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    Affaire Ani Guibahi : un an après, que sont devenus les déguerpis d’Adjoufou (reportage, Côte d’Ivoire)

    Affaire Ani Guibahi : un an après, que sont devenus les déguerpis d’Adjoufou (reportage, Côte  d’Ivoire)
    Publié le
    Par
    Philippe Kouhon
    Lecture 4 minutes

    Menacés de déguerpissement suite au décès du jeune Laurent Barthélemy Ani Guibahi ( 14 ans) , dont le corps sans vie a été retrouvé dans le train  d’atterrissage du vol Air France en provenance d’Abidjan le 8 janvier 2020  à l’aéroport de Roissy en France,  les habitants du quartier Adjoufou, au sud d’Abidjan, n’ont toujours pas été relogés.  Mieux,  70% sont revenus après leur départ précipité depuis le 13 janvier 2020.

    Abidjan 12 janvier 2021. Il est 15 heures lorsque notre équipe de reportage  arrive au quartier Adjoufou au sud d’Abidjan. Situé dans la zone aéroportuaire,  il avait été menacé d’être rasé après le drame du vol Air France,  début janvier 2020.

    Un an jour pour jour, la clôture du quartier est toujours intacte.  Elle est séparée par une voie de 50 mètres de largeur des barbelés qui entourent l’aéroport coté Est.

    Le 13 janvier 2020, les autorités ivoiriennes, pour la sécurité de la zone aéroportuaire,  ont décidé de raser un périmètre de 200 mètres autour du mur à barbelés. Ce qui obligeait les habitants riverains à quitter les lieux.

    70% sont revenus

    Dicko Abdoulaye et Ali Traoré  sont propriétaires de plusieurs habitations au quartier Adjoufou. 

    « La mairie et les comités de quartiers sont venus nous recenser au cas où l’état devait nous reloger.  Nous sommes près de 600 locataires et propriétaires concernés.  Après nous avoir remis 20 millions de fcfa soit 30.000f CFA par personne comme dédommagement promis par la Mairie, et après que nous avions décoiffé nos maisons,  plus personne n’est revenu nous voir. En tout  cas moi, je n’ai pas bougé. Avec le peu de moyen  que j’avais, j’ai remis les toits. Les quelques-uns de mes locataires qui étaient partis reviennent.  Au moins 70% de gens partis sont revenus » nous fait savoir Dicko Abdoulaye.

    Dans le périmètre admis pour rasage,  on peut encore voir plusieurs bâtiments transformés en véritables dépotoirs.

    «  Les gens reviennent,  mais ils doivent d’abord nettoyer car les jeunes viennent fumer ici s’ils de défèquent pas. Ils ont volé tous les compteurs CIE et SODECI » renchérit Ali Traoré.

    « Qu’on nous oublie.  Nous voulons vivre en paix »

    Les ruines des habitations du quartier Adjoufou

    « Demain 13 janvier 2021 est la date anniversaire de notre déguerpissement. Il était 11 heures ce 13 janvier 2020 lorsque le préfet d’Abidjan  escorté  par  une colonne des forces de l’ordre est venu ici nous intimer l’ordre de quitter nos habitations sous 48 heures , puis reporté à 72 heures. Dans la panique chacun prenait ce qu’il pouvait sauver.  Nous avons par la suite décoiffé nos maisons parce qu’on disait que l’état allait nous recaser sur un nouveau  site. Dieu merci depuis,  personne n’est revenu. Certains sont restés malgré les toits décoiffés et ceux qui sont partis commencent à revenir » nous raconte Momo Stéphane,  assis sous un hangar de fortune en compagnie de plusieurs autres habitants.   

     Momo a 49 ans et est fier d’habiter Adjoufou.

    «  C’est ici que  vous pouvez trouver un loyer pour 10 ou 15 milles f cfa pour  nous les débrouillards. Nous habitons certes un quartier précaire mais nous n’avons pas d’esprits précaires. Ce que nous voulons c’est qu’on nous laisse vivre en paix » ajoute-t-il.

    Pourquoi, alors que l’opération de déguerpissement a été effectuée sur les sites de Euro canal et Amangouakro sur le flanc nord-ouest de la zone aéroportuaire, elle n’a pu se poursuivre du côté d’Adjoufou ?

    Les habitants du quartier Adjoufou doivent-ils leur salut à plusieurs entreprises étrangères installées dans le même périmètre ? Menacées elles aussi de fermeture,  Centaures routiers,  Cfao et Côte d’Ivoire logistique n’ont jamais été inquiétées selon les témoignages sur place.

    « Ils sont  même entrain de construire à côté, une usine  Mercedes » nous informe Kouamé Timothé dit Yakouza.

    Que sont devenus les habitants d’Euro canal et Amangouakro ? Un an après , que retenir de l’affaire de l’enfant parti du train d’atterrissage d’un avion Air France ? Qu’en est-il des mesures de sécurisation de la zone aéroportuaire ? Y a-t-il eu d’autres tentatives ayant avorté depuis lors ? Qu’est devenu le projet de déguerpissement aéroportuaire ? Comment les parents  du jeune Ani Guibahi s’en sont-ils remis ?

    À lire dans nos prochaines publications.

    Philippe Kouhon

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