Face aux accusations alarmantes de pêche illicite ravageant les écosystèmes marins ivoiriens, le ministère des Ressources animales et halieutiques apporte un éclairage précis. Entre réformes legislatives, dispositifs de contrôle renforcés et coopération internationale, la Côte d’Ivoire s’engage résolument dans une gestion durable de ses ressources halieutiques.
Le récent article du Perroquet Libéré, paru le 13 janvier 2025, a jeté un
pavé dans la mare en dénonçant une supposée pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) orchestrée par des armateurs chinois opérant sous pavillon ivoirien. Ces pratiques, selon le journal, menaceraient gravement les écosystèmes marins, la sécurité alimentaire et l’économie nationale. Interrogé à ce sujet, le ministère des Ressources animales et halieutiques a tenu à clarifier la situation et à rappeler les nombreuses mesures prises par l’État pour contrer ce fléau.
Un constat mondial, des solutions locales
Bien que la FAO ait signalé une baisse mondiale des stocks halieutiques biologiquement durables, passant de 64,6 % en 2019 à 62,3 % en 2021, le ministère ivoirien réfute toute extrapolation alarmante sur la situation nationale. Selon les premières évaluations de la campagne 2024 menée par le navire scientifique Fridtjof Nansen, les ressources marines
ivoiriennes montrent des signes de reconstitution, confirmant leur viabilité.
Depuis 2016, la Côte d’Ivoire a adopté une série de réformes législatives et réglementaires pour mieux encadrer le secteur de la pêche. La loi n°2016-554 et ses décrets d’application ont instauré un cadre clair, incluant la délivrance de licences annuelles non transmissibles et la délimitation stricte des zones de pêche. De plus, des outils comme le Suivi, Contrôle et Surveillance (SCS) et l’installation obligatoire des systèmes de suivi par satellite (VMS) sur les navires permettent un suivi en temps réel des activités en mer.
Une lutte renforcée contre la pêche INN
L’adoption d’un plan d’action contre la pêche INN (2015-2019) et la ratification de l’Accord de la FAO en 2022 démontrent l’engagement du pays à combattre ce fléau. L’instauration d’un repos biologique depuis 2023, limitant les activités de pêche pendant deux mois pour les navires industriels, illustre également les efforts pour protéger les ressources halieutiques.
Des moyens opérationnels accrus
Le renforcement de la capacité de la Marine nationale et des services de surveillance a permis une meilleure maîtrise des activités en mer. Avec l’acquisition de nouveaux patrouilleurs, vedettes et drones, des patrouilles régulières sont désormais menées en collaboration avec la Marine nationale.
Des accusations de complicité réfutées
Le ministère rejette fermement les allégations de complicité
administrative. Selon lui, les inspections régulières et les contrôles rigoureux montrent que les textes en vigueur sont appliqués avec rigueur. De plus, aucune entité, qu’elle soit nationale ou étrangère, ne détient de monopole sur la chaîne de distribution des produits de la pêche.
Des efforts constants pour une pêche durable
La Côte d’Ivoire a intégré dans son cadre juridique les recommandations internationales pour une gestion durable des ressources halieutiques. De la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer à l’accord sur les stocks chevauchants de 1995, en passant par les mesures de gestion harmonisées avec le Comité des Pêches du Centre-Ouest du Golfe de Guinée, tout est mis en œuvre pour garantir la durabilité des ressources et la sécurité alimentaire.
En dépit donc des défis, l’engagement de l’État ivoirien démontre que la
préservation des écosystèmes marins et la protection des communautés côtières restent des priorités absolues.
Philippe Kouhon