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N’guessan Kouassi Édouard – député de Didiévi : “Nos parents vivent dans la psychose totale”

N’guessan Kouassi Édouard – député de  Didiévi : “Nos parents vivent dans la psychose totale”
Publié le
Par
Yaya Kanté
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Yalombi-Kouassikro, village de la Sous-préfecture de Didiévi a été le théâtre d’un drame le Mardi 19 Octobre 2021 avec la mort de Koffi Kouadio Privat, 12 ans, élève en classe de CM1, tué par un troupeau d’une dizaine d’éléphants partis de la réserve d’AboKouamékro. Après y avoir envoyé une délégation aux premières heures de l’incident, le député de Didiévi, l’Honorable N’guessan Kouassi Édouard, s’est déplacé en personne dans ce village le Dimanche 7 Octobre. Il nous transcrit les ressentis des populations. (Source Nouveau réveil)

Monsieur le Député, vous revenez de Yalombi-Kouassikro où vous avez rendu visite aux parents de l’élève décédé. Comment avez-vous trouvé ces pauvres parents…

J’ai été informé dès le lendemain de ce grave incident. Empêché et ne pouvant courir réconforter la famille éplorée, j’y ai dépêché des collaborateurs pour la soutenir, prendre ma part de deuil et apporter un soutien financier. Dans le même temps, j’ai fait diffuser un communiqué de presse pour appeler les villageois à la vigilance et à la prudence sans oublier d’inviter l’État à prendre des dispositions pour assurer la sécurité des populations. Je m’y suis donc rendu ce dimanche 7 Octobre pour saluer et j’ai trouvé sur place des parents dévastés, des villageois apeurés et donc toute une population dans la psychose.

D’une manière générale, comment réagissent les populations face à ce drame?

Comme je viens de le dire, c’est la consternation totale surtout que personne ne peut exactement localiser les éléphants qui ont causé ce drame, alors que les populations sont appelées à se rendre régulièrement dans leurs champs. Pourquoi l’Etat ne prend-il pas de dispositions pour les ramener dans le parc d’Abo-Kouamékro pour rassurer les populations? Je lisais il y a peu une interview du lieutenant Kouadio Kouassi Rémi, Directeur de l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) qui nous a appris qu’après ce drame, il y a eu une mission de la Direction de la faune dans la zone. Cette mission a pu mettre des colliers sur deux éléphants, des colliers émetteurs qui permettent de savoir leur position. Donc l’Etat attend quoi pour les retrouver et les ramener dans leur lieu d’habitation habituelle? Attend-on d’abord qu’il y ait d’autres drames pour le faire? En tout cas, j’ai trouvé des populations vraiment apeurées et inquiètes. J’appelle l’Etat à agir.

Quelles sont exactement les appréhensions des populations?

Les enfants étaient au champ lorsque le drame est survenu. Dans les villages, tout le monde vit de l’agriculture et donc les parents ne peuvent pas continuellement rester au village au risque de mourir de faim. Ils sont obligés de se rendre dans leurs champs. Ils redoutent donc de croiser le chemin de ces pachydermes à tout moment et nul ne sait ce qu’il adviendra. D’après le Directeur de l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR), il y a dans le parc d’Abo-Kouamékro de grands mammifères: les éléphants, les buffles et les rhinocéros. La clôture n’existant plus, ces animaux sont sortis de la réserve. Imaginez-vous le risque qu’encourent au quotidien nos parents? Ça donne froid dans le dos surtout qu’il nous dit qu’il y a deux ou trois ans, le chef du village de Frondobo, dans le Département de Tiébissou, a été tué par un rhinocéros. Nos parents sont envahis par la peur, rien d’autre.

Le 30 Octobre dernier, il y a eu une mission d’Etat avec le Président du Senat Jeannot Kouadio AHOUSSOU, les Ministres Alain-Richard DONWAHI, Ministre des Eaux et Forêts, et Myss Belmonde DOGO, Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté. Ils ont promis que tout sera mis en œuvre pour éviter d’autres drames à l’avenir. Cela ne vous rassure pas?

C’est cela le problème. Les promesses, c’est bien mais à quand un début d’exécution pour rassurer les populations? Ils sont arrivés qui par hélicoptère, qui avec cortège avec motards et gyrophares. Si cela peut donner un peu de baume au cœur des populations meurtries, c’est tant mieux. Mais eux ils sont arrivés surprotégés, ce qui n’est pas le cas de nos pauvres parents qui n’aspirent qu’à un peu de quiétude pour vivre sereinement comme ils l’ont toujours fait dans la dignité avec les moyens de bord. Et c’est le rôle de l’Etat de leur procurer cette quiétude en les protégeant. C’est tout ce que je demande pour mes parents.

l’Honorable N’guessan Kouassi Édouard. Photo : DR

Cette délégation a aussi fait des dons au nom de l’Etat pour soulager les parents le temps de trouver des solutions plus durables. Qu’en pensez-vous?

J’en pense que ce dont ont besoin mes parents, c’est la sécurité et la sérénité. Que peuvent des dons dérisoires pour toute une tribu de 13 villages  menacés de famine? L’enfant a été tué à Yalombi-Kouassikro mais tous les villages environnants ne savent plus à quel Saint se vouer. C’est plusieurs hectares de champs d’ignames, de manioc et de bananes qui ont été détruits et qui continuent à l’être par ces éléphants dont on ignore encore la localisation exacte. Ces champs ont été identifiés et répertoriés par les Services des Eaux et Forêts mais jusque-là, rien n’est fait. Un don en espèces de 3 550 000 F CFA dont 800 000 FCFA aux parents du défunt, 250000 F CFA à l’autre enfant blessé. Je trouve franchement dérisoire cette somme pour un enfant tué du fait de l’inaction de l’Etat qui n’ignore pas que ces pachydermes sont dans la nature depuis bien longtemps. En d’autres lieux, l’Etat donne 20 000 000 FCFA pour des gens morts naturellement. Cet enfant mort aurait pu être un haut cadre demain qui sait? Pour le riz que ces autorités ont envoyé, il y a des villages entiers qui n’en ont reçu que 2 sacs. Mes parents me chargent de dire à l’Etat qu’ils ne mendient rien. Tout ce qu’ils veulent, c’est la sécurité pour poursuivre leurs travaux champêtres pour ne pas mourir de faim demain. Nos parents sont dignes et ils veulent continuer à vivre dans la dignité. Ils demandent aussi à l’État de bâtir  une maison pour les parents dévastés du défunt élève qui représentait tout leur espoir afin qu’ils puissent y vivre en souvenir de leur enfant. Pour moi, c’est des sollicitations légitimes que j’invite l’État à satisfaire.

Quel message voulez-vous lancer aux populations et à l’Etat?

Je demande aux parents de continuer à être prudents dans tous leurs déplacements. Qu’ils partagent les informations entre eux dès qu’ils constatent un mouvement d’éléphants pour que chacun puisse se mettre à l’abri. Mieux, qu’ils saisissent les autorités compétentes.

Je voudrais également demander à l’État Côte d’Ivoire de tout mettre en œuvre pour ramener très rapidement ces éléphants dans leur parc. Nous avons tous vu sur les réseaux sociaux les vidéos de l’éléphant Ahmed en train de faire des dégâts dans un village. Là, Ahmed était seul; imaginez-vous un troupeau de 10 Ahmed dans un village. Qui peut parier sur les dégâts? L’Etat de Côte d’Ivoire doit prendre cela au sérieux et y trouver une solution pour que nos parents retrouvent leur sérénité et leur quiétude.

Honorable, terminons cet entretien par votre avis sur le meeting de la rentrée politique du RHDP le 30 Octobre à Didiévi. Le RHDP annonce son grand retour et sa victoire pour toutes les prochaines élections dans le Département. Votre commentaire…

Laissons les gens parler. Ils savent, je sais. Les réseaux sociaux et les médias n’ont rien à voir avec le terrain. Chacun est libre de dire ce qu’il veut. Par éducation, quand on invite nos parents, ils viennent écouter mais pour ce que je sais, les parents du Département de Didiévi n’abandonneront jamais leur fétiche PDCI-RDA.

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