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    Guinée : Proparco inspecte le secteur privé et livre son évaluation

    Guinée : Proparco inspecte le secteur privé et livre son évaluation
    Publié le
    Par
    Yaya Kanté
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Une mission de PROPARCO, filiale de l’Agence Française de Développement (AFD) dédiée au financement du secteur privé, a séjourné du 7 au 11 septembre 2015 à Conakry. L’objectif de la mission est d’améliorer la connaissance du secteur privé guinéen et d’identifier des projets d’investissement à forts potentiels. En fin de séjour, Célestin TANOH et Grégoire FREDET, chargés d’affaires au bureau Afrique de l’ouest, basé à Abidjan, ont échangé avec la presse.

    À Conakry, durant le séjour, la mission s’est entretenue avec des multinationales et PME de secteurs clefs de développement. C’est notamment près d’une vingtaine d’acteurs intervenant dans les domaines d’agriculture et agro-industrie,  Banques et marchés financiers, infrastructures, santé… La stratégie est de mieux appréhender les besoins des entrepreneurs, comme le financement à court et long terme, les questions fiscales ou encore le marché informel.

    « On a identifié trois acteurs sur trois secteurs différents pour lesquels on pourrait éventuellement apporter des financements dans un futur proche : le secteur du tourisme d’affaires, le secteur agro-industriel, et celui de l’’industrie manufacturière », a noté Grégoire FREDET, qui précise que « sur le moyen et long terme, il y a des acteurs qui ont des plans d’investissement pour les années à venir, mais qui sont encore au stade de développement et non de croissance. Habituellement, Proparco  accompagne des entreprises qui sont déjà en croissance avec un certain volume d’activité; cela s’explique par nos tickets minimums d’intervention (5 M EUR en dette et 1 M EUR en prise de participation minoritaire) et par notre effectif (seulement 200 personnes pour couvrir l’ensemble des régions en développement) Tout en respectant le principe de subsidiarité et d’additionnalité par rapport aux banques locales et aux fonds d’investissement actifs dans les régions d’intervention, Proparco propose aux entreprises deux grandes familles d’outils : les prêts à long terme d’un montant supérieur à 5 millions d’euros et les prises de participation minoritaires.

    Jusque-là, les investissements de Proparco en Guinée se limitent à l’hôtellerie et au  secteur financier. Bref, Proparco a participé au financement du Novotel, il y a quelques années, et elle est aussi actionnaire minoritaire de la BICIGUI, -première banque guinéenne-.

    Leçons tirées à Conakry !

    La mission a constaté que le contexte juridique en Guinée est relativement toujours compliqué pour les entrepreneurs. Cependant, « depuis la mise en place de l’agence pour la promotion d’investissements privés –APIP-, les choses se sont améliorées. Dans le Doing Business de cette année, la Guinée a progressé d’une dizaine de places et l’amélioration du cadre juridique des affaires a été mise en avant. Ça va dans le bon sens, mais il reste encore du chemin à faire », a souligné le chargé d’affaires, Grégoire FREDET.

    Pour sa part, Célestin TANOH a identifié deux principales difficultés auxquelles sont confrontés les entrepreneurs guinéens. La première, c’est que les entreprises ont des difficultés à avoir des financements.  « Aujourd’hui, en Guinée, pour une contrepartie, la question de la maturité pose problème, souvent trop courte ; la question du taux d’intérêt est considérablement élevée ; et la question de la disponibilité des devises étrangères pour l’importation est relativement compliquée », a-t-il relevé.

    La seconde contrainte est liée au cadre règlementaire des affaires : « la fiscalité et la concurrence déloyale, la non régulation des marchés sont des choses assez inquiétantes », déplore-t-on. Le seul secteur qui semble bien régulé en Guinée, reste le secteur des hydrocarbures même s’il y a des problèmes au niveau de la compensation lié au change.

    Perspectives d’investissement en Guinée

    Proparco reste optimiste quant aux perspectives d’investissement pour le secteur privé en Guinée. « La majorité des acteurs rencontrés disposent d’un plan d’investissement pour les années à venir et Proparco est disposée à  les accompagner», a expliqué Grégoire FREDET.

    Pour que Proparco s’engage à investir,  il y a un certain nombre de paramètres à respecter. « Nous regardons en général cinq choses pour identifier l’entreprise dans laquelle on pourra éventuellement intervenir en fonds propres ou en dette. La première est que l’entreprise dégage un certain volume d’activité, plus ou moins 5 millions d’euros de chiffres d’affaires », a entamé Grégoire FREDET.

    Ensuite, il faut  que l’entreprise soit économiquement rentable et financièrement viable. C’est-à-dire, qu’elle a fait ses preuves dans son secteur d’activité et démontre qu’elle est capable de continuer à être rentable. «Non seulement l’entreprise a généré un revenu positif depuis un certain nombre d’années, mais aussi au stade où elle est, elle continue de croître et de dégager de la rentabilité ».

    À ce niveau, Proparco regarde les comptes audités pour voir si les résultats sont positifs et si elle est sur une tendance de croissance ainsi que les prévisions financières sur 5 années.

    Le quatrième point, c’est la nécessité pour l’entreprise de jouir d’un management expérimenté dans son secteur. « On a besoin de croire en cette équipe de management », assure-t-il.

    Le cinquième point: Proparco a besoin d’une entreprise qui soit structurée et qui opère dans le secteur formel. Cela se traduit par une société qui est capable de présenter des comptes  audités par exemple et qui a bien défini sa stratégie pour les années à venir. L’entreprise doit être capable de présenter un plan d’investissement pendant les 4 – 5 années à venir.

    Proparco est présent dans une soixantaine de pays en développement à travers le monde. Particulièrement, son intervention est focalisée sur le continent africain où l’institution financière de développement s’appuie sur 6 bureaux régionaux et réalise 50% de leurs nouveaux engagements par an (environ 500 millions d’euros). Le bureau d’Afrique de l’Ouest basé à Abidjan couvre 14 pays  de la CEDEAO (sauf le Nigéria).

    Aliou BM Diallo, à Conakry

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