Ouvrant le Forum de réflexion organisé à Accra au Ghana par l’Union africaine sur les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique qui s’est tenu le mardi 15 mars 2022, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo a indiqué que les coups d’État retardent la croissance d’un pays. Il a également dénoncé l’attitude de certaines puissances étrangères au continent.
Présidée par le Président en exercice de la CEDEAO, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, la cérémonie d’ouverture du Forum a enregistré la présence de plus 300 participants venus de plusieurs régions d’Afrique. À cette occasion, le numéro un ghanéen a déploré les agissements de certaines puissances étrangères relativement aux coups d’État en Afrique.
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Nana Addo Dankwa Akufo-Addo a dénoncé les coups d’État en ces termes : « Notre unité et notre détermination sont un message clair aux faiseurs de coups d’État. (…) Les coups d’État n’ont jamais été et ne seront jamais des solutions durables aux défis politiques, économiques et sécuritaires de l’Afrique (…) Les coups d’État, les changements anticonstitutionnels de gouvernement, retardent la croissance d’un pays».
Condamnation d’accord mais action efficace d’abord
Selon le Président Akufo-Addo, les déclarations condamnant les coups d’État à elles seules, ne suffisent pas. «Sans action correspondante, nous n’aboutirons à rien, comme on l’a vu ces derniers temps. Ce problème de coup d’État nécessite une action collective et audacieuse, une dissuasion efficace et des mesures préventives adéquates », a-t-il estimé.
« La démocratie comme mode de gouvernance est préférable (…) Il y a ceux qui recherchent un régime autoritaire et personnel, parce qu’ils prétendent que l’Afrique est sous-développée et que la démocratie n’est pas une bonne chose (…) Il y a ceux qui cherchent des raccourcis pour exercer le pouvoir sans limites, et il y a ceux qui n’ont aucun respect pour les choix libres de nos peuples souverains », a rappelé le Président ghanéen.
L’hôte du Forum a affirmé qu’en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO, il a été directement témoin des effets dévastateurs que les coups d’État et les tentatives de coups d’État ont eu sur la région.
Quelques facteurs à la base des coups d’État en Afrique selon Nana Akufo-Addo
«Il y a eu des coups d’Etat au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, et une tentative infructueuse en Guinée-Bissau (…) L’Union africaine et la CEDEAO ont identifié quelques facteurs à la base de changements anticonstitutionnels de gouvernement. Parmi eux figurent, selon le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, les lacunes dans la gouvernance, la cupidité politique, la mauvaise gestion de la diversité, l’incapacité à saisir les opportunités, la marginalisation, les violations des droits de l’homme, la réticence à accepter la défaite électorale, la manipulation des constitutions et leur révision par des moyens anticonstitutionnels pour servir des intérêts personnels et ainsi de suite», a -t-il confié.
Pour le Président Akufo-Addo, la réapparition des coups d’État en Afrique sous toutes ses formes et manifestations, doit être condamnée par tous, car elle sape sérieusement la tentative collective de débarrasser le continent africain de la menace d’instabilité et de changements anticonstitutionnels de gouvernement.
« Certaines puissances étrangères considèrent les coups d’État dans les pays africains comme un moyen de renforcer leurs ambitions régionales. En tant que tels, elles s’engagent dans toutes sortes de campagnes de désinformation dans le but de dénigrer l’autorité des gouvernements démocratiquement élus et d’initier des protestations de l’opposition contre ces gouvernements élus », a ajouté le Président ghanéen.
Prendre en compte la dimension internationale
Il a également noté que la dimension internationale ne peut pas être négligée, car la participation étrangère à la promotion de changements anticonstitutionnels, souvent en faveur de gouvernements répressifs, d’intérêts économiques étrangers et d’autres avantages géopolitiques potentiels, sont des facteurs contributifs.
Nana Addo Dankwa Akufo-Addo a indiqué que les pays, où des coups d’État ont eu lieu, ont été sanctionnés et suspendus, ainsi que leurs dirigeants faiseurs de coups d’État ont été aussi individuellement sanctionnés.
Mais le Président du Ghana déplore que certaines sanctions n’ont pas été réellement appliquées. « Alors que nous sommes prompts à sanctionner les faiseuses des coups d’État militaire, certains civils, en collusion avec ces militaires tentent de contourner les sanctions à travers des stratégies de désinformation (…) Cela signifie que les cadres existants doivent être renforcés pour se saisir de telles infractions », a terminé le Président Akufo-Addo.
Joël Touré, envoyé spécial à Accra.