Afrikipresse
    Économie

    Côte d’Ivoire sur la liste grise du GAFI : Une décision contestée au regard des efforts nationaux

    Côte d’Ivoire sur la liste grise du GAFI : Une décision contestée au regard des efforts nationaux
    Publié le
    Par
    Philippe Kouhon
    Lecture 3 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    L’inscription récente de la Côte d’Ivoire sur la liste grise du Groupe d’Action Financière (GAFI) a surpris de nombreux observateurs. Ce classement, censé renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, soulève des interrogations quant à sa légitimité, surtout dans un contexte où le pays a initié d’importantes réformes financières depuis 2011. Retour sur les efforts de la Côte d’Ivoire et analyse des enjeux qui entourent cette décision.

    Depuis 2011, la Côte d’Ivoire a mis en place un arsenal juridique et institutionnel destiné à assainir son système financier. La création de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) et du Pôle Pénal, Économique et Financier (PPEF) témoigne d’une volonté politique forte de lutter contre les infractions économiques. En augmentant les ressources dédiées à ces structures, les autorités ont montré leur engagement à surveiller de près les transactions financières.

    En outre, la Côte d’Ivoire s’est alignée sur les normes internationales dictées par le GAFI pour garantir la transparence de ses flux financiers. Ce processus d’adaptation aux recommandations internationales a renforcé la crédibilité financière du pays, comme en témoigne l’amélioration de sa note par des agences de crédit reconnues, telle que Moody’s.

    Un signe de confiance : L’attrait continu des investisseurs internationaux

    Malgré cette inscription sur la liste grise, la Côte d’Ivoire conserve la confiance des investisseurs étrangers, notamment à travers le succès de ses émissions de titres sur les marchés internationaux. En janvier 2024, une émission de euro bonds a attiré 8 milliards de dollars de souscriptions pour une offre initiale de 2,6 milliards de dollars, ce qui illustre l’intérêt et la reconnaissance des acteurs financiers internationaux pour l’économie ivoirienne.

    Cet engouement est le reflet de la solidité économique du pays, de son potentiel de croissance et de l’impact positif des réformes entreprises. La Côte d’Ivoire reste donc un partenaire crédible et attractif sur la scène financière internationale, en dépit de la décision du GAFI.

    La diaspora libanaise : Un bouc émissaire géopolitique?

    Parfois présentée comme un risque potentiel en raison des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, la diaspora libanaise en Côte d’Ivoire a pourtant joué un rôle actif dans le développement économique du pays depuis des décennies. Si certains analystes associent cette communauté à des activités potentiellement sensibles, cet argument paraît peu fondé dans le contexte ivoirien. La contribution économique de cette diaspora est indéniable, et son implication en Côte d’Ivoire n’est pas directement liée aux dynamiques de conflit au Liban. Cet amalgame reflète davantage des préoccupations géopolitiques externes qu’une réalité économique locale.

    Les enjeux politiques internes : Une décision instrumentalisée ?

    Alors que la Côte d’Ivoire approche de l’élection présidentielle de 2025, l’inscription sur la liste grise du GAFI pourrait être exploitée à des fins politiques par des opposants au pouvoir. Cependant, il convient de souligner que les actions menées par le gouvernement ivoirien pour assainir le secteur financier ont reçu une reconnaissance internationale. Le parti au pouvoir, le RHDP, peut se prévaloir d’une gestion proactive et transparente, ce qui rend les tentatives de manipulation des faits peu convaincantes et potentiellement vaines.

    Une décision polémique au regard des réformes accomplies

    La Côte d’Ivoire a pris des mesures substantielles pour répondre aux attentes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. L’inscription sur la liste grise du GAFI semble ainsi davantage motivée par des enjeux géopolitiques que par des manquements réels au niveau de son cadre réglementaire. En maintenant la confiance des investisseurs et des partenaires financiers, le pays démontre qu’il reste un acteur financier stable et fiable dans la région, malgré des critiques aux motivations discutables.

    Philippe Kouhon

    Réagir à l'article
    Recrutement ARSTM

    Publiés récemment

    Le médecin holistique : embrasser son rôle au-delà de la blouse blanche

    Le médecin holistique : embrasser son rôle au-delà de la blouse blanche


    Travail décent / Josée Laporte : « Les points focaux sont actifs en Côte d’Ivoire depuis 2018 »

    Travail décent / Josée Laporte : « Les points focaux sont actifs en Côte d’Ivoire depuis 2018 »


    Concours Moov Application 2024 : Le projet de l’Université Félix Houphouët-Boigny séduit le jury

    Concours Moov Application 2024 : Le projet de l’Université Félix Houphouët-Boigny séduit le jury


    Programme IPAS : 100 entreprises financées et plus de 5 600 emplois créés dans le Sahel par l’UE

    Programme IPAS : 100 entreprises financées et plus de 5 600 emplois créés dans le Sahel par l’UE


    Révision de la liste électorale : à Agboville, le MEERCI apporte sa contribution à l’atteinte des objectifs du RHDP

    Révision de la liste électorale : à Agboville, le MEERCI apporte sa contribution à l’atteinte des objectifs du RHDP


    Dédicaces de CanPutschFoot à New York et Washington : le ministre Adom, Ibrahima Touré et Inza Camara remerciés

    Dédicaces de CanPutschFoot à New York et Washington : le ministre Adom, Ibrahima Touré et Inza Camara remerciés



    À lire aussi