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Que penser de la colère de la députée Mariam Traoré au Parlement africain : la Côte d’Ivoire, l’Afrique, la forme, le fond et le populisme…

Que penser de la colère de la députée Mariam Traoré au Parlement africain : la Côte d’Ivoire, l’Afrique, la forme, le fond et le populisme…
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Wakili Alafé
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La députée ivoirienne, Mariam Traoré, a du caractère, un caractère bien trempé qui la conduit à réagir à sa manière sur certaines situations. On se souvient, en 2019, de ce qu’il convient d’appeler l’affaire « Ibièkèssè ». Mariam Traoré avait répondu, dans une vidéo en des termes jugés grossiers, à la présidente de femmes du PDCI-RDA, Sita Coulibaly et à ses partisans, suite à une violente attaque verbale et écrite sur les réseaux sociaux contre Kandia Camara. 

Récemment, à Midrand, en Afrique du Sud, lors de la prestation de serment au Parlement africain , au moment de l’élection des instances dirigeantes de l’institution, Mariam Traoré, a montré, une nouvelle fois, sa capacité à réagir à chaud aux événements. Un député Sud-africain venait de rappeler à l’ordre une de ses collègues, ce qui a provoqué la colère de la parlementaire RHDP de Tengrela.

Faut-il défendre Mariam Traoré ou la condamner ?

​En Côte d’Ivoire, Mariam Traoré ne laisse pas indifférent. Elle a des soutiens farouches, qui voient en elle une héroïne, dont les combats sont adossés à de solides convictions, mais aussi elle a des détracteurs sans concession , en particulier depuis l’affaire « Ibièkèssè », affaire dont le pays éburnéen devrait avoir honte, selon ces détracteurs  !  

Pour ses soutiens, au nom de la fierté nationale, la députée Mariam Traoré a, en Afrique du Sud, défendu la Côte d’Ivoire; pour ses détracteurs, elle a, au contraire, humilié la Côte d’Ivoire, les deux camps oubliant oubliant la cause panafricaine. 

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Un débat qui concerne cette cause panafricaine et le projet d’intégration du continent peut-il être le prétexte pour exprimer la fierté nationale ? En réalité, le parlement panafricain reste prisonnier de cette « guerre d’influence » qui se joue entre les pays, entre les zones économiques. Il est un peu  la continuation d’une petite bataille entre les zones CFA et les autres réalités monétaires du continent.

​En défendant la position d’un groupe de pays, Mariam Traoré et les députés francophones ont voulu se porter au secours du Mali, qui venait pourtant d’être suspendu par la Cedeao et l’Union africaine. Ce combat est-il juste ? Ce n’est pas la question que se posent des patriotes ivoiriens qui s’abritent sous le drapeau identitaire. Le cas Mariam Traoré permet ainsi à chacun de faire de la politique politicienne, de la politique intérieure, un peu de populisme , et de la géopolitique.

L’affrontement de pro-Traoré et des anti-Traoré en Côte d’Ivoire

​Ce qui intéresse des Ivoiriens, – et on peut le regretter -, c’est ce combat qui consiste, soit, à brûler la “soldate” Mariam Traoré au seul motif de son caractère et sur fond de polémiques faites de palabres, de scandales ou d’injures publiques ; soit, à glorifier la “soldate” Mariam Traoré, parce qu’elle est une combattante de la dignité de la femme, du droit de la femme ! On a, d’un côté, des  « indignés » Ivoiriens anti Mariam Traoré ; de l’autre, des exaltés Ivoiriens pro Mariam Traoré, qui s’abreuvent à la source du repli ivoirien , qui n’est pas aussi très loin de rappeler le repli ethnique, quand dans un forum sur WhatsAp , un journaliste déplore un camp de journalistes Dioula » ( issus de l’ethnie de Mariam Traoré, originaire du nord de la Côte d’Ivoire ) qui défendraient la députée ! Il oublie que le député Assalé Tiemoko qui a estimé que son collègue n’avait pas tort, n’est pas Dioula.

Le chemin de l’intégration africaine est encore long bien long

​On parle du parlement africain, mais que voyons-nous ? Des batailles régionalistes, nationales, nationalistes, souverainistes, sous couvert d’un patriotisme glorieux et douteux ! La presse internationale traite la question sous l’angle de la bataille entre des députés africains, d’une bataille entre parlementaires anglophones et francophones ! Cette presse internationale n’oublie pas que l’on assiste à ces mêmes combats entre les députés de l’Union Européenne. Mariam Traoré défend les intérêts de la sous-région à laquelle appartiennent les pays africains francophones.

L’affaire du parlement panafricain

Au-delà de la défense des femmes, la colère de Mariam Traoré lors de de l’élection des instances dirigeantes de l’institutionpanafricaine, s’explique aussi par les guerres d’influence qui se sont jouées lors l’assemblée consultative de l’Union africaine. Des députés en sont venus aux mains, se disputant l’urne de l’élection. 

La guerre d’influence qui se joue entre les sous-régions montre qu’il est difficile, pour de multiples raisons, d’aller vers l’unité du continent. Tous les députés ont un même comportement qui ne sert pas les intérêts de l’institution panafricaine. On voit s’opposer les pays francophones et les pays anglophones.

Conclusion

Petit rappel : le Parlement panafricain est l’assemblée consultative de l’Union africaine. L’assemblée est composée de 275 députés. Chacun des pays membres de l’Union envoie cinq députés, dont au moins une femme, élus ou nommés par les parlements nationaux. 

​L’Afrique semble encore prisonnière de ces vieux clivages géographiques hérités de la colonisation, comme nous le montrent des internautes sud-africains, qui voient en la députée ivoirienne la raison de l’échec de leur sous région au parlement panafricain. 

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Ils accusent surtout Mariam Traoré d’avoir permis de constater que le très radical député sud-africain Julius Malema, connu pour son indiscipline et ses provocations racistes, ou anti . Julius Malema, est un « pyromane », prêt à allumer le feu des guerres idéologiques en Afrique. Les faits d’armes du controversé Julius Malena divisent l’Afrique du Sud quand il propose l’expropriation des terres des Blancs au Zimbabwe, quand il entonne des chants de guerre racistes, quand il critique les « pays amis ». Julius Malena veut aujourd’hui fracturer le parlement panafricain.

Les combats de Mariam Traoré ne sont pas  forcément des combats indignes, même si la forme faite de colères et d’écarts de langage de la députée ivoirienne, peut pousser à oublier le fond. Pourtant sur la question, il ne faut pas faire la confusion et l’amalgame entre la forme et le fond.

On pourrait longtemps parler de la forme et du fond en politique ! Le populisme s’arrête toujours  à la forme, les réseaux sociaux viennent nourrir les polémiques !

Wakili Alafé

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