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    Orpaillage clandestin et exploitation minière artisanale en Côte d’Ivoire : états des lieux avec le ministre

    Orpaillage clandestin et exploitation minière artisanale en Côte d’Ivoire : états des lieux avec le ministre
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 7 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Le ministre ivoirien de l’industrie et des Mines, Jean-Claude Brou, s’est confié à la presse le jeudi 3 août 2017, au sortir d’un déjeuner d’échange avec les opérateurs économiques du secteur minier. Il fait l’état des lieux de l’activité minière en Côte d’Ivoire et dévoile la stratégie du gouvernement pour accroître la production.

    Comment se porte le secteur minier en Côte d’Ivoire ?

    Il faut reconnaître que le secteur minier ivoirien se porte assez-bien aujourd’hui. La production de l’or a atteint 25 tonnes, alors que nous étions autour de 12 tonnes, il y’a 4 ou 5 ans. C’est une production qui est appelée à augmenter avec les mines qui vont entrer en exploitation et les nouvelles découvertes. Nous avons aujourd’hui le secteur du manganèse où nous avons 4 mines en exploitation. La production tourne aujourd’hui autour de 260 mille tonnes. Il faut aussi noter que nous avons une mine de Nickel. C’est la première fois en Côte d’Ivoire. La convention vient d’être signée pour qu’elle entre en exploitation. C’est un gisement d’environ 60 millions de tonnes, avec une production en vitesse de croisière de près de 2 millions de tonnes de Nickel. Nous avons aussi une mine dans le secteur de la bauxite. L’exploitation a déjà démarré. C’est un gisement de 20 millions de tonnes. C’est un secteur qui se densifie et qui se diversifie. L’exploration est intense et se développe rapidement. Nous avons actuellement 180 permis d’exploration en cours de validité. Le nombre augmente, bien entendu. Par exemple, au dernier conseil e ministre, 6 nouveaux permis ont été octroyés.C’est donc un secteur en pleine croissance.

    Quel est l’impacte de l’orpaillage clandestin sur l’économie du pays ?

    Justement, l’orpaillage clandestin a été l’un des sujets abordés ici à cette rencontre;  c’est une question épineuse, un véritable fléau qui touche énormément de pays au sud du Sahara, et qui impacte négativement sur l’économie, avec des effets secondaires tout à fait dommageables. Il faut donc absolument corriger cette situation.

    Quelles sont mesures prises par l’État de Côte d’Ivoire pour lutter contre le fléaux ?

    Le gouvernement a mis en place un programme national qu’on a appelé le Programme national de la réglementation de l’orpaillage. Un programme qui comporte 4 volet. Le premier était la sensibilisation. Ce premier volet consistait à sensibiliser l’ensemble des acteurs que sont les communautés, la chefferie traditionnelle, les entreprises et tout ceux qui sont directement ou indirectement intéressés par cette activité. Les sensibiliser sur les méfaits et les effets négatifs du phénomène. Le deuxième volet était la fermeture de ces sites illicites qui ne respectaient aucune règle. Dans le cadre de ce programme, le gouvernement a fermé plus de 400 sites d’orpaillage clandestin. Plusieurs clandestins ont été interpellés, leur matériels détruits. Le troisième volet, c’est la formalisation du secteur. C’est-à-dire permettre aux opérateurs économique intéressés par le secteur, d’exercer en toute légalité et dans les normes. Ils auront des permis d’exploitation pour opérer. Ces derniers, dans la défense de leurs intérêts, nous aideront faire la police sur le terrain. Ce processus est en cour. Depuis la fin de la phase de déguerpissement, nous avons délivré une cinquantaine de permis semi-industriels d’exploitation. Nous avons aussi délivré plusieurs autorisations artisanales, des autorisations d’achats, etc.

    En quoi consiste le 4e volet du programme ?

    Le 4e volet, c’est la formation. Nous avons mis en place, en partenariat avec la Société nationale du développement minier (Sodemi), un programme de formation pour les acteurs, à travers les atisants miniers, sur les bonnes pratiques de l’artisanat minier. Sur la manière d’exploiter sa petite zone, en respectant les règles de l’environnement. C’est un programme qui se déroule.

    Que se passe-t-il lorsqu’il y a recolonisation ? Parce que, c’est très souvent le cas …

    Nous avons observé une certaine ré colonisation de ces déguerpis. Dans d’autres cas, les clandestins déguerpis ont ouvert d’autres sites ailleurs. Le Gouvernement a donc pris la décision d’agir. Avec l’aide de toutes les parties, le Gouvernement va corriger tout ce qu’il ne va pas, et continuer à mettre l’ordre dans le secteur. L’artisanat minier peut être un puissant pourvoyeur d’emplois. Mais encore faut-il qu’il y’ait de d’ordre et que ceux qui veulent s’adonner à cette activité soient bien formés. C’est ce à quoi veut arriver l’État de Côte d’Ivoire.

    Quel est le manque à gagner de État ivoirien, en raison des activités d’orpaillage clandestin ?

    Écoutez, il m’est impossible d’avancer des chiffres dans ce sens. Puisque, comme son nom l’indique, c’est du clandestin. Il est difficile d’évaluer ce qui est clandestin puisque tout se passe fans le ”noir”. Pour avancer des chiffres, il faut savoir ce qui se passe. Ors, nous parlons d’activités clandestines, illégales qui ne respectent aucune règles, et l’argent passe par des circuits informels. Mais, avec la formalisation, nous en saurons pus. Puisqu’il est dit que désormais, les orpailleurs artisanaux qui travaillent dans la légalité pourront exporter des kilos d’achat par l’aéroport FHB, puisque c’est essentiellement de l’or. Là, nous aurons une meilleur connaissance. L’or, ce n’est pas le diamant. Ça aurait été le diamant, je vous aurais dit ce qui se passe. Notamment, le volume et les valeurs.

    Justement, qu’en est-il pour le diamant ?

    Concernant le diamant, vous savez que nous ne sommes plus sous la sanction internationale. Donc, l’exploitation a repris sous l’autorisation du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Et nous respectons aujourd’hui toutes les conditions internationales en matière de traçabilité. Elle dit que le diamant doit être tracé depuis son lieu d’exploitation jusqu’au lieu de production. Tout le dispositif est en place et fonctionne bien. Aujourd’hui, l’objectif est d’augmenter la production.Nous sommes actuellement à 2500 carats. Ce sont les derniers chiffres de 2016, et il ne d’agit que dune producton artisanale. Avec la Sodemi, nous avons trouvé un mécanisme pour augmenter le nombre de parcelles sur lesquelles les exploitants artisanaux du diamant pourraient avoir accès pour accroître les activités de production. Nous avons deux permis qui ont été octroyés pour l’activité industrielle du diamant. Cela va permettre d’accroître la production. Mais, ce qui est important, c’est de permettre aux artisans d’avoir des parcelles pour augmenter la production artisanale.
     
    Plusieurs opérateurs du secteur miniers se plaignent de la lenteur au niveau du ministère des mines, dans la procédure de délivrance des permis d’exploitation. Comment Expliquez-vous cela et quelles mesures comptez-vous prendre pour accélérer les choses ?

    C’est vrai que l’administration minière doit accélérer les choses, mais, force est de reconnaître que les responsabilités sont partagées. Il faut voir les choses sous les deux angles.Vous avez des opérateurs qui possèdent des permis, je dirai un peu, gelés. Ce sont des opérateurs qui ont plusieurs permis dont certains sur lesquels ils n’ont même pas encore travaillé. Et malgré cela, ils en demandent encore. Lorsqu’un opérateur se trouve dans cette situation et qu’il demande un autre permis, alors qu’il a des activités qu’il n’a pas menées, nous lui demandons de explications. Nous lui demandons en ce moment là de voir ses priorités. Et s’il n’a plus besoin des premiers permis, nous lui demandons de nous les remmener, parce qu’il y a d’autres opérateurs qui en ont besoin. Vous avez également des opérateurs qui déposé des demandes. Mais, qui n’ont pas bouclé tous les dossiers. Quand c’est comme ça, vous convenez avec moi qu’on ne peut pas délivrer le permis. Donc, ne voyez pas seulement l’administration minière.

    Propos recueillis par Jean-Hubert Koffo

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