Au terme du congrès constitutif de son nouveau parti politique, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), le dimanche 18 octobre 2021 à Abidjan, le président Laurent Gbagbo a fait des précisions sur son ambition, celle de partir à la retraite, mais pas de façon brusque.
Devant les membres de sa nouvelle formation politique réunis en congrès depuis le samedi 16 octobre 2021 au Sofitel hôtel Ivoire-Abidjan, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, nouveau président du Parti des peuples africains (PPA-CI) a prononcé une sorte de discours d’orientation qui dévoile son ambition actuelle : «La structure du parti que j’ai voulu, que je vous ai proposé, c’est une structure pour préparer mon retrait, pour que demain, je puisse m’en aller tranquillement dans mon village, sans regret. C’est une structure pour que le parti, lui-même puisse avoir l’œil sur celui qui le dirige. J’ai travaillé des mois à ça. Depuis ma libération de La Haye, depuis que j’étais à Bruxelles et que je suis revenu en Côte d’Ivoire, je travaille à ça. Comment partir demain sans causer des dommages à notre instrument de combat, car il nous faut un instrument de combat, il faut que nous ayons toujours notre instrument de combat (…) Mon ambition aujourd’hui, c’est de partir, pas pour vous abandonner. Je serai toujours un militant de base. Je n’ai plus besoin de faire des démonstrations. J’ai démontré que je peux diriger un parti. J’ai dirigé un parti, j’ai dirigé un État (…) De Gaulle n’avait pas décidé d’être Président de la République au départ, mais c’est la défaite en 1940. S’il y a des circonstances qui l’imposent encore, il n’y a pas de problème. Mais, à cet âge-ci, après ce parcours-là, la sagesse c’est de se préparer à partir, mais j’ai décidé que je ne partirai pas brusquement. Je l’ai fait une première fois et cela nous a conduits à la catastrophe (…) Il y en a qui pensent : « Gbagbo a été condamné à 20 ans, même s’il est élu président d’un parti, on va lui interdire d’être Président de la République ». Je sais ça, mais ce n’est pas mon problème. Une condamnation que je récuse, que je ne reconnais pas n’est pas mon problème, à plus forte raison ses conséquences. Et même si demain on me dit : « tu n’es pas candidat compte tenu de cette condamnation, il faut que le parti soit en capacité de continuer sa route. C’est cette capacité que je vous donne avec ce nouveau Statut ».
Gbagbo répond à ceux qui prédisent sa retraite politique
Le président du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI) s’en est pris à ceux qui prédisaient sa retraite politique, dès son retour en Côte d’Ivoire. « C’est outrecuident de penser ça. Quand je commençais la politique, est-ce que je leur ai demandé leur avis? Pourquoi, maintenant que j’ai 76 ans, ils vont m’imposer un calendrier politique dans ma vie ? Je ferai la politique jusqu’à ma mort, mais c’est moi et moi seul qui déciderai sous quelle forme je ferai la politique (…) Des plus vieux font la politique. Il faut arrêter ce débat, je ne veux plus que cela arrive à mes oreilles, parce que ce n’est pas leur problème (…) Les combats qu’il y a à mener, on les mènera ensemble, toujours, mais je ne laisse à personne le soin de décider de quand je dois partir. Mais, il faut que vous sachiez que je suis avec vous toujours jusqu’à ce que mes yeux se ferment », a-t-il assuré.
Un discours qui n’éteint pas la confiance en Laurent Gbagbo
Fédéral au sein de l’ancien parti de Laurent Gbagbo à Grand-Bassam, Achille Soko pense que ce congrès constitutif du Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI) a été riche en émotions, mais les militants repartent plus motivés : « Nous sommes avec le président Laurent Gbagbo qui a été brillamment élu président de notre nouveau parti et nous appelons tous les Ivoiriens, tous les démocrates à nous rejoindre pour mener le combat de l’Afrique. Le président a dit qu’en fonction des circonstances qui vont se présenter, il sera là. Mais, en même temps, par rapport à la passation de charges avec Affi N’guessan qui n’a pas été bien préparée, il prendra son temps, cette fois-ci pour préparer celui qui va assurer la relève. Pour préparer cette relève, il faut être là. Je suis convaincu qu’il sera là, il va nous guider et avant de partir, il nous laissera quelqu’un de valeur. De toute façon, la lutte continue. Pour l’instant, on ne parle pas de 2025. Qu’il soit candidat à l’élection présidentielle ou pas, ce n’est pas la question. Il s’agit de mettre notre nouveau parti sur pied, de le faire fonctionner. Nous ne sommes pas du tout inquiets, nous avons confiance en lui ».
90 300 adhérents déjà au Parti des peuples africains Côte d’Ivoire (PPA-CI)
En sa qualité de président du congrès, Sébastien Dano Djédjé a révélé que 90 300 adhérents potentiels ont été enregistrés avant la tenue du congrès constitutif du PPA-CI, au terme duquel des motions ont été lues, parmi lesquelles on peut citer les motions pour le retour de Charles Blé Goudé en Côte d’Ivoire et de tous les exilés, la libération de tous les prisonniers militaires et civils et les remerciements adressés au RHDP, représenté lors de la cérémonie de clôture par la députée d’Issia, Trazéré Olibé Célestine et au PDCI-RDA, représenté par le vice-président Georges-Philippe Ezaley.
Le nouveau parti créé par Laurent Gbagbo, le PPA-CI et dont l’annonce avait été faite le 9 août dernier aura comme couleurs, le bleu turquoise et le blanc, les doigts des deux mains qui s’entrelacent dans une carte d’Afrique comme emblème et les deux mains entrelacées comme signe de ralliement. La présidente du comité de contrôle de PPA-CI, élue en même temps que le président du parti se nomme Mme Amon Agoh Marthe. Ce comité est composé de 61 membres.
Olivier Dion
