Mais que se passe-t-il ans votre pays, Excellence Monsieur le Président de la République (Compaoré, ndlr) ? Savez-vous que, quel que soit le temps que vous resterez encore au pouvoir, il sera désormais très difficile de conserver la belle image de faiseur de paix, de négociateur et de médiateur que vous avez patiemment et brillamment bâtie tout au long de votre long règne de 27 ans ?
Excellence Monsieur le Président du Faso il n’est pas encore tard! Oui, il n’est pas encore minuit! Et pourtant, tôt ou tard il fera jour ! Mais alors pourquoi n’avez-vous compris et senti venir cette colère qui monte ! Comment vous le grand médiateur des crises en Afrique , pouvez-vous emboucher la trompette de la non-ingérence des Usa et de la France, le discours souverainistes et anti-colonialiste, qui rappelle si étrangement Thomas Sankara, dont vous avez pourtant rectifié la fougue révolutionnaire . Je sais qu’il est très dégradant pour vous, de voir qu’on vous assimile à Laurent Gbagbo.
Pourtant il vous sera de plus en plus difficile d’éviter cette comparaison, dans votre volonté d’avancer seul contre tous.
Combien de morts et de blessés faudra-t-il pour que le Faso retrouve sa sérénité et que l’alternance se fasse, sans tripatouillage de la Constitution? Je sais que vos amis qui vous aiment tant, ont mal de voir ce qui vous arrive, et qui arrive à votre pays ! Excellence Monsieur le Président, dites-moi ce qui se passe-au Burkina Faso? Parlez je vais vous écouter. Mais sachez qu’après vous avoir écouté, je ne ferai qu’une seule chose : vous lire et vous dire mon plaidoyer suivant, ma supplication suivante : Au nom de notre gratitude pour tout ce que vous avez fait pour nous Ivoiriens, pour nous Africains , au nom de ce que l’Afrique vous doit, au nom de la vérité que vos filleuls ivoiriens, vos amis Ivoiriens sentent le devoir de vous dire, mais qu’ils ne peuvent vous dire, tant vous avez été un homme bon et disponible pour eux t la vérité ne fait pas que rougir les yeux, elle gâche l’amitié et tue même la fraternité) ; en vertu des liens et des alliances avec le beau fils, le beau père que vous êtes ; -estimant que même si vous n’avez pas votre Medvedev, et que vous ne voulez pas faire comme Poutine ;
-vu que malgré la maîtrise totale , et le verrouillage du système politique dans son pays, Vladimir Poutine n’a pas cru utile de modifier la Constitution pour rester président ; vu que nous pensons que 27 ans après, vous pouvez et devez avoir votre Aboudrahamane Sangaré comme Gbagbo, ( c’est-a-dire un homme fidèle et dévoué qui ne vous trahira point, et qui fera tout pour que rien ne vous arrive si vous quittez le pouvoir) ; estimant que par exemple le président Ouattara peut dormir tranquille et être convaincu que rien de mal ne lui arrivera, en pensant que Amadou Gon Coulibaly , Guillaume Soro, Hamed Bakayoko, Ibrahim Ouattara, ou même Duncan pourraient lui succéder ; estimant que ne pas vouloir, ni pouvoir trouver cet oiseau rare, cet homme de confiance dans votre pays pour poursuivre votre action est un échec total ; convaincu que même si vous passez l’étape de la modification de la constitution , de la candidature et que même si vous êtes réélu, le combat ne serait pas pour autant gagné; considérant le risque de voir bientôt la CPI vous mettre en garde contre tout dérapage ; prenant en compte l’hostilité grandissante à l’extérieur, nous avons l’honneur, Excellence Monsieur le président du Faso, de vous prier respectivement d’accepter de renoncer à vous présenter une nouvelle fois, à l’élection présidentielle dans votre pays.
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Faites ce sacrifice suprême! Vous avez déjà tant donné au Faso et à l’Afrique! Vous n’avez plus rien à prouver! Imaginez Pelé, Maradona, Platini, Mila et autres ancien joueurs voulant encore chausser les crampons? Bien entendu, on vous dira que la politique n’est pas le football! Je sais mais je voulais jouer sur l’image pour aider à comprendre les attentes de votre peuple et des peuples d’Afrique ! Excellence , vos partisans préparent des contre manifestations , et disent que pour ce que vous avez fait pour votre pays, vous ne méritez point d’être ainsi vilipendé dans la rue . Mais souvenez-vous de ce qui était arrivé au grand Houphouët lui-même ! ” Houphouët voleurs, Houphouët voleur”, disait une partie de la rue et du peuple . Vous savez Excellence Monsieur le Président , les peuples sont ingrats partout dans le monde ! Le Roi est mort, vive le Roi! En Lybie, en Tunisie, en Egypte, en Côte d’Ivoire la vie continue après le départ, des hommes “forts” à la tête des institutions devenues fortes. Soyez sûr d’une chose: vos partisans les plus irréductibles prendront leurs jambes à leur coup, lorsque la pression se fera plus forte! N’est-ce cette même pression du peuple qui vous avait déjà contraint il y’a quelques années à accepter la mention de la limitation des mandats, dans la Constitution de votre pays ? Comment pouvez-croire que le peuple fier de votre pays, que cette jeunesse digne qui vous a si longtemps accompagné , cette jeunesse frondeuse et révoltée qui a eu pour mentor Thomas Sankara, révolutionnaire éphémère, ayant émerveillé et enthousiasme au-delà de son pays; que cette jeunesse-là resterait tout le temps couchée , sans pouvoir dire un jour : ” ça suffit!”.
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Parmi les manifestants, de nombreux jeunes n’étaient pas nés il y’a 27 ans; d’autres venaient à peine de naître et ne savaient rien. Les adultes et vos anciens collaborateurs sont fatigués non pas de vous, mais de votre règne! Ils ne veulent pas être dupes, car ils savent que vous pouvez être encore bon pour le service. Malgré votre longévité au pouvoir, vous êtes encore jeune par rapport à Bédié, à Ouattara et même à Laurent Gbagbo. Si la constitution est modifiée pour vous permettre d’etre candidat en 2015, aucune parole, aucune garantie, rien au monde ne peut dire que vous ne modifierez pas encore pour 2020. Comment voulez vous que vos adversaires acceptent que vous allez encore les gouverner durant au moins 10 ans, sinon plus? Vous voulez faire sauter la limitation des mandats. Et passer de dix ans maximum à 15 ans soit trois mandats, après avoir écourté le mandat présidentiel de 7 à 5 ans, en occultant le débat de la rétroactivité ! Excellence Monsieur le président, je vous aime bien, mais trop c’est trop! Ça suffit!
Signé : un jeune africain, qui pourrait sans doute beaucoup gagner de votre maintien au pouvoir !
SEKA
