Le colonel Yapo Marina Madel Directrice de la Sûreté et du domaine a, au nom du directeur général des Affaires Maritimes et Portuaires (DGAMP), le colonel Julien Yao Kouassi, animé le mardi 5 juillet 2022, le panel sur « la sûreté et la sécurité des transports en Afrique de l’Ouest ». Occasion pour elle de plaider pour plus de moyens aux administrations Maritimes pour lutter efficacement contre la piraterie maritime qui selon elle compromet les échanges commerciaux régionaux et internationaux.
« Le phénomène de la piraterie maritime est très préoccupante et compromet la sûreté maritime. 90% des échanges commerciaux se font par voie maritime. Il est donc important de penser à la sécurité des navires et du personnel navigant. Veiller à ce que tous les moyens soient mis à la disposition des différentes administrations pour lutter contre la piraterie », a fait savoir le colonel Yapo Marina Madel qui représentait le directeur général des Affaires Maritimes et Portuaires (DGAMP), Julien Yao Kouassi (paneliste) au forum international et salon africain des Transports.
État des lieux
Selon elle, les ports constituent des cibles d’autant plus sensibles qu’ils sont au centre d’une communauté urbaine avec une forte densité de population et d’activités industrielles. Les infrastructures offshores pétrolières, minières, gazières sont exposées aux attaques des terroristes et des pirates. Ces actes en mer constituent une menace sérieuse pour le trafic maritime. Les espaces maritimes sont également le théâtre d’un développement de la criminalité : drogues, armes, produits pétroliers et êtres humains.
Ampleur de l’insécurité maritime en Afrique de l’Ouest
Selon une étude du bureau maritime international (BMI) de 2019, l’on enregistre en 2016, près de 55 attaques dans le Golfe de Guinée (GG) avec 45 attaques dans les espaces maritimes de l’Afrique de l’Ouest dont 1 cas en Côte d’Ivoire contre 36 au Nigeria.
- En 2017, 45 attaques dans le GG avec 41 attaques en Afrique de l’ouest dont 1 attaque en côte d’ivoire contre 33 au Nigeria ;
- En 2018, sur 82 attaques dans le GG, 68 attaques ont lieu en Afrique de l’ouest dont 1 cas en Côte d’Ivoire contre 48 cas au Nigeria ;
- En 2019, 53 cas dans le GG avec 50 cas en Afrique de l’ouest dont 1cas en Côte d’Ivoire contre 35 au Nigeria ;
- En 2020, 78 attaques dans le GG avec 68 attaques en Afrique de l’ouest dont 3 cas en côte d’ivoire contre 35 au Nigeria ;
- En 2021, 31 attaques dans le GG avec 17 cas en Afrique de l’ouest dont 0 cas en Côte d’Ivoire contre 6 au Nigeria ;
- En 2022, 4 attaques au premier trimestre dans le GG avec 4 cas en Afrique de l’ouest dont 1cas en côte d’ivoire contre 0 cas au Nigeria.
« Au regard des statistiques, du bureau maritime international, le golfe de guinée particulièrement les espaces maritimes de l’Afrique de l’ouest continuent d’être particulièrement dangereux pour le transport maritime et pour les marins qui font l’objet de prise d’otage lors des attaques », a relevé Marina Madel Directrice de la Sûreté et du domaine maritime et fluvio-lagunaire.
Toutefois reconnaît l’Experte, avec le soutien de l’Union européenne et des États-Unis qui financent la formation du personnel intervenant en Mer, ces efforts ont commencé à porter avec la baisse du nombre d’actes de piraterie au regard du rapport du BMI ci-dessus.
Les actions de lutte contre l’insécurité maritime
La réponse apportée par les Etats du golfe de guinée en Afrique de l’ouest dans leur volonté d’éradiquer ces menaces et risques, se traduit par une réforme de la gouvernance du secteur maritime et par un renforcement des capacités intersectorielles en synergie avec les stratégies régionales et la coopération internationale de sécurité maritime.
Aussi, selon le colonel Yapo Marina Madel. Chaque Etat devrait mettre en œuvre toutes les actions et mesures nécessaires conformément à l’accord de Yaoundé signés en 2013.
Lequel accord prévoit la coopération multilatérale avec les pays de la zone ayant en partage la façade maritime, notamment le golfe de Guinée mais également entre les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en vue de mutualiser leurs stratégies et moyens pour garantir la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée.
La DGAMP expose l’expérience de la Côte d’Ivoire
Comme solution de lutte contre l’insécurité maritime, le colonel Yapo Marina Madel a dressé un éventail des actions entreprises par l’état de Côte d’Ivoire.
Il s’agit de l’adoption en 2014 d’une stratégie de l’action de l’Etat en mer ; l’adoption d’un nouveau code maritime (2017) qui intègre la répression de la piraterie et du vol à main armée à l’encontre des navires ; l’adoption du décret fixant les modalités d’application des mesures de sûreté aux navires et installations portuaires ; l’adoption d’un décret portant organisation de l’action de l’état en mer.
Aussi a-t-elle révélé, la Côte d’Ivoire procède au renforcement des capacités du personnel des administrations et des forces d’intervention en mer grâce à la coopération internationale ; elle dispose de centre de partage d’information et de sauvetage maritime (COM de la marine nationale, le MRCC, le CRESMAO) ; elle organise souvent des patrouilles jointes pour la surveillance des espaces maritimes sous juridiction nationale et enfin, a certifié ses ports et ses installations portuaires aux normes de sûreté.
Philippe Kouhon