la SICOGI devant les Tribunaux.

Moi, qui ne savais rien de tout cela, un jour, je reçois un coup de fil de la part d’un responsable de la SICOGI qui me dit ; « Mais Monsieur Douhou Simon, vous êtes aussi méchant que ça ? Vous venez nous demander pardon tout en nous proposant un nouvel accord que nous acceptons, et vous allez  prendre un avocat contre nous ? Mais, c’est mal nous connaître ! Nous allons nous aussi prendre un avocat et vous verrez qui aura gain de cause ». Voici comment les choses se sont passées.

Depuis lors, la bagarre a commencé. Dans le quartier, il n’y pas de solidarité et les uns et les autres ne s’aiment pas. On se regarde en chien de faïence. Moi, je leur ai dit : «Mais je ne vous comprends pas. Moi, je veux vous aider et vous me poignardez dans le dos ». En fait, ils avaient tous un plan derrière la tête. Ils voulaient quitter le quartier et mettre les maisons en location pour pouvoir encaisser de l’argent. Si vous étiez rentré dans le quartier, vous verriez que toutes ces maisons ont été mises en location, aux Maliens, Guinéens, Burkina…à au moins 50 mille Francs et la SICOGI n’avait rien. Elle sortait perdante dans cette histoire. D’ailleurs lorsque la SICOGI a mené sa propre enquête, elle a découvert le pot au rose.

En clair, la SICOGI  a raison dans cette affaire. D’ailleurs si vous me  rencontrez, je vais vous remettre les documents afférant à ce que je vous raconte. J’ai les papiers signés par tous les gars qui se plaignent aujourd’hui sur tous les toits. Je ne comprends pas. Et mieux, avant même que cette situation n’arrive, la SICOGI a fait la proposition de remettre la somme d’un million à chaque habitant et j’ai sauté sur l’occasion. Je me suis dis : «pourquoi vais-je encore rester dans un tel quartier où des gens qui m’ont poignardé dans le dos pourraient me faire du mal ? » J’ai donc pris mes affaires et je suis parti.

Voyez-vous comment la situation est devenue catastrophique, malheureusement pour certains parmi nous. Je suis dans mon propre pays et mes autorités me demandent de quitter le site et je vais résister, ça jamais ! Ce n’est pas possible », a-t-il témoigné.

Claude Dassé

 

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