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Le casse-tête chinois de la lutte contre la Corruption en Afrique : entretien avec Liliane Mouan d’Amnesty International 

Le casse-tête chinois de la lutte contre la Corruption en Afrique : entretien avec Liliane Mouan d’Amnesty International 
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La Rédaction
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Dans cette entrevue Mme Liliane Mouan Conseillère de la lutte contre la Corruption et des Droits humains à Amnesty International partage avec nous certains résultats de la recherche de l’organisation ; sur la Corruption et son impact sur les Droits humains, en Afrique. Mme Mouan précise que, bien que 48 sur les 55 États membres de l’Union Africaine aient ratifié la Convention sur la prévention et la lutte contre la Corruption ; celle-ci persiste avec intensité. La Défenseur Anti-corruption mentionne également que 31 Cas de repression ont été sélectionnés par Amnesty International. Enfin, elle parle des énormes difficultés qui entravent leur mission et des répressions !

Mme Liliane Mouan bonjour. À l’occasion de la Journée africaine de lutte contre la Corruption, le mardi 11 Juillet dernier : vous avez déclaré à RFI que la Corruption persiste et perdure avec intensité en Afrique. Selon vous, pourquoi perdure-t-elle ?

Effectivement, nous avons malheureusement constaté : bien que 48 des 55 États membres de l’Union Africaine, aient ratifié la Convention de la prévention et de Lutte contre la Corruption et se soient dotés de Lois, de mecanismes nationaux, de politique, Stratégies pour lutter contre ce fléau : la Corruption persiste avec intensité. Elle semble prospérer dans un Climat de restrictions des Droits humains et de L’Espace Civique.

On constate que l’une des premières raisons est que ces Insitutions et les mécanismes nationaux qui sont crées sont entravés d’importantes lacunes : Lacunes liées au manque d’application des Cadres juridiques institutionnels mis en place. Lacunes liées également à l’autorité légale limitée de certaines de ces institutions crées.

Des institutions qui ont peut-être la capacité ou le mandat de collecter des données relatives à la Corruption, mais qui n’ont pas forcément le pouvoir d’enquêter sur les allégations de la Corruption. On a aussi des lacunes liées aux institutions judiciaires biaisées et à la culture de l’impunité pour les Responsables des faits de Corruption et des attaques à l’encontre des défenseurs des Droits humains, qui luttent contre la Corruption.

Vous avez également ajouté que Amnesty International s’est intéressé à 31 personnes qui sont actuellement menacées : Que fait Amnesty International pour protéger la Vie de ces personnes ?

Amnesty International dans son rapport. intitulé «La Lute contre Corruption en péril» publié le mardi 11 Juillet 2023, à l’occasion de la journée africaine de lutte contre la Corruption, a présenté 31 Cas de repression à l’encontre des défenseurs anti corruption ; dans certains des 19 pays étudiés. Nous allons donc là, de 2018, qui était l’Année Africaine de la lutte contre la corruption à 2023.

Ces Cas-là ont été sélectionnés au vu du lien étroit entre le travail ou les actions des Défenseurs anti corruption et à la répression à laquelle ils font face, ainsi que l’absence de responsabilisation et de justice dans leur cas.

Je voudrais préciser que, quand on parle de répression à l’encontre des défenseurs anti corruption : là on parle des attaques contre la liberté d’expression, les réunions pacifiques, en utilisant des dispositions sur la diffamation et la diffusion de fausses nouvelles ou en interdisant des manifestations. On parle également d’attaques personnelles : menaces, licenciements, harcèlements économiques, tortures, même assassinats des Défenseurs anti corruption.

Parlant de Corruption, c’est en 2022 que Amnesty International a créé un programme spécifique, visant à analyser l’impact de la Corruption sur les Droits humains. C’est un tout nouveau programme.

Nous avons commencé par un travail de documentation des tendances, de documentation des attaques à l’encontre des défenseurs des droits humains, qui jouent un rôle important dans la prévention et la lutte contre la corruption.

Nous continuons à faire le suivi de certains cas mentionnés dans le rapport et bien d’autres.

Amnesty International est en train de développer une stratégie qui permettrait d’identifier les actions clés que nous pourrions mener, justement dans le Cadre de ce programme en Afrique de l’ouest et Centrale. Nous avons choisi ces deux zones, pour la phase pilote, en espérant que dans les prochaines années, nous pourrions élargir notre champ d’action.

Que doit t-on faire pour mettre fin à la Corruption, vous qui êtes Conseillère de la lutte contre la Corruption et des Droits humains ?

Dans notre rapport, nous avons plusieurs recommandations à la fois à l’endroit des États de l’Afrique de l’ouest et Centrale et des institutions sous-régionales telles que la CEDEAO et CEMAC, ainsi que des institutions continentales africaines ; telle que la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Nous appelons les États de l’Afrique de l’ouest et Centrale à promouvoir et à protéger les défenseurs anti corruption et reconnaître publiquement la légitimité et le rôle essentiel que jouent ces défenseurs de la prévention et de la lutte contre la Corruption. Que ces acteurs et leurs familles aient accès à la justice, à l’information ainsi que les médias et les populations.

Que rencontrez-vous comme difficultés sur le terrain ? Et pour terminer notre échange, il ya t-il espoir que la Corruption recule de quelques pas d’ici 5 ans ?

Ouiiiii, nous pensons qu’il a effectivement espoir. Pour lutter contre la Corruption, il faudrait commencer à protéger et promouvoir le travail et les droits humains : ceux qui sont déjà sur le terrain, de ceux qui sont en train de nous aider à prévenir et à lutter contre la Corruption.

Si nous arrivons à mieux protéger ces acteurs, y compris les lanceurs et lanceuses d’alertes. À investiguer et à punir les responsables des actes de corruption et des attaques contre les défenseurs anti corruption, c’est déjà une grande avancée, une première étape.

J’espère vous revenir très bientôt avec des idées plus concètes, à la suite de nos discussions avec les dirigeants africains au niveau national, sous régional et continental.

Merci pour cette opportunité offerte pour partager certains résultats de notre recherche sur la corruption et son impact sur les droits humains.

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