L’acronyme COP fait référence à la « Conférence des parties » (« Conference of the Parties » en anglais) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Il existe deux COP, une COP très connue, consacrée à la lutte contre le réchauffement climatique, et une COP, moins connue que sa « grande sœur » sur le climat, dont l’objectif est d’agir face à la dégradation des terres, la désertification et la réduction du couvert forestier.
Le traité international de lutte contre le réchauffement climatique a été adopté au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 et il a été ratifié par 197 parties (196 Etats et l’Union européenne). La COP 21 qui s’est tenue à Paris, aboutit à la signature, à l’unanimité des 190 participants, d’un accord-cadre (« Accord de Paris »), qui fixe comme objectif la limitation du réchauffement climatique à moins de 2 °C. L’État organisateur hôte de la COP 27, qui se tiendra en 2022, sera l’Égypte.
La première COP consacrée à la lutte contre la dégradation des terres s’est tenue à Berlin en 1995. En 2010, cette convention de l’ONU avait adopté « Les objectifs d’Aichi ». Abidjan a accueilli, en mai 2022, la COP 15. Quels sont les points communs entre les deux COP ?
Les deux COP sont des conventions de l’ONU ; elles reconnaissent l’existence d’un changement climatique d’origine humaine et donne aux pays industrialisés le primat de la responsabilité de la lutte contre ce phénomène ; elles poussent les gouvernements à agir concrètement ; elles cherchent à mobiliser la société civile et à sensibiliser l’opinion publique sur les conséquences néfastes du réchauffement climatique et de la désertification pour la biodiversité, le développement économique et social, la sécurité alimentaire et le « vivre ensemble » communautaire ; elles prônent des mesures radicales et rapides ; elles sont chargées de la mobilisation des moyens financiers.
Les COP ont permis une véritable prise de conscience qui a eu pour effet la réorientation de l’économie mondiale vers un modèle à bas carbone, ce qui implique un abandon progressif des énergies fossiles. Mais, face aux objectifs ambitieux qui sont les leurs, le point faible des COP est qu’elles ne peuvent présenter que des intentions et non imposer des engagements contraignants. Elles se heurtent à la situation des pays en développement qui ont besoin, pour mettre en œuvre les mesures adoptées et atteindre les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique et la désertification, de moyens financiers et de transfert de technologies.
La COP 15 face à la menace de la désertification
Lors de la quinzième session de la Conférence des parties de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (COP 15), qui s’est tenue à Abidjan, en présence de nombreux chefs d’Etat, Alain-Richard Donwahi, l’ancien ministre des Eaux et Forêts a été élu, par acclamation des délégués, Président de la COP 15. Il succède, pour une durée de deux ans, au ministre indien de l’Environnement et du Climat, Bhupender Yadav. « Quel défi ! », s’est exclamé dans un bref discours de remerciements Alain Donwahi, peu après son élection.
Un véritable défi pour celui qui aura à cœur de conduire une action exemplaire à la tête de la COP 15 en s’assurant que les mesures adoptées seront bien mises en œuvre à horizon 2050, avec une étape à 2030.
En 2010, cette convention de l’ONU, qui s’était tenu au Japon, avait adopté les « Objectifs d’Aichi », au nombre de vingt, avec, comme slogan, « Vivre en harmonie avec la nature ». Quels étaient ces objectifs ? Réduire au moins de moitié, ou lorsque c’est possible à près de zéro, le taux de perte d’habitats naturels, y compris les forêts ; fixer un objectif de sauvegarde de la biodiversité pour 17 % des zones terrestres et des eaux continentales et pour 10 % des zones marines et côtières ; restaurer au moins 15 % des zones dégradées.
En 2022, 12 ans après, on constate que les « Objectifs d’Aichi », qui constituaient le « Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 » pour la planète, n’ont pas été atteints. Cet échec s’explique principalement par un manque de volonté politique, les Etats n’ayant pas suffisamment fait de la préservation de la nature et de la biodiversité une priorité absolue. Aujourd’hui, il est urgent d’agir face à la menace de la désertification.
L’ONU a lancé « un appel à l’action pour faire en sorte que la terre, qui est notre source de vie sur cette planète, continue de profiter aux générations présentes et futures ». Face aux représentants des 197 pays membres, Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unis sur la lutte contre la désertification, a déclaré, le lundi 9 mai, à l’ouverture de la COP15 : « La COP15 est le moment pour nous de marquer l’Histoire. » L’urgence est planétaire : 40 % des terres sont déjà dégradées dans le monde, ce qui affecte la moitié de l’humanité, notamment dans les pays les plus pauvres, soumis à l’insécurité alimentaire et au manque d’eau.
L’Afrique, le continent le plus touché par la désertification
L’Afrique est le continent le plus touché par la désertification. Les Chefs d’Etat africains sont désormais conscients de l’urgence climatique, notamment dans et au sud de la bande sahélienne. Alain Donwahi, en lien avec le Tchadien Brahim Seïd, le Secrétaire Exécutif de l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte (APGMV), voudra poursuivre et réactiver ce projet pharaonique, qui vise à restaurer sur une bande de 8 000 kilomètres allant du Sénégal à Djibouti, 100 millions d’hectares de terres arides en Afrique d’ici à 2030.
En Côte d’Ivoire, le nord-est du pays subit une sécheresse qui accélère l’avancée de la désertification. Aujourd’hui, 60% des terres productives de Côte d’Ivoire sont menacées par une dégradation dont les causes sont multiples (réchauffement climatique, périodes de sécheresse entraînant un déficit hydrique, sur-urbanisation incontrôlée et surpopulation, agriculture intensive, destruction du couvert forestier).
Chaque année, le désert avance de 5 kms au sud du Sahel. De plus en plus rares et de plus en plus appauvries, les terres agricoles peinent à nourrir les populations et garantir la souveraineté des Etats dans un secteur stratégique. La cohabitation difficile, dans certaines régions, entre les agriculteurs et les éleveurs, menace la concorde communautaire. Les conflits de plus en plus nombreux entre éleveurs et planteurs, qui appartiennent à des ethnies différentes, sont instrumentalisés par les groupes terroristes.
Le premier colloque mondial élevant la question de l’environnement au rang de problème international d’importance majeure, ainsi que de la première occurrence de droit international contraignant dans le domaine de l’environnement s’est tenu à Stockholm en 1972 (Conférence de Stockholm). Sont arrivées ensuite les COP.
A la tête de la COP15, Alain Donwahi souhaite s’engager pleinement dans sa nouvelle mission. Homme de conviction et de culture, connu pour ses talents de négociateur, Alain Donwahi dispose d’un important réseau parmi les décideurs publics (chefs d’Etat, ministres) et les acteurs privés. Il devra faire preuve de volonté, de créativité et d’inventivité pour atteindre les 3 objectifs qu’il s’est fixé : 1) relancer la COP 15 2) lui donner la notoriété de sa « grande sœur » sur le climat 3) mettre en œuvre un nouveau « Plan stratégique pour la diversité biologique et la lutte contre la désertification ».
Il devra, pour cela, savoir s’entourer et conduire des actions de sensibilisation et d’information. La protection de l’environnement, autrefois sous-estimée, est devenue une priorité absolue qui dépasse de loin le simple souci écologique qui est de préserver la biodiversité. La COP 15 est l’occasion pour Alain Donwahi de marquer l’Histoire. Mais, qui connaît aujourd’hui la COP15 ?
Christian Gambotti
Agrégé de l’Université – Président du think tank Afrique & Partage – Directeur général de l’Université de l’Atlantique
Contact :cg@afriquepartage.org