Connu sous le pseudonyme de Commandant Watchard Kédjébo, membre de l’ex-majorité présidentielle en Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo, Ferdinand Kouassi est depuis la chute de son mentor en avril 2011, en exil. Rencontré au Ghana, le tout nouveau président du Congrès national du peuple de Côte d’Ivoire (CNPCI), son parti politique reconnu par les autorités ivoiriennes, évoque dans un entretien avec Afrikipresse.fr les conditions de son retour au pays et se prononce sur la situation, au Burkina Faso. Ci-dessous l’extrait relatif à la chute de Blaise Compaoré. : ” Je voudrais ici saluer la révolution du peuple burkinabè. C’est encore une vérité historique. Le peuple est maître de son destin, de son devenir et il donne le pouvoir à qui il veut. Et lorsqu’on arrive au pouvoir en 1987, dans les conditions dans lesquelles Blaise Compaoré est arrivé et que vous soumettez votre peuple à toutes sortes de brimades, il va s’en dire qu’un jour, le peuple se révoltera et c’est ce qui est arrivé. Aucune armée au monde ne peut résister à un peuple qui veut prendre son destin en main.”
” Un exilé n’est pas un aventurier”
Comment vous sentez-vous, ici en exil ?
Je suis ici depuis avril 2011, comme bien d’autres d’ailleurs. Nous avons fui notre pays pour trouver refuge ici, au Ghana, afin de sauver nos vies et fondamentalement pour moi, rien n’a changé dans mon quotidien. Nous sommes donc ici où nous continuons de travailler afin de retourner dans notre pays dignement pour contribuer à l’effort de reconstruction nationale en participant à la vie du pays.
Quelles sont vos conditions pour votre retour définitif au bercail ?
Vous savez nous sommes en exil. Un exilé, ce n’est pas un aventurier. Nous ne sommes pas non plus des vacanciers. Évidement un certain nombre de conditions doivent être réunies pour que nous puissions regagner notre terre natale. Nous avons échangé entre nous, et au nom de la LMP (La Majorité Présidentielle, sous Gbagbo), nous avons demandé au Front populaire ivoirien (Fpi, le parti de Laurent Gbagbo) de mener les démarches auprès du gouvernement ivoirien afin que nos préoccupations soient soumises à qui de droit pour que nous puissions regagner notre pays.
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Malheureusement, vous savez ce qui se passe au pays, l’atmosphère est tendue entre le Fpi et le gouvernement et aujourd’hui, les choses sont au point mort. C’est vrai que ces derniers temps, il y a eu des vagues de départ mais en ce qui nous concerne, nos conditions ont toujours été les mêmes, c’est-à-dire, le problème qui nous a poussé à sortir du pays doit être résolu. C’est le problème de sécurité. Que notre sécurité soit garantie et que la Côte d’Ivoire redevienne un État de droit afin que nous retrouvions notre liberté d’expression et d’opinion. Puis, nos domiciles sont toujours occupés et nos bien confisqués. Il appartient donc au gouvernement d’avoir une oreille attentive à toutes ces préoccupations afin que les uns et les autres rentrent en Côte d’Ivoire en toute quiétude.
Bien qu’étant ici en exil, vous avez créé un parti politique en Côte d’Ivoire qui est légalement reconnu par les autorités ivoiriennes. Pouvez-vous nous le présenter ?
Je voudrais d’abord saluer mon vice-président qui est ici, à mes côtés, le camarade militant Konan Blé Osvalte qui est venu il y a une semaine m’apporter la bonne nouvelle, en me disant que mes documents ont été déposés. Nous avons désormais un récépissé signé de l’Etat de Côte d’Ivoire qui nous permet de commencer nos activités politiques. Je voudrais dire que grande est notre joie d’avoir dorénavant un instrument à notre disposition qui est le CNPCI qui nous permet d’exercer nos activités politiques en Côte d’Ivoire. Avec donc le CNPCI, nous voulons apporter notre vision à la nouvelle Côte d’Ivoire que nous projetons.
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Nous voulons, à travers notre parti, participer au développement et à la reconstruction de la nouvelle Côte d’Ivoire. Vous savez, la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire nous a permis de comprendre beaucoup de chose et aujourd’hui, la situation actuelle de notre pays nous permet de constater qu’il y a un déficit de justice. Les objectifs du gouvernement actuel n’ont pas été atteints et les Ivoiriens sont restés dans l’attente, ils sont restés sur leur faim donc, le parti que nous sommes en train de présenter aux Ivoiriens vient à point nommé pour leur apporter une nouvelle recette parce que les Ivoiriens ont soif de justice. Les Ivoiriens ont également soif d’équité et soif de quitter l’état de pauvreté. La pauvreté et l’insécurité s’accentuent en Côte d’Ivoire, c’est pour cela qu’à travers cet instrument que nous avons créé, nous voulons apporter quelque chose de neuf aux Ivoiriens.
Que pensez-vous du changement de régime au Burkina Faso
Je voudrais ici saluer la révolution du peuple burkinabè. C’est encore une vérité historique. Le peuple est maître de son destin, de son devenir et il donne le pouvoir à qui il veut. Et lorsqu’on arrive au pouvoir en 1987, dans les conditions dans lesquelles Blaise Compaoré est arrivé et que vous soumettez votre peuple à toutes sortes de brimades, il va s’en dire qu’un jour, le peuple se révoltera et c’est ce qui est arrivé. Aucune armée au monde ne peut résister à un peuple qui veut prendre son destin en main.
Par Claude D, à Accra.