La Côte d’Ivoire est devenue le premier importateur de vin en Afrique. La croissance de son marché reste dynamique, soutenu par une classe moyenne croissante, et malgré de nombreux obstacles fiscaux.
Les Ivoiriens sont les premiers importateurs de vin en Afrique. C’est ce que démontrent les chiffres du Département américain de l’Agriculture (USDA). Avec des chiffres exceptionnels pour 2023, 72 000 tonnes de vin importées pour une valeur de 64 millions de dollars, la Côte d’Ivoire passe devant ses voisins d’Afrique du Sud (54,3 millions de dollars), de Namibie (40 millions de dollars) et du Kenya (23,9 millions de dollars). Ces chiffres record pour le continent affichent un engouement pour le vin et notamment chez les classes moyennes émergentes.
Visiblement, le marché ivoirien du vin est prometteur. Il est porté par une classe moyenne de plus en plus exigeante en matière de style de vie et de consommation. Ce marché juteux est dominé par l’Espagne qui représente à lui seul 88 % des importations totales en volume pour un montant de 41 millions de dollars. Selon l’agence de conseil économique et financier (Ecofin) ce sont 67 934 tonnes de vin qui ont été expédiées par l’Espagne vers la Côte d’Ivoire. La France se classe deuxième, ayant quant à elle misé sur des vins de meilleure qualité et haut de gamme comme les bordeaux alors que les Espagnols ont plutôt fait le pari de produits plus accessibles et des cuvées d’entrée de gamme sur le marché. Cette même étude rapporte 80 % du vin est écoulé à travers des points de vente au détail et le reste à travers les bars, les hôtels et les restaurants.
Nouveaux défis
Malgré son dynamisme et la croissance de la classe moyenne, le marché ivoirien du vin doit affronter de nombreux obstacles, parmi lesquels un vrai mur fiscal. En effet, les taxes élevées constituent un frein majeur : droits d’accise de 35 %, TVA de 18 %, droits d’importation de 20 %, et une surtaxe à l’importation de 25 % ! Selon les estimations, entre 60 % et 75 % du prix final du vin importé, est constitué par ces prélèvements, qui pénalisent l’accessibilité aux consommateurs. Malgré des chiffres prometteurs, la pression économique due a l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat des consommateurs fait régresser les ventes du vin : celles-ci se sont repliées de 8 millions de dollars sur le premier semestre 2023 par rapport à la même période de 2022 selon les estimations l’USDA. Au-delà de la Côte d’Ivoire, le vin devient un enjeu stratégique pour l’Afrique, avec une production croissante et une demande qui s’intensifie.
Le continent qui a encore des défis économiques et sécuritaires à relever saura-t-il saisir les formidables opportunités qu’offre le secteur vinicole? Ce breuvage devra encore convaincre face aux rudes concurrents que sont le vin de palme et les bières dont les prix de vente restent nettement plus compétitifs que ceux du vin.
Constantine Ndoko