Club de Ligue 1, Limane Yacouba Sylla (LYS) de Sassandra, beaucoup plus connu sous ses initiales, a terminé la saison 2023-2024 en étant sur les rotules. La formation de la capitale de la région du Gboklè occupe la 11è place au tableau avec 36 points. Elle a enregistré 9 victoires, 9 matches nuls et 12 défaites pour 32 buts inscrits et 32 autres encaissés. Le premier responsable du club, Mamadou Dia que nous avons rencontré à la faveur du match de la dernière journée qui a opposé son équipe à celle de FC San Pedro, s’est ouvert à nous. Il donne les raisons de la saison difficile de son club et fait des promesses.
-Votre club a terminé la saison 2023-2024 à la 11è place au classement tout en assurant son maintien en Ligue 1. On peut le dire, cela n’a pas été facile pour vous.
Oui, nous avons eu des frayeurs parce que la fin du championnat a été très compliquée. Nous pouvions connaître la relégation sans que ce ne le soit sportivement. C’était cela le grand danger. Il y avait des aspects que je ne pouvais pas maîtriser. Grâce à Dieu, nous avons joué crânement nos chances, nous avons gagné les matches qu’il fait pour être là où nous sommes aujourd’hui. Au passage je précise que nous avons manqué de chance sur certains matches. Nous avons proprement dominé les adversaires avec des occasions nettes de but manquées mais au finish nous avons été battus. Il y a eu trois à quatre matches de ce type.
-Quels sont les facteurs ou aspects que vous n’avez pas pu maîtriser ?
Nous avons eu des adversaires directs qui sont montés en puissance avec des victoires faciles mais cela ne relève pas de notre fait.
-Est-ce qu’il vous était venu en tête de penser à la relégation dans vos moments difficiles ?
Non pas du tout. Moi je suis un homme de foi. j’ai la foi en Dieu. N’oubliez pas que par le passé nous avons déjà connu la relégation juste après notre montée en Ligue 1. Donc tout cela m’a permis d’apprendre. Je savais aussi que cette saison allait être difficile mais que j’allais pouvoir résister. Vous savez, quand vos adversaires directs au classement vous dépassent et que votre sort ne dépend plus de vous, c’est cela le vrai danger.
-Quelle leçon tirez-vous de cette situation difficile que vous avez connue ?
Je ne fais que remercier Dieu car tout ce qu’il fait est bon. Il ne fait rien au hasard. San Pedro est la ville de mes activités professionnelles et San Pedro est également la capitale du District du Bas-Sassandra dont dépend Sassandra. Et vous notez que pour le dernier match de la fin de la saison, l’histoire a voulu que ce soit les deux clubs du District qui se croisent à savoir le FC San Pedro et LYS de Sassandra. Le premier était champion et le second déjà maintenu. Il n’y avait plus de véritable enjeu. C’était un match de gala. Aujourd’hui, tout le monde est content, personne n’est donc malheureux.
-Quelle analyse faites-vous de cette saison ?
Il y a un nivellement des valeurs d’où la difficulté de la chose. Vous avez des équipes du bas du tableau qui ont battu celles du haut donc chaque équipe craignait l’autre. Et puis, il faut ajouter que tous les clubs travaillent à tous les niveaux, ils s’organisent de mieux en mieux et font de la formation pour sortir de jeunes talents. Aujourd’hui, il est difficile de parler de petites équipes. Peut être des petites équipes par le budget mais pas au plan sportif donc du jeu. Donc je dirais que tous les clubs essayent de se construire.
-Justement à quel niveau de construction se trouve votre club ?
Dès la création du club, nous nous sommes dit qu’il ne fallait pas qu’il le soit sur du papier donc nous avons fait des acquisitions au plan foncier. Nous avons commencé à construire un petit hôtel pour l’hébergement des joueurs. Mais vous savez, je suis seul et quand au niveau des affaires ça coince, ça ralentit le projet. C’est quand ça marche que je réinvestis dans le projet. Sinon, nous avions en projet la formation des jeunes mais il n’y a même pas de stade de football dans notre ville pour pouvoir y jouer nos matches ce qui nous contraint à évoluer hors de notre base. Tout cela fait que ça coince mais la construction avance tout doucement. Depuis notre relégation, nous jouons avec des jeunes de certains centres de formation à travers des accords gagnant-gagnant. Notre attaque est composée de jeunes de 17 à 18 ans que nous mettons en lumière. Pour le moment tout se passe bien puisque nous réussissons à en transférer certains. Nous ne faisons pas de tapage médiatique sur nos projets mais nous avançons lentement mais sûrement. Moi, je suis réaliste dans tout ce que je fais dans la vie. Je ne me compare pas aux autres ou encore je n’ai pas un sentiment de supériorité sur l’autre.
-Qu’est-ce qui vous a positivement marqué cette saison ?
J’ai un grand respect pour le président de FC San Pedro. Ce monsieur m’a permis de m’entraîner pendant plusieurs mois sur les installations de son club sans rien réclamer en retour. C’est cela la vraie solidarité à la Houphouët-Boigny. C’est ce que nous devons voir et faire dans le football ivoirien et vous verrez que tout le monde va être gagnant. Que celui qui est plus fort aide le moins fort. C’est une aide saine et constructive qui met en valeur de jeunes Ivoiriens qui vont porter le drapeau ivoirien très haut.
-Désormais devrons-nous nous attendre à voir votre équipe jouer ses matches à San Pedro ?
La Ligue Professionnelle de Football a demandé que les équipes se rapprochent de leurs bases ce qui est une idée noble mais il y a un problème. Nous sommes basés à Abidjan et nous sommes obligés de venir livrer nos matches à San Pedro parce que nous n’avons pas de terrain d’entraînement chez nous à Sassandra et chaque semaine ce sont des voyages coûteux. Nous devons dépenser plus d’un million de nos francs pour faire face à nos charges ce qui va donner plus de 17 millions la saison. C’est énorme pour un petit club comme le mien. Nous allons poser ce problème sur la table, discuter et trouver une solution. Sinon, nous souhaiterions dépenser cet argent dans notre projet de construction du club ce qui va nous faire avancer et nous permettre de retourner sur notre base à Sassandra afin de jouer à San Pedro.
-Aujourd’hui les clubs ivoiriens ont du mal à jouer les premiers rôles dans les compétitions africaines de clubs. Selon vous qu’est-ce qui manque aux clubs ivoiriens pour pouvoir atteindre le sommet ?
Je pense simplement que c’est parce que nous n’arrivons pas à conserver nos bons joueurs ou que nous n’arrivons pas à recruter de bons joueurs. Par le passé, nos clubs allaient recruter des joueurs dans les autres pays. Aujourd’hui, c’est le mouvement contraire, naturellement cela fait que nous n’avons pas de bons joueurs dans les effectifs qui puissent tirer les clubs vers les sommets. Les jeunes sont automatiquement transférés en Europe. Néanmoins, je félicite l’équipe de l’ASEC Mimosas pour ce qu’elle a fait cette saison. Elle a été éliminée par l’Espérance Sportive de Tunis et celle-ci a été battue par Al Ahly du Caire, un club qui paye plus et qui réussit à conserver ses meilleurs joueurs et qui au besoin, va recruter les meilleurs joueurs ailleurs.
-À quoi devrions-nous nous attendre avec LYS de Sassandra la saison prochaine ?
Nous avons la chance d’avoir un très bon entraîneur. Si nous arrivons à lui trouver de bons joueurs pour renforcer l’équipe, je pense que nous allons faire une bonne saison à commencer par une très bonne préparation. Parce que la saison dernière, l’équipe a eu une préparation tronquée et cela a agi sur les résultats ce qui a conduit à deux changements d’entraîneurs contre notre gré. Tout cela a pesé contre nous surtout que nous avons des joueurs très jeunes, nous avons connu une saison difficile.
Entretien réalisé par Adou Mel